Fondé en 1936, le Carmel Saint-Joseph de Mechref est demeuré ouvert à Beyrouth pendant toute la durée de la guerre. En 1995, il a décidé de s’implanter à Mechref dans le Chouf, pour se trouver au point de confluence des communautés et en accueillir les enfants, dans une région marquée par les combats, les massacres et l’exode.
Le Carmel Saint-Joseph accueille cette année 705 élèves du primaire à la terminale : en gros, 20 % sont des chrétiens, 25 % des musulmans chiites, 36 % des musulmans sunnites, 18 % des druzes. La loi 46 a augmenté la charge salariale de près de 40 % en 2018. Les tarifs scolaires ont dû augmenter de 18 %. La différence, inscrite au déficit de l’école, se monte à 800 000 € environ. La crise des liquidités dans les banques et l’inflation des prix risquent de donner le coup de grâce à la trésorerie de l’établissement, qui était déjà en grande difficulté. Sa directrice, sœur Mariam Nour, cherche depuis le début de l’année une source substantielle de financement, pour ne pas effectuer de nouvelles coupes de salaire. Depuis le début de l’année scolaire, elle a, en effet, déjà été contrainte de le faire à deux reprises. « J’aimerais ne pas le répéter, confie-t-elle. Mais cette année, 50 % des familles n’ont pas réglé les scolarités. »
La pérennité de cette école est donc en danger, celle aussi de son projet éducatif que sœur Mariam Nour détaillait lors de la remise de ses insignes de chevalier de la Légion d’honneur : « Notre projet est plus grand qu’une petite école : c’est une vision du monde fondée sur la fraternité, sur cette foi de Dieu en l’homme envers et contre tout. »
« Mais nous ne baisserons pas les bras, assure-t-elle, nous allons défier les difficultés, inventer la vie. »
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