Le chef du courant des Marada et leader maronite Sleiman Frangié a reporté sa conférence de presse qui était censée se tenir ce matin à 10h, et au cours de laquelle il devait vraisemblablement aborder la question de la formation du gouvernement de Hassane Diab, au moment où une querelle à ce sujet l'oppose au Courant patriotique libre de Gebran Bassil.
L'Agence nationale d'information (Ani, officielle) se borne à dire que cette conférence de presse "se tiendra à une date ultérieure", sans préciser les raisons de ce report.
Selon le quotidien Al-Akhbar, favorable au Hezbollah, M. Frangié "était censé annoncer qu'il renonçait à participer au prochain gouvernement, tout en lui accordant sa confiance".
Par ailleurs, le général à la retraite Talal Ladki, pressenti pour occuper le poste de ministre de l'Intérieur, s'est récusé, selon la chaîne LBCI. Un article du quotidien an-Nahar affirmait récemment que Dar el-Fatwa aurait informé Hassane Diab qu'il souhaitait la nomination de Wissam Barghout à ce poste. Toutefois, Dar el-Fatwa a démenti toute ingérence du mufti de la République, Abdel Latif Deriane dans le processus de formation du cabinet.
(Lire aussi : Bassil-Frangié : derrière la querelle gouvernementale, des calculs présidentiels ?)
Après un certain optimisme qui donnait la formation du gouvernement de Hassane Diab pour imminente, sur fond de révolte populaire déclenchée le 17 octobre, il semble que des règlements de compte présidentiels prématurés entre le leader du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, et le chef des Marada, dont les rapports sont pratiquement gelés, entravent encore, entre autres, la genèse de la future équipe.
Une source proche du dossier confie à L’Orient-Le Jour qu’après avoir réussi à conserver le portefeuille des Travaux publics pour la troisième fois consécutive, M. Frangié devrait plaider pour décrocher un second ministre chrétien (outre Lamia Yammine) au sein de la future équipe ministérielle. "Une façon pour lui de réduire le lot relevant du leader du CPL", estime la source. Cette escalade de revendications de la part du chef des Marada aurait pour but de faire barrage à ce qu’une source politique contactée par L’OLJ appelle "les tentatives du binôme Baabda-CPL d’accaparer le tiers de blocage (7 ministres au sein d’une mouture de 18)".
Depuis plus de trois mois, les manifestants libanais appellent à la chute de tous les responsables, accusés de corruption et d'incompétence, alors que le pays traverse une grave crise économique et de liquidités. Sous la pression de la rue, le gouvernement de Saad Hariri avait démissionné le 29 octobre. Le 19 décembre, à l'issue de consultations parlementaires, le président Michel Aoun a désigné Hassane Diab, appuyé par les partis du 8-Mars, au poste de Premier ministre. Malgré son insistance à former un cabinet de technocrates indépendants, comme cela est réclamé par la contestation, M. Diab est rejeté par les protestataires, qui estiment qu'il fait partie de la même classe politique corrompue dont ils réclament le départ.
Lire aussi
La loi des parrains, l'édito de Issa GORAIEB
Thaoura 2.0... Et ce n’est que le début, le billet de Médéa Azouri
Gouvernement : quatre nœuds et un maillon caché..., le décryptage de Scarlett Haddad
commentaires (4)
Sleiman Frangié trouve un vide qu'il juge opportun de remplir. Mais, après le 17 octobre, ni lui ni Gebran Bassil , seraient des candidats sérieux à la future présidence.
Esber
20 h 56, le 19 janvier 2020