L'ancien ambassadeur des Etats-Unis au Liban, Jeffrey Feltman, a affirmé qu'il comprenait le débat sur d'éventuelles sanctions américaines contre l'ex-ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, "responsable de l'extension de l'influence du Hezbollah au Liban".
"Les Etats-Unis n'avaient aucun problème à traiter avec M. Bassil en tant que ministre, d'autant que le Hezbollah ne peut étendre son influence sans lui", a déclaré M. Feltman, interrogé samedi par la chaîne arabophone al-Hurra, rappelant que le chef du Courant patriotique libre a été l'artisan de l'entente entre le CPL et le Hezbollah "qui lui a permis d'avoir un rôle national au Liban".Interrogé sur l'opportunité d'imposer des sanctions à M. Bassil, le responsable US, qui rappelle qu'il n'est pas en charge du dossier des sanctions US, a déclaré que Washington avait "plusieurs moyens à sa disposition", exprimant sa compréhension quant à l'ouverture d'un débat sur des sanctions contre M. Bassil, "responsable de l'extension de l'influence du Hezbollah au Liban".
Gebran Bassil est l'une des figures les plus honnies du mouvement de contestation contre la classe dirigeante qui secoue le Liban depuis plus de 100 jours.
Par ailleurs, Jeffrey Feltman a affirmé qu'il était important de voir comment le gouvernement du nouveau Premier ministre Hassane Diab, "le plus proche du Hezbollah, de la Syrie et de l'Iran depuis 2005", allait répondre aux revendications des contestataires.
"Je ne recommande pas une rupture ou une suspension des relations avec le Liban et de l'aide que l'on lui apporte, mais il est très important de voir ce que ce gouvernement va faire, comment il va répondre aux revendications des contestataires et traiter les dossiers économiques. Le peuple libanais voit l'Occident comme une partie pouvant satisfaire ses aspirations. Nous devons rester des partenaires jusqu'à plus d'indications", a déclaré M. Feltman.
Sur la même chaîne, le secrétaire d’État adjoint américain aux Affaires du Proche-Orient, David Schenker, a affirmé que le cabinet Diab "a été formé et soutenu par le Hezbollah, au moment où les partis politiques hostiles à la formation chiite boycottent ce cabinet". Il a ajouté que Washington suivra de près l'engagement du nouveau gouvernement dans la lutte contre la corruption, alors que le Liban fait face à sa pire crise économique et financière depuis la fin de la guerre civile, et qu'une contestation populaire inédite le secoue depuis le 17 octobre 2019.
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commentaires (8)
Est ce à un pays étranger de sanctionner un ex ministre ou un ministre d'une république? Sous quel prétexte? C'est au peuple de sanctionner ses dirigeants si besoin via les élections. Les États-unis sont peut-être une démocratie. Le Liban aussi. Quand on veut tuer son chien on dit qu'il a la rage. Quel est le but final et réel des États-unis concernant le Liban? Demain quoi encore?
Sybille S. Hneine
21 h 48, le 26 janvier 2020