Plus de 48 heures après son arrestation lundi matin, en marge de la mise à feu en week-end d’un distributeur de billets à Zouk, Georges Azzi, jeune contestataire de 24 ans, n’est toujours pas rentré chez lui. Sa mère, Nada, demeure sans nouvelles et ne sait pas quel sort lui a été réservé. « Je ne sais pas où il se trouve. Je comprends que les autorités veuillent enquêter. Nous pensons qu’il est détenu par l’armée libanaise. Mais il est de mon droit de savoir où il est », dit-elle à L’Orient-Le Jour, démentant ainsi des informations publiées précédemment faisant état de la libération de son fils. Le jeune homme né en 1995, qui a un commerce de narguilés à Tabarja avec sa famille, s’était rendu lundi 6 janvier à 8 heures du matin à la caserne de Sarba de l’armée libanaise, où il devait être interrogé. « À 16 heures, ne le voyant pas rentrer, et lorsque nous avons demandé de lui, l’officier nous a affirmé qu’il a été emmené, sans nous en dire plus », souligne Mme Azzi. Sa mère a alors fait « la tournée des casernes Chucri Ghanem, Fayadiyé, Rihaniyé, et même du ministère de la Défense ». En vain. « On me répondait que Georges n’était pas là », dit-elle.
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Selon une source proche du dossier, les avocats proches du mouvement de révolte populaire qui suivent de près l’affaire n’ont réussi à obtenir aucune information précise concernant le jeune homme, pas plus qu’ils n’ont pu le voir. Certaines informations font état « du renouvellement de la période d’arrestation préventive », et « du transfert du militant au ministère de la Défense », sachant que la loi autorise une arrestation préventive de 48 heures renouvelable une fois. D’autres affirment que « Georges Azzi fait l’objet d’un mandat d’arrêt ». Mais aucune confirmation pour l’instant, alors que L’OLJ n’a pu joindre le bâtonnier de Beyrouth, Melhem Khalaf. De son côté, une source proche de Yarzé assure que « l’armée communique généralement en cas d’arrestation ».
Réagissant à l’arrestation du militant, des manifestants avaient fermé lundi en fin de journée l’autoroute maritime au niveau de Zouk Mosbeh dans les deux sens de la circulation, en guise de protestation. Des dizaines de protestataires s’étaient déployés sur le grand axe routier qui relie Beyrouth au Nord, installant un barrage de pneus au milieu du chemin. Sur une vidéo, on pouvait entendre l’un d’eux affirmer que « toutes les routes du Liban seraient fermées de la même façon si Georges Azzi n’était pas relâché ». Plus tôt dans la journée, des contestataires s’étaient aussi rassemblés devant la caserne de Sarba afin de réclamer la libération du militant.
Où se trouve Georges Azzi ? Pourquoi est-il toujours détenu ? Pourquoi n’a-t-il pas pu contacter ses parents ou son avocat ? Qu’en est-il du respect de ses droits ? Ces questions demeurent toujours sans réponse, à l’heure où la contestation populaire contre la classe au pouvoir tente de reprendre un second souffle.
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commentaires (2)
Ce sont ces tristes episodes qui nous rappellent brutalement que nous vivons sous un regime totalitaire ou les droits de l’homme et du citoyen sont bafoues quotidiennement. Le vernis de civilisation dont se vantent certains rêveurs semble bien mince et craque de partout depuis quelques mois.
Cadige William
10 h 39, le 09 janvier 2020