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Politique - Décryptage

Après l’annonce de Trump, la Palestine revient en tête des priorités, selon le Hezbollah

C’est avec un mélange de soulagement et de colère que le Hezbollah a accueilli l’annonce du plan américain pour la paix entre les Israéliens et les Palestiniens. C’est vrai que dans le discours qui a suivi l’assassinat du général iranien Kassem Soleimani et du responsable irakien Abou Mehdi al-Mouhandes, le 5 janvier, le secrétaire général du parti chiite Hassan Nasrallah avait déclaré que l’idée du « deal du siècle » a été abandonnée puisque personne n’en parle plus, mais il l’avait fait dans le cadre de son énumération des revers successifs essuyés par la politique américaine dans la région.

Aujourd’hui, le Hezbollah s’est contenté d’un simple communiqué pour dénoncer le plan américain, préférant laisser au Liban officiel la responsabilité de la réponse, sachant qu’aucune partie ne peut ouvertement déclarer son appui à l’implantation des Palestiniens présents sur le sol libanais, même en contrepartie d’aides financières dont le pays a énormément besoin à l’heure actuelle. Mais dans les réunions internes des cadres du parti, certains ne cachent pas une sorte de soulagement face à cette annonce. En effet, pour certains cadres du parti, l’annonce par le président américain Donald Trump de ce qui a été appelé « le deal du siècle » vient renforcer la position du Hezbollah face aux véritables intentions américaines de liquider la cause palestinienne. Aujourd’hui, après la publication des détails du plan de paix américain, qui sont profondément injustes à l’égard des Palestiniens, toutes tendances confondues, alors qu’ils sont totalement en faveur des Israéliens, et en particulier de la droite israélienne, plus personne dans le monde arabe ne peut dire que les Américains sont un médiateur honnête et équitable. Ce qu’avait déclaré le secrétaire général du Hezbollah à plusieurs reprises sur le fait qu’aucun Palestinien n’acceptera de signer une telle proposition s’est d’ailleurs vérifié et le fameux « deal » reste incomplet tant que la troisième partie qui y est impliquée, à savoir les Palestiniens, n’a pas donné son aval. Toutefois, pour les cadres du Hezbollah qui défendent cette opinion, le plan a donné un délai de quatre ans aux Palestiniens afin qu’ils l’acceptent. Ce qui signifie que les Américains misent pratiquement sur la relève de l’actuel président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas pour appliquer ce plan, avec l’aide des pays arabes, notamment ceux du Golfe. Mais, pour le Hezbollah, ce délai joue dans les deux sens. Il pourrait ainsi profiter à la tendance palestinienne qui serait en faveur d’un compromis, quel qu’il soit, mais il peut aussi tourner à l’avantage de ceux qui refusent d’aussi importantes concessions.


(Lire aussi : Un déficit après l’autre, l'édito de Issa GORAIEB)


Pour eux, « le camp de la résistance » est donc devant une opportunité de convaincre le maximum de Palestiniens et d’Arabes en général de la justesse de ses options face au refus israélien de faire des concessions, profitant de l’appui inconditionnel de l’administration Trump.

Dans ce contexte, le Hezbollah n’est pas sans savoir que la situation du monde arabe en général et des pays directement concernés par ce plan de paix en particulier, notamment la Jordanie et l’Égypte, est particulièrement dramatique sur le plan économique. Par conséquent, ils ne sont pas réellement en mesure de s’opposer ouvertement à la volonté américaine. Une fois de plus, la responsabilité du refus reposera donc sur les épaules des Palestiniens et, plus précisément, des organisations proches de l’Iran. Il faut d’ailleurs préciser que depuis l’annonce du plan, les protestations populaires se sont limitées aux Palestiniens et aux Yéménites. Mais ni les Irakiens, ni les Syriens, ni même les Libanais ne sont descendus dans la rue pour déclarer leur refus. Interrogées sur ce point, des sources proches du Hezbollah ne voient pas dans cet élément un début d’acceptation de la part de ces populations du plan de paix américain. Selon ces sources, c’est une carte qui pourrait être utilisée le moment venu, mais pour l’instant, il faut laisser la parole aux Palestiniens eux-mêmes.

Toutefois, les sources précitées estiment que l’annonce de ce plan est une suite logique à la succession d’événements qui ont eu lieu ces derniers quelques mois. Indépendamment de la justesse des revendications sociales et du refus de la corruption en Irak et au Liban, les mouvements de protestation dans ces deux pays visaient indirectement à affaiblir l’axe de la résistance, en semant le chaos et en présentant les factions de la résistance comme étant hostiles aux demandes populaires. Les sources proches du Hezbollah n’accusent certes pas les protestataires d’être impliqués dans un plan d’affaiblissement de la résistance, mais seulement certaines parties, internes et externes, qui se sont greffées sur le mouvement. Le plan a failli atteindre ses objectifs en Irak, n’était le sursaut du leader sadriste, après l’assassinat de Soleimani et Mouhandes. De toute façon, ce n’est pas non plus un hasard si l’annonce du plan a eu lieu après l’assassinat de ces deux figures en particulier, le général Soleimani étant considéré comme le pivot de l’axe de la résistance et le fédérateur des différentes factions arabes qui évoluent dans l’orbite de l’Iran.

Au Liban, toujours selon les sources précitées, le Hezbollah a réussi à rester à l’écart, en dépit des multiples tentatives pour l’entraîner dans des confrontations confessionnelles ou sociales avec le mouvement de protestation. Il considère avoir réussi à éviter le piège du « gouvernement à coloration unique » (composé uniquement du parti chiite et de ses alliés politiques), en facilitant autant que possible la naissance du cabinet de Hassane Diab, formé d’experts plus ou moins indépendants. Il fera d’ailleurs tout son possible pour qu’une chance réelle soit donnée à ce gouvernement. Mais le plus important pour lui, c’est que l’annonce du plan américain a remis la Palestine en tête des priorités... Ce qui reste, pour le parti chiite, un énorme acquis.


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commentaires (7)

Quelle aubaine! Si Israël et les Etats-Unis n'existaient pas, l'Iran et ses affidés l'inventeraient... et vice-versa... Cela rappelle les dictatures communistes d'Europe de l'Est qui justifiaient leurs difficultés économiques par l'ennemi capitaliste. Ici c'est le Grand Satan qui revient dans le jeu et joue à merveille sa partition.

AntoineK

13 h 17, le 01 février 2020

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Commentaires (7)

  • Quelle aubaine! Si Israël et les Etats-Unis n'existaient pas, l'Iran et ses affidés l'inventeraient... et vice-versa... Cela rappelle les dictatures communistes d'Europe de l'Est qui justifiaient leurs difficultés économiques par l'ennemi capitaliste. Ici c'est le Grand Satan qui revient dans le jeu et joue à merveille sa partition.

    AntoineK

    13 h 17, le 01 février 2020

  • Excellent article qui éclaire sur tous les détails cachés des réactions contre ce plan du siècle si funeste qu'il met en danger l'existence même du Liban , qui croule sous le poids des réfugiés palestiniens et syriens , . Le Liban et la Jordanie sont pressentis maintenant pour devenir la nouvelle patrie des palestiniens , qui ne tarderont pas à réclamer leurs droits et même à vouloir nous gouverner ... Les chiites n'accepteront pas ce nouvel ordre sunnite et la guerre civile recommence ! Merci Monsieur Trump pour nous avoir donné maintenant ce beau cadeau empoisonné

    Chucri Abboud

    13 h 00, le 01 février 2020

  • Palestine...Palestine... qu'a fait de positif le Hezbollah pour cette cause ? Nous constatons que les territoires occupés par Israël s'étendent continuellement...et que ce pays nargue le monde entier. Bon, tout cela peut entretenir, quelle aubaine...!!!...le prétexte de "l'axe de résistance" du Hezbollah, paravent pratique pour masquer toutes ses autres actions un peu partout dans le Proche Orient et avant tout au Liban, sauf...en Palestine...toujours occupée !!! Irène Saïd

    Irene Said

    12 h 12, le 01 février 2020

  • Franchement Madame est ce que vous pensez que l'avis du Hezb compte pour quelqu'un...vous savez que son influence ne depasse pas la frontiere de Chiah...alors arretez de nous gaver avec les avis inutiles du hez et de l'axe du moukawameh...

    Houri Ziad

    10 h 36, le 01 février 2020

  • Et pour vous Mme Haddad c’est quoi la priorité au Liban? On aimerait bien avoir’ pour une fois’ votre avis et pas celle du Hezb que tout le monde connaît hélas....

    Zeineh Nada

    10 h 14, le 01 février 2020

  • Ça veut dire quoi: "Indépendamment de la justesse des revendications sociales et du refus de la corruption en Irak et au Liban, les mouvements de protestation dans ces deux pays visaient indirectement à affaiblir l’axe de la résistance"? Je comprend que le Hezb puisse utiliser toutes les techniques possibles pour accuser les autres de traitres, mais en ce qui vous concerne, de quel droit vous reprenez ldans votre article es accusations du Hezb comme une certitude pour soutenir votre argumentation? Vous êtes entrain de contribuer à un dérapage potentiel futur dans les rues. Pour revenir au cœur de votre article, ce plan de paix est une aubaine pour le Hezbollah qui pense pouvoir détourner l'attention des Libanais du Liban vers la Palestine.

    Zovighian Michel

    08 h 21, le 01 février 2020

  • ELLE VEUT NOUS SERVIR LA RIGOLADE COMME SI LE HEZBOLLAH DECIDAIT A L,ECHELLE MONDIALE DU SORT DE LA PALESTINE. DU PIPEAU HABITUEL !

    ECLAIR

    00 h 59, le 01 février 2020

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