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Politique - Diplomatie

Bassil passe un mauvais moment à Davos

« On m’a offert le voyage », a affirmé le chef du CPL, s’attirant une réponse cinglante de Sigrid Kaag, l’ancienne représentante de l’ONU à Beyrouth.


L’ancien ministre Gebran Bassil, lors d’un panel au Forum économique de Davos, en Suisse, le 23 janvier 2020. Capture d’écran de la vidéo en direct du panel retransmise sur le site du Forum

Sa venue à Davos était déjà vivement critiquée, mais l’ancien chef de la diplomatie libanaise Gebran Bassil a en plus passé un mauvais moment lors de son intervention au Forum économique mondial, critiqué en particulier par l’ancienne coordinatrice des Nations unies pour le Liban Sigrid Kaag.

Le chef du Courant patriotique libre, qui vient de perdre son poste de ministre mais reste un homme fort du sexennat, a participé à une discussion sur le « Retour de l’instabilité dans le monde arabe », dans le cadre du Forum économique à Davos en Suisse.

L’ancien ministre des Affaires étrangères avait estimé peu auparavant que les manifestations qui ont lieu depuis plus de trois mois au Liban sont « positives » et « saines » et permettront « d’initier les changements nécessaires » au régime politique. Il a souligné que c’est à cause des « dysfonctionnements » de ce régime que la réforme de nombreux secteurs n’a jamais abouti. L’ancien chef de la diplomatie a par ailleurs démenti les rumeurs selon lesquelles il s’est rendu à Davos aux frais de l’État. Interrogé par la journaliste américaine Hadley Gamble, lors d’un panel sur « Le retour des soulèvements dans les pays arabes », sur les moyens utilisés pour se rendre en Suisse, M. Bassil s’est contenté d’indiquer qu’il s’y était rendu par ses propres moyens et à ses propres frais. « Je sais qu’il y a des rumeurs et des mensonges qui circulent là-dessus et j’y suis habitué, mais je dis la vérité », a lancé M. Bassil.

« Un ministre touche 5 000 dollars américains par mois. Comment avez-vous les moyens de voyager en jet privé ? » a insisté la journaliste. « Ça m’a été offert », a rétorqué l’ancien ministre. Ce à quoi Mme Gamble a répondu : « J’aimerais avoir des amis comme cela », suivie aussitôt par la ministre hollandaise Sigrid Kaag qui a indiqué : « On n’a pas le droit d’avoir de tels amis quand on fait partie d’un gouvernement. »L’échange a fait la joie des opposants du régime sur les réseaux sociaux. « Voir Gebran Bassil se faire allumer, c’est tellement bon », a commenté l’un d’eux sur Twitter.

« Le Liban est un pays qui a été entravé par une corruption de haut niveau à tous les étages », a commenté Sigrid Kaag. « Le système sectaire, allié à d’anciens chefs de guerre, a pris l’État en otage. »

Mise au point

Plus tôt dans la journée, le bureau de presse de M. Bassil avait réagi à notre information, parue dans l’édition du jeudi, sur ce voyage qui fait polémique depuis plusieurs jours sur les réseaux sociaux. « Le journal L’Orient-Le Jour, dans son numéro d’aujourd’hui (hier), a affirmé que l’ancien ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil a effectué son déplacement à Davos aux frais du Trésor. Le bureau de presse de M. Bassil souligne que ce dernier a reçu une invitation officielle alors qu’il était ministre des Affaires étrangères, et a décidé d’y répondre favorablement. Le chef de l’État lui a demandé de le représenter à cette occasion », affirme le bureau dans son communiqué.

« Malgré cela, il a effectué cette visite à ses propres frais et n’a coûté au Trésor public aucun centime. Mais le journal en question, dans le cadre de la campagne contre M. Bassil, a évoqué des informations infondées, contribuant aux rumeurs relayées par les réseaux sociaux (...) », ajoute le bureau de presse. « Il est malheureux que les rumeurs travestissent la vérité et que certains médias relaient ces rumeurs au lieu de la transmettre au public », conclut le bureau de presse de Gebran Bassil.Une source gouvernementale, interrogée mercredi par L’Orient-Le Jour, avait indiqué que Gebran Bassil s’était rendu en Suisse à bord d’un jet privé. Cette source n’a pas cependant confirmé que ce déplacement s’est fait aux frais de l’État, une allégation notamment répercutée par les mouvements de la contestation populaire.

Mise en garde contre le « chaos »

Réagissant par ailleurs à une question de Hadley Gamble concernant la crise économique et financière que connaît actuellement le Liban, M. Bassil a déclaré que c’est « l’accumulation des mauvaises politiques depuis 30 ans » qui a mené le pays à la crise. « En faisant partie du gouvernement, nous devons assumer la responsabilité de la situation actuelle », a-t-il ajouté, rejetant toutefois à nouveau une partie de la responsabilité sur la nature du régime politique et la nécessité d’obtenir des consensus pour toutes les grandes décisions. M. Bassil a encore dénoncé « les interventions étrangères » qui, selon lui, ont aggravé la crise au Liban. Il a appelé à capitaliser sur « l’unité des Libanais à vouloir combattre la corruption », et à rejeter toute tentative de dévier la contestation vers des questions qui risquent de diviser les manifestants comme la question de l’influence du Hezbollah, laquelle risque de provoquer « le chaos » dans le pays et la région. Et de souligner que ce dossier devait être « géré en interne ». « Ce qu’il se passe dans les rues est très positif parce que cela crée une dynamique essentielle pour initier les changements nécessaires », notamment vers un nouveau système politique et une économie productive, a déclaré M. Bassil. Il a précisé que « les jeunes présents dans les rues veulent un système séculier », par opposition au système confessionnel actuel « qui rend le système politique mal fonctionnel ». Il a souligné que les grandes décisions à prendre dans de nombreux secteurs « nécessitent un consensus de toutes les communautés ». Concernant l’électricité, l’ancien chef de la diplomatie a indiqué que sa formation politique « a présenté un plan pour la réforme de ce secteur, tout comme elle l’a fait pour la gestion des déchets ». Et de souligner que les ministères sont désormais gérés par des technocrates « afin de régler ces problèmes loin des questions politiques ».

Représentation légitime

À Davos, l’ex-chef de la diplomatie a encore déclaré qu’il « représente toujours légitimement les Libanais », malgré la contestation réclamant le départ de toute la classe dirigeante. Il a affirmé tirer cette légitimité des résultats des dernières élections législatives. Il a aussi souligné qu’au Liban, les citoyens ne sont pas seulement « autorisés mais encouragés à réclamer des changements ». « Et si lors d’élections, nous ne pouvons plus nous vanter d’avoir cette légitimité, nous nous mettrons de côté », a-t-il poursuivi, évitant toutefois de répondre aux questions de la journaliste Hadley Gamble concernant un éventuel scrutin anticipé.

Une pétition en ligne depuis quelques jours, dont les auteurs affirment que « Gebran Bassil ne représente plus le peuple libanais dans les forums internationaux », a recueilli des milliers de signatures. Un communiqué partagé mardi sur la page Daleel Thawra, l’un des organes médiatiques du soulèvement populaire, déclare que « Gebran Bassil est un ministre illégitime dont le peuple réclame la démission depuis presque cent jours ».

Sa venue à Davos était déjà vivement critiquée, mais l’ancien chef de la diplomatie libanaise Gebran Bassil a en plus passé un mauvais moment lors de son intervention au Forum économique mondial, critiqué en particulier par l’ancienne coordinatrice des Nations unies pour le Liban Sigrid Kaag.Le chef du Courant patriotique libre, qui vient de perdre son poste de ministre mais reste un...

commentaires (3)

ET QUI LUI A OFFERT UN JET PRIVE POUR LE RETOUR ? ON DOIT AVOIR PROFITE DES LATTAS...

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 37, le 24 janvier 2020

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Commentaires (3)

  • ET QUI LUI A OFFERT UN JET PRIVE POUR LE RETOUR ? ON DOIT AVOIR PROFITE DES LATTAS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 37, le 24 janvier 2020

  • Il aurait fallu que Bassil la remette à sa place cette cruche . Où est son problème que Bassil ait pris un avion ou qu'il soit arrivé à dos de chameau . Son rôle est de poser des questions à Bassil sur son présent ou son avenir politique au Liban. Quel culot !

    FRIK-A-FRAK

    15 h 37, le 24 janvier 2020

  • C'est bien fait pour lui !

    Tabet Ibrahim

    09 h 34, le 24 janvier 2020

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