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À La Une - conflit

Combats d'une violence inédite entre soldats turcs et syriens

Erdogan appelle Moscou à "assumer ses obligations" à Idleb.

Un tank militaire turc passe par Dana, à Idleb, le 2 février 2020. AFP / AAREF WATAD

Des combats d'une violence inédite ont opposé lundi soldats turcs et syriens dans le nord-ouest de la Syrie, faisant plus de 20 morts, l'une des plus graves confrontations entre les deux camps dans le pays en guerre. Cette escalade a fait monter la tension entre la Turquie, qui soutient des groupes rebelles en Syrie, et la Russie, principal soutien du régime syrien de Bachar el-Assad dans sa guerre contre les insurgés et les jihadistes. Les hostilités qui ont duré plusieurs heures sont les plus graves depuis l'intervention de la Turquie dans le conflit syrien en 2016 pour combattre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) et éloigner les forces kurdes syriennes de sa frontière.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les affrontements ont éclaté avant l'aube après l'arrivée d'un convoi turc de 240 camions et blindés près de la localité de Saraqeb dans la province d'Idleb, que le régime syrien veut reprendre. Ils ont été déclenchés par des tirs du régime sur des positions turques, a précisé l'OSDH, ajoutant que les soldats turcs ont riposté en tirant à l'artillerie sur des positions syriennes dans les provinces d'Idleb et dans celles voisines de Hama et Lattaquié. L'armée turque a indiqué avoir "détruit plusieurs cibles". Selon Ankara, cinq militaires et trois membres du personnel civil turcs ont été tués, et neuf soldats blessés.

"Nous avons dit +Ce n'est plus possible+, et nous avons apporté la riposte appropriée", a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan, en commentant les représailles turques. "Que ce soit par des bombardements aériens ou d'artillerie, nous leur faisons payer le prix".



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"Assumer ses obligations"
Côté syrien, au moins 13 soldats ont été tués et vingt blessés, selon l'OSDH. Mais l'agence officielle syrienne Sana a démenti tout décès dans les rangs de l'armée.

Selon Ankara, les militaires turcs visés ont été envoyés à Idleb pour renforcer les quelque 12 postes d'observation turcs dans la région.

La Russie a affirmé ne pas avoir été prévenue de ces renforts. Mais Ankara a assuré avoir averti les Russes "un jour avant". Ces deux pays jouent un rôle incontournable dans le conflit.

Les confrontations directes meurtrières entre la Turquie et les prorégime ont été très rares depuis le début de la guerre en mars 2011.

M. Erdogan a de nouveau appelé Moscou à "assumer ses obligations" à Idleb, alors que les deux pays avaient parrainé une trêve censée entrer en vigueur mi-janvier dans la province d'Idleb, dernier grand bastion dominé par les jihadistes et accueillant des rebelles en Syrie. Mais cette trêve est restée lettre morte et le régime Assad, épaulé par l'allié russe, a poursuivi son offensive dans la province ainsi que dans des secteurs adjacents des provinces de Hama, Lattaquié et d'Alep.

Grâce à son aviation et aux bombardements quasi-quotidiens, le régime Assad a gagné du terrain dans ces zones dominées par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, ex-branche d'el-Qaëda.



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Enfants tués
Lundi encore, 14 civils dont six enfants ont été tués et 20 blessés dans de nouveaux raids russes visant l'ouest de la province d'Alep, selon l'OSDH. "Les avions ont visé une voiture qui transportait des déplacés", a dit à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. Un correspondant de l'AFP dans la localité d'Urum al-Kubra a pu voir les corps de neuf de ces victimes, dont des enfants au visage ensanglanté, enveloppés dans des couvertures. Face à l'offensive, l'Organisation mondiale de la Santé a rapporté la fermeture en janvier d'au moins 53 établissements médicaux dans la région.

Dans la province d'Idleb, les forces du régime ont à présent pour cible la ville de Saraqeb, située sur une autoroute clé reliant la métropole d'Alep à la province de Lattaquié. Ces forces ont pris un tronçon de l'autoroute ainsi que le village d'Al-Nerab, selon l'Observatoire. Elles se trouvent à 8 km de la ville d'Idleb, chef-lieu éponyme de la province.

Le front d'Idleb représente la dernière grande bataille stratégique pour le régime Assad, qui contrôle désormais plus de 70% du territoire après avoir multiplié les victoires face aux jihadistes et rebelles. Les forces syriennes sont déployées dans le nord-est du pays, tenu par les Kurdes, mais cette minorité continue d'y jouir d'une grande autonomie. Certaines zones échappent dans le nord et sont tenues par les forces turques et leurs supplétifs syriens.

Déclenché par la répression de manifestations prodémocratie, le conflit en Syrie a fait plus de 380.000 morts et poussé à la fuite des millions de personnes.



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Des combats d'une violence inédite ont opposé lundi soldats turcs et syriens dans le nord-ouest de la Syrie, faisant plus de 20 morts, l'une des plus graves confrontations entre les deux camps dans le pays en guerre. Cette escalade a fait monter la tension entre la Turquie, qui soutient des groupes rebelles en Syrie, et la Russie, principal soutien du régime syrien de Bachar...

commentaires (4)

MERDOGAN !

Chucri Abboud

23 h 10, le 03 février 2020

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Commentaires (4)

  • MERDOGAN !

    Chucri Abboud

    23 h 10, le 03 février 2020

  • Pourquoi vous écrivez du "régime syrien"? le régime ne tire pas, C'est l'armée régulière syrienne qui tire ou tout simplement des soldats syriens. Ecrire de cette façon partisane ne rajoute pas à la crédibilité du texte. Dans la même logique, il est nécessaire de préciser que la Turquie, contrairement à la Russie, n'a pas été invitée par la Syrie à occuper des territoires syriens, donc il s'agit d'une armée d'occupation! Ok, j'ai vu dans la presse européenne que tout le monde a repris mot à mot ce terme de "régime syrien" dans les titres sur ce sujet mais ce n'est pas une bonne excuse pour que l'OLJ fasse de même.

    Shou fi

    15 h 28, le 03 février 2020

  • QU,EST-CE QU,IL A A FOUTRE LE TURC EN SYRIE ? IL EST UN ENVAHISSEUR ET LES SYRIENS ONT DROIT A LE CIBLER POUR LE CHASSER DES TERRES SYRIENNES.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 48, le 03 février 2020

  • AMIS, ENNEMIS , TOUT LE MONDE S'ENTRETUE :POURQUOI? RUSSES TURKS SYRIENS IRANIENS HEZBALLAH AMERICAINS FRANCAIS ISIS ET J'EN PASSE POUR DETRUIRE UN PAYS QUI N'EN PEU PLUS ET PENDANT CE TEMPS AUCUNE SOLUTION DE PAIX EN VUE EVIDEMENT, LES INTERETS DES PARTIS ETANT DIAMATRELEMENT OPPOSES ET LES MORTS NE SE COMPTENT PLUS

    LA VERITE

    14 h 18, le 03 février 2020

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