C’est un tweet particulièrement assassin que le leader du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, a posté hier, décochant, une fois de plus, ses flèches en direction du mandat Aoun. « Il n’y a aucun espoir dans un mandat qui fait ériger des murs pour se venger de Taëf et du 14 Mars, et pour attiser la rancune contre le tribunal (spécial pour le Liban) », a écrit M. Joumblatt.
C’est via la même plate-forme que Salim Jreissati, ancien ministre d’État pour les Affaires présidentielles, a répondu au leader de Moukhtara, lui lançant : « Le mandat n’échoue pas parce qu’il se venge ou vice versa. Il mène un combat déséquilibré contre la corruption de la classe dirigeante. Ceux qui sont lésés par la victoire dans cette bataille sont connus, de même que ceux qui tireraient profit d’un (éventuel) échec, à Dieu ne plaise. »
À travers sa prise de position, le leader druze tente clairement de confirmer sa volonté de se ranger dans l’opposition au pouvoir en place, ainsi qu’à la ligne politique actuelle. Depuis un moment, Walid Joumblatt multiplie les signes dans cette direction. La nomination par le PSP, en décembre dernier, de Nawaf Salam, ancien ambassadeur du Liban à l’ONU et juge à la Cour internationale de justice, et non du chef du courant du Futur, Saad Hariri, pour former le gouvernement, en est un exemple.
« Nous sommes carrément dans l’opposition », assure à L’Orient-Le Jour Marwan Hamadé, député joumblattiste du Chouf, expliquant que son parti a « diagnostiqué un retour de l’hégémonie syrienne au Liban, avec un bonus iranien ». « Nous agirons en conséquence à travers une opposition active et audacieuse », ajoute-t-il.
À la question de savoir qui se rangera aux côtés du PSP dans le même camp, l’ancien ministre de l’Éducation confie qu’il inclut Saad Hariri, mais surtout « tous les Libanais qui, du 14 mars 2005 au 17 octobre 2019, étaient leurrés par un pouvoir populiste et opportuniste, soutenu par les armes du Hezbollah ».
(Pour mémoire : Hamadé revendique « le changement du système corrompu »)
C’est surtout par son timing que ce positionnement du PSP ainsi que le tout dernier tweet de Walid Joumblatt sont à analyser. Ils interviennent quelques jours après la séance parlementaire de la Chambre, lundi dernier, lors de laquelle a été adopté le budget 2020 élaboré par le cabinet de Saad Hariri, que le mouvement de contestation avait fait tomber en octobre dernier.
En dépit de leur opposition au cabinet de Hassane Diab, cinq des neuf députés joumblattistes se sont rendus à l’hémicycle, où ils se sont abstenus de voter. Détaillant les motifs de cette décision, Marwan Hamadé explique que le « PSP a jugé qu’assurer le quorum à une séance consacrée au vote d’un budget nécessaire pour la limitation des dépenses, bien qu’inexact dans l’évaluation des recettes, était un geste indispensable pour freiner l’effondrement du pays ».
S’agit-il d’un signe politique de la part de Moukhtara en direction de son allié traditionnel, le président de la Chambre Nabih Berry, et de Saad Hariri ? Selon M. Hamadé, « c’est une décision basée sur une évaluation de la situation actuelle ». « Ce n’est pas dans la joie que nous avons dépêché cinq députés au Parlement, lundi dernier », assure-t-il.
« Nous nous approchons des grandes décisions »
En ce qui concerne la suite, le député du Chouf indique que « des positions claires seront annoncées » lors de la cérémonie prévue pour commémorer l’assassinat de Rafic Hariri, le 14 février prochain. « Nous nous approchons de grandes décisions, c’est-à-dire de prises de position claires en réaction à ce complot contre la Constitution et l’indépendance du pays, que nous voyons dans le comportement du camp présidentiel et dans le soutien que lui apporte le 8 Mars », explique M. Hamadé, qui estime que « le pire est encore à craindre ».
Pour mémoire
Joumblatt et les FL vers l’opposition
commentaires (4)
S,ILS POUVAIENT NOS INCOMPETENTS ABRUTIS SE COMPORTER DEMOCRATIQUEMENT EN ACTES ET NON SEULEMENT EN PAROLES. AVEC LES MEMES CLIQUES AU POUVOIR ET TOUT AUTOUR LES MEMES MAUVAISES HABITUDES.
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 08, le 31 janvier 2020