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Politique - Contestations

Liberté d’expression, actes de vandalisme : des militants interpellés puis relâchés

Dernière affaire en date, celle de la journaliste et militante Nidal Ayoub, entendue hier par le Bureau de lutte contre la cybercriminalité.

Un appel relayé sur les réseaux sociaux hier pour un sit-in de soutien à Nidal Ayoub.

Le bal des interpellations a repris de plus belle en ce début d’année, après une brève accalmie durant les fêtes. Plusieurs personnes ont ainsi été interrogées ces derniers jours par les services de sécurité, en marge du mouvement de contestation populaire né le 17 octobre dernier. Dernière affaire en date, celle de la journaliste et militante Nidal Ayoub qui a été entendue hier par le Bureau de lutte contre la cybercriminalité relevant des Forces de sécurité intérieure. Quelques jours plus tôt, c’était le réalisateur Rabih el-Amine qui était convoqué, après une plainte déposée contre lui par l’ancien ministre Marwan Kheireddine. Nidal Ayoub a comparu hier matin, après qu’une plainte eut été déposée à son encontre par le journaliste prosyrien Hussein Mourtada. Ce dernier l’accuse d’avoir porté atteinte au président de la République dans un slogan lancé lors d’une manifestation, à la souveraineté de l’État, à cause de ses prises de position en faveur des réfugiés syriens, et aux religions, après la publication d’une photo prise durant une des manifestations. La photo montre un SDF endormi à côté d’un mur sur lequel on peut lire : « Dieu est Grand, mais la révolution est encore plus grande. » « Hussein Mortada m’a même accusée de travailler pour Israël et la CIA. Alors j’ai porté plainte contre lui pour diffamation et instigation à la malfaisance à mon égard », confie à L’Orient-Le Jour la jeune femme qui déplore le fait que le journaliste « n’ait toujours pas été entendu par les services de sécurité ». « M. Mortada a porté plainte contre moi dans le but de me nuire. Mais il n’a techniquement pas le droit de le faire car je n’ai pas porté atteinte à sa personne. Il aurait pu tout au plus présenter une note d’information », explique Mme Ayoub. « La question est de savoir pourquoi Hussein Mourtada n’a toujours pas été convoqué. À cause de ses fausses accusations, il a mis ma vie en danger. J’ai commencé à recevoir des menaces et des insultes, l’adresse de mon lieu de résidence a même été publiée sur les réseaux sociaux », ajoute-t-elle.


Rabih el-Amine interrogé à deux reprises

Le réalisateur Rabih el-Amine, lui-même interrogé à deux reprises dernièrement par le Bureau de lutte contre la cybercriminalité, était présent hier devant ledit bureau, en compagnie de dizaines de manifestants, afin de soutenir Nidal Ayoub.Le cinéaste avait été interrogé le 30 décembre après avoir posté sur sa page Facebook des photos de l’ancien ministre et directeur général de la banque al-Mawared, Marwan Kheireddine, posant près d’animaux sauvages tués lors d’un safari. Le réalisateur entendait dénoncer les restrictions imposées par les banques sur les retraits depuis deux mois. Il a été à nouveau interrogé par le même bureau, le 3 janvier, après la diffusion d’une interview sur la chaîne al-Jadeed dans laquelle il explique que les services de sécurité lui ont donné 24 heures pour effacer des mots insultants lancés envers M. Kheireddine dans ses publications sur les réseaux sociaux. Dans la vidéo, M. el-Amine répète ces mots plusieurs fois tout en indiquant que les internautes ont encore quelques heures pour pouvoir partager ses publications.

« J’ai publié ces photos de M. Kheireddine et j’ai critiqué la politique monétaire des banques en général. J’ai ensuite critiqué la banque al-Mawared en particulier, après que M. Kheireddine eut donné, lors d’une interview télévisée (début décembre sur la MTV), des leçons aux gens en leur demandant de dépenser moins et de changer de mode de vie, explique le réalisateur à L’OLJ. Les mots insultants que j’ai répétés à la télévision entraient dans le cadre d’une critique politique. » M. el-Amine affirme avoir effacé ses publications après avoir fait connaître son point de vue. Il dit également avoir demandé à signer, lors de son interrogatoire, un papier stipulant qu’il a le droit de critiquer Marwan Kheireddine au niveau politique.


Georges Azzi relâché

Par ailleurs, le militant Georges Azzi, qui avait été arrêté en marge de l’incendie d’un distributeur de billets de la banque Crédit libanais à Zouk dans la nuit de samedi à dimanche, a été relâché avant-hier. Dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, M. Azzi affirme à sa sortie de la caserne de Sarba avoir été remis en liberté après que les services de sécurité lui eurent demandé si son père était un général de l’armée.

Lundi, une source sécuritaire s’exprimant sous couvert d’anonymat avait indiqué à la chaîne LBCI que M. Azzi avait avoué avoir incendié le distributeur. Quelques heures avant sa remise en liberté, des manifestants avaient fermé l’autoroute maritime au niveau de Zouk Mosbeh dans les deux sens de la circulation, afin de protester contre son arrestation.

À Halba, dans le nord du pays, des militants continuaient hier soir de bloquer la route principale de la localité avec du sable et des pneus, pour protester contre l’arrestation d’un des leurs, vendredi dernier. L’homme en question est impliqué dans les échauffourées qui avaient éclaté au sein d’une branche de la BLOM Bank à Halba, entre des manifestants et les forces de l’ordre.


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commentaires (1)

Si l'on comprend bien, NIdal Ayoub porte plainte pour diffamation contre Hussein Mortada qui l'a accusée de collaborer avec Israël. Résultat, c'est elle qui est convoquée par la police et le diffamateur n'est pas inquiété!

Yves Prevost

08 h 07, le 08 janvier 2020

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Commentaires (1)

  • Si l'on comprend bien, NIdal Ayoub porte plainte pour diffamation contre Hussein Mortada qui l'a accusée de collaborer avec Israël. Résultat, c'est elle qui est convoquée par la police et le diffamateur n'est pas inquiété!

    Yves Prevost

    08 h 07, le 08 janvier 2020

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