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Le tournant

Le doute aura finalement été rapidement levé. Lorsqu’il a été chargé par le président Michel Aoun de mettre en place une nouvelle équipe ministérielle, Hassane Diab se trouvait devant l’alternative suivante : s’en tenir à sa position de principe qu’il a affichée publiquement, portant sur la formation d’un gouvernement dont les membres ne seraient pas inféodés aux grandes formations politiques ; ou mettre beaucoup d’eau dans son vin et accepter la logique du marchandage et des compromis avec les factions qui l’ont désigné pour succéder à Saad Hariri. Dans un premier temps, l’incertitude planait sur le choix que ferait cet universitaire parachuté dans l’arène politique, mais M. Diab n’a pas tardé à opter pour le second cas de figure. Realpolitik oblige… Il faut dire qu’il ne pouvait laisser passer cette opportunité, inespérée pour lui, de faire son entrée dans le cercle restreint des présidents du Conseil! Les grands principes peuvent attendre…

Les dés sont donc jetés. Un gouvernement d’indépendants ne faisant pas le jeu des « fromagistes » qui se partagent le gâteau s’est avéré une chimère, du moins au stade actuel. Les Libanais semblent devoir se contenter d’un cabinet laborieusement concocté à l’ombre des traditionnels (petits) calculs politiciens auxquels se livrent le Hezbollah, Nabih Berry et Gebran Bassil, sans oublier évidemment le président Aoun. Et peu importe si la rue est en ébullition et si les Libanais se débattent quotidiennement dans les méandres d’une crise économico-socio-financière sans précédent dans l’histoire contemporaine du pays.

Dans la nouvelle équation ministérielle en gestation – telle qu’elle a filtré à la presse – il n’est pas difficile de déceler qui, pour les questions d’ordre stratégique, sera le réel chef d’orchestre. Un bémol, toutefois, à cet angoissant fait accompli : pour la communauté internationale, Paris et Washington en tête, le critère de jugement portera sur l’efficacité et l’action concrète du nouveau gouvernement plus que sur l’identité des ministres.

Une question fondamentale se pose dans ce contexte. La mise en place à Beyrouth d’une équipe ministérielle monochrome gravitant, pour l’essentiel, dans le giron du Hezbollah (si tant est qu’elle voit réellement le jour) serait-elle une riposte politique iranienne à l’élimination de Kassem Soleimani? Le guide suprême Khamenei a explicitement déclaré à cet égard que la riposte se ferait en dehors de l’Iran. Doit-on donc s’attendre à une radicalisation accrue, et insidieuse, du parti de Dieu sur la scène locale ? Ces interrogations sont d’autant plus justifiées que plusieurs organes de presse et sites d’information moyen-orientaux ont rapporté ces derniers jours que le régime des mollahs à Téhéran a confié au leader du Hezbollah Hassan Nasrallah la difficile tâche de recoller les morceaux entre les organisations paramilitaires irakiennes pro-iraniennes qui ont été minées par de sérieuses divergences internes au lendemain de l’assassinat, en même temps que Soleimani, de celui qui était leur puissant fédérateur, Abou Mahdi al-Mouhandis.

Téhéran aurait-il décidé ainsi de confier un rôle régional accru à Hassan Nasrallah ? C’est ce que croient savoir certains médias régionaux qui vont même jusqu’à affirmer que le secrétaire général du parti chiite serait en quelque sorte le successeur de Soleimani (sic ! ). Une éventualité d’autant plus farfelue que Nasrallah paraît très peu libre de ses mouvements sur le terrain et ne semble pas, surtout, avoir l’envergure d’un chef militaire de la trempe de Soleimani.

Il reste que cette double mission de médiateur régional et d’élément moteur d’une plus forte radicalisation au Liban, confiée au chef du Hezbollah, pourrait être l’une des pièces maîtresses de la riposte iranienne. Cela aurait alors comme très fâcheuse conséquence d’aggraver dangereusement le statut d’otage imposé à la population libanaise par les gardiens iraniens de la révolution. Est-ce d’ailleurs une coïncidence si les partisans du Hezbollah ont subitement rejoint ouvertement le mouvement de révolte peu après l’élimination de Soleimani? Force est de relever que depuis que les jeunes de la banlieue sud sont venus grossir les rangs de l’intifada, celle-ci a été entraînée dans un cycle de violence quotidienne qui contraste nettement avec l’atmosphère bon enfant qui caractérisait la révolte durant ses premiers jours. Sans compter la campagne agressive lancée contre le gouverneur de la Banque du Liban et le secteur bancaire en général, visiblement dans le collimateur du parti de Dieu.

Un tel contexte régional ne devrait toutefois pas occulter une autre donnée objective, non moins cruciale. La déviation tant au niveau des moyens d’action que des cibles visées pourrait, certes, être le signe d’une escalade initiée par le Hezbollah à la demande de son mentor iranien. Mais il serait erroné de ne pas y voir aussi une vaste et légitime manifestation de colère de ceux qui trouvent de plus en plus de difficulté à surmonter leur situation socio-économique précaire et qui ne peuvent supporter, à juste titre, l’idée que certains dirigeants et responsables politiques continuent de se livrer à leurs traditionnelles manœuvres politiciennes, faisant preuve ainsi d’une inqualifiable cécité politique.

Cette situation est, à n’en point douter, grave mais elle n’est pas désespérée. Tout dépendra en définitive de l’action, de l’efficacité et du sérieux du cabinet en gestation.

Le doute aura finalement été rapidement levé. Lorsqu’il a été chargé par le président Michel Aoun de mettre en place une nouvelle équipe ministérielle, Hassane Diab se trouvait devant l’alternative suivante : s’en tenir à sa position de principe qu’il a affichée publiquement, portant sur la formation d’un gouvernement dont les membres ne seraient pas inféodés aux...

commentaires (4)

Si on donne au chef de la Résistance libanaise un pouvoir régional, alors il devra comprendre qu'il faille donner un os au gros méchant matou americain en lui accordant une part dans l'exploration et l'exploitation des ressources gazières et pétrolières du Liban. Tout tourne autour de ça, une correction devra se faire là-dessus. En Lybie, l'intervention de erdo aux côtés du gouvernement reconnu et légal n'avait que cette raison pour pouvoir se faire .

FRIK-A-FRAK

15 h 52, le 21 janvier 2020

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Commentaires (4)

  • Si on donne au chef de la Résistance libanaise un pouvoir régional, alors il devra comprendre qu'il faille donner un os au gros méchant matou americain en lui accordant une part dans l'exploration et l'exploitation des ressources gazières et pétrolières du Liban. Tout tourne autour de ça, une correction devra se faire là-dessus. En Lybie, l'intervention de erdo aux côtés du gouvernement reconnu et légal n'avait que cette raison pour pouvoir se faire .

    FRIK-A-FRAK

    15 h 52, le 21 janvier 2020

  • Quel rapport y a-t-il entre l'élimination de Kassem Suleimani avec la formation d'un gouvernement au Liban ? Quel rapport y a-t-il entre une crise au Mozambique et la nomination d'un wali à Tizi-Ouzou avec la formation d'un gouvernement au Liban ? Quel rapport y a-t-il entre les défaites perses avant notre ère à Salamine et à Issos avec la formation d'un gouvernement au Liban en 2020 ?

    Un Libanais

    15 h 33, le 21 janvier 2020

  • UN ARTICLE TRES OBJECTIF. MAIS LA STATURE DE HN EST TRES EXAGEREE. IL EST UN EXECUTEUR D,ORDRES FAKIHIENS. C,EST TOUT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 17, le 21 janvier 2020

  • cette situation est, à n’en point douter, grave mais elle n’est pas désespérée. Tout dépendra en définitive de l’action, de l’efficacité et du sérieux du cabinet en gestation. QUEL ACTION? CE GOUVERNEMENT IMPOSE AU LIBAN AVEC L'APPROBATION DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE QUI NE POURRA PLUS DIRE JE N'AI PAS DE POUVOIR CAR IL L'AURA SIGNE, NE POURRA RIEN OUI C'EST LA VERITE RIEN DECIDE EN EFFET LES PROTESTATEURS DANS LA RUE NE LAISSERONT AUCUN MINISTRE SORTIR DE SON APPARTEMENT OU MAISON ET BLOQUERONT TOUTES LES REUNIONS MEME DU PARLEMENT LE SANG SERA VERSE COMME EN IRAK MAIS CELUI QUI N'A PLUS RIEN A PERDRE S'EN FICHERA EPERDUMENT ET PRENDRA SON ARME LUI AUSSI ET RIPOSTERA AUX SOLDATS OU POLICES QUI AUJOURDHUI ONT COMMENCE A TIRER DES BALLES EN CAOUTCHOUC QUI FONT BEAUCOUP DE MAL CAR TIRES A BOUT PORTANT OU EN VISANT LA TETE QUI SERA RESPONSABLE QUAND LE SANG COULERA? LE PEUPLE OU LES POLITICIENS OU LE GOUVERNEMENT OU LE PRESIDENT CAR IL AURA SIGNE LA FIN DU LIBAN QUE NOUS ESPERIONS TOUS LA VERITE EST QUE LA CECITE DES POLITICIENS AU LIBAN EST TEL QUE SANS CHANGEMENT RADICAL DE PENSEE, PERSONNE NE POURRA SURVIVRE A CE QUI SE PASSERA

    LA VERITE

    02 h 47, le 21 janvier 2020

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