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À La Une - Taux de change

Les voyagistes libanais reprochent aux compagnies aériennes de profiter de la crise du dollar

Les voyagistes doivent régler en dollars la part des montants générés par les ventes de tickets revenant à la compagnie aérienne concernée.

Un avion de la Middle East Airlines, à l'aéroport de Beyrouth. Photo P.H.B.

Plusieurs gérants et employés d’agences de voyage se sont rassemblés mardi devant le centre Gefinor à Beyrouth, où sont basés les bureaux de la compagnie aérienne nationale, Middle East Airlines, ainsi que ceux d’Emirates, de Royal Air Maroc ou encore d’Ethiopan Airlines.

Ils reprochent à ces dernières de leur livrer une concurrence déloyale en tirant parti des restrictions bancaires sur les transferts à l’étranger et les retraits de dollars en espèces qui se sont progressivement durcies depuis la fin de l’été, ainsi que de la hausse du taux livre/dollar chez les changeurs que ces restrictions ont provoquée. Ces mesures informelles de contrôle de capitaux ont été adoptées en réaction à l’accélération de la dégradation de la situation économique et financière du pays en 2019. Bien qu’illégales tant qu’elles n’ont pas été entérinées par le Parlement, ces restrictions ont été officialisée et uniformisées par l’Association des banques du Liban à la mi-novembre, rendant extrêmement difficile pour toute acteur – particulier ou société – d’effecteur des règlements en devises à l’étranger.

Or, pour vendre des billets d’avion, les agence de voyages doivent généralement obtenir un agrément auprès de l'Association Internationale du Transport Aérien (IATA) – des alternatives existent mais sont réservées à certains cas particulier. Une fois agréés, ces voyagistes doivent régler en dollars la part des montants générés par les ventes de tickets revenant à la compagnie aérienne concernée. Si les clients veulent payer leurs billets en livres, les voyagistes sont contraints d’effectuer la conversion en tenant compte du prix chez les changeurs, qui a dépassé la barre des 2 000 livres depuis plusieurs semaines – tandis que le taux officiel est toujours de 1 515/1 520 livres pour les transactions bancaires.



« Les banques ne transfèrent plus d’argent à partir des comptes en dollars et obligent les entreprises comme les particuliers à se fournir chez les changeurs pour provisionner leur transactions. Les voyagistes ont donc été obligés de majorer les prix en livres de leurs billets pour ne pas avoir à supporter le coût du change. Le problème, c’est que les compagnies aériennes, dont la MEA, continuent pour leur part de calculer leurs prix en livres en tenant compte du taux officiel, ce qui leur permet de pratiquer des prix 30 à 40 % moins élevés que ceux des voyagistes », expose l’un d’entre eux. Une situation qui a contribué à enfoncer un peu plus les agences de voyage dans la crise, plusieurs d’entre elles faisant état d’une baisse du nombre de billets vendus sur les trois derniers mois allant de 65 à 80 % en fonction des établissements.

Une explication confirmée par un autre voyagiste qui s’interroge également sur le traitement de faveur dont bénéficie la MEA. « Les compagnies aériennes étrangères peuvent trouver d’autres moyens de contourner le problème. Mais la MEA ne se permettrait pas de respecter le taux officiel si elle était obligée d’acheter ses dollars à 2000 livres. Une des seules explications possibles, c’est que la MEA ne subit pas les mêmes restrictions que les voyagistes au niveau des transferts à l’étranger, ce qui n’est pas normal », s’indigne-t-il, avant de s’interroger sur le fait que les acteurs de la filière soient contraints de régler l’IATA en dollars. « C’est une mesure qui date, mais dans beaucoup de pays, les règlements à l’association (via BSL, Billing Settlement Plan) se font dans la monnaie nationale », poursuit-il.

Contacté, le service de presse de la MEA a indiqué que la compagnie nationale ne « pouvait décider seule » de modifier le taux de change officiel, sans plus de détails. La BDL est propriétaire de la MEA depuis 1996, dont elle possède environ 99 % des parts à travers la banque Intra (Intra Investment Company), le reste étant notamment réparti entre ses cadres et ses employés.

L’Association des agences de voyage et de tourisme au Liban (ATTAL) n’a pas encore réagi à cette situation. « L’ATTAL a en principe prévue de se réunir aujourd’hui pour décider de la marche à suivre. Mais une partie des voyagistes du pays, qui est à l’origine du rassemblement au Gefinor, a décidé de lever le ton », indique un des voyagistes interrogés.


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Plusieurs gérants et employés d’agences de voyage se sont rassemblés mardi devant le centre Gefinor à Beyrouth, où sont basés les bureaux de la compagnie aérienne nationale, Middle East Airlines, ainsi que ceux d’Emirates, de Royal Air Maroc ou encore d’Ethiopan Airlines.Ils reprochent à ces dernières de leur livrer une concurrence déloyale en tirant parti des restrictions...

commentaires (1)

Soyons HEUREUX .Seule la MEA calcule encore son prix en livres en tenant compte du taux officiel 1500 L.L Le dollar aussi bien que les produits de la zone franche à bord et aux agences de voyage de trouver une autre solution .

Antoine Sabbagha

16 h 43, le 28 janvier 2020

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Commentaires (1)

  • Soyons HEUREUX .Seule la MEA calcule encore son prix en livres en tenant compte du taux officiel 1500 L.L Le dollar aussi bien que les produits de la zone franche à bord et aux agences de voyage de trouver une autre solution .

    Antoine Sabbagha

    16 h 43, le 28 janvier 2020

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