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À La Une - France

Excédés, résignés ou solidaires, les Parisiens dans la routine de la grève

Comment réagissent les français à la situation dans les transports ou sur les routes, après plus de 30 jours de mobilisation contre la réforme des retraites ? 

Des voyageurs à l'arrivée d'un métro, dans la station de Château de Vincennes, lors d'une grève des transports en commun, à Vincennes, 6 janvier 2020. Photo REUTERS/Charles Platiau

"On est des sardines à l'huile ou à la tomate ?" ironise une femme dans un train de banlieue parisienne, où les voyageurs sont agglutinés lundi matin, pour une rentrée marquée par la poursuite de la grève contre la réforme des retraites. Finies les vacances de fin d'année qui avaient permis aux habitants de Paris et sa périphérie de souffler un peu. Au 33ème jour de grève dans les transports, les pistes cyclables sont à nouveau prises d'assaut par vélos, trottinettes, skates ou rollers. Devant les arrêts de bus, des files se forment dès l'aube. Sur la route, le décompte des kilomètres d'embouteillages a repris.

"Faites attention dans les escaliers, des personnes fragiles pourraient tomber, dites-le autour de vous": des appels au civisme par haut-parleur retentissent sur les quais de la Gare du Nord, la plus grande de la capitale.

Emmanuel Picard, 48 ans, fonctionnaire au ministère de l'Éducation, s'est justement blessé dans une cohue des semaines précédentes. Béquille à la main, il s'apprête à affronter les voyageurs : "ce n'est pas la grève le problème, c'est le comportement des gens ; je ne dis pas que c'est facile au quotidien avec les galères de transport mais c'est le seul moyen de se faire entendre du gouvernement, et je crains qu'on doive même aller jusqu'à la grève générale".

La grève à la compagnie ferroviaire SNCF est désormais la plus longue depuis sa création en 1938. Mardi, la circulation des trains restera "perturbée", avec 3 TGV (train à grande vitesse)sur 4, tandis que les lignes de la RATP (métro parisien) seront "très perturbées", ont annoncé les deux opérateurs SNCF et RATP. Syndicats et gouvernement reprennent leurs négociations mardi et une proposition de compromis de la CFDT, syndicat le plus favorable au principe de la réforme, a été accueillie d'un "banco" par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Mais les organisations les plus hostiles au projet ont d'ores et déjà prévu deux grosses journées d'action jeudi et samedi.


(Pour mémoire : La mobilisation contre la réforme des retraites dépasse en longueur les grandes grèves de 1995)



"On ne peut pas aller à contre-courant" 
Sur les routes et dans les transports, plusieurs états d'esprit.

Il y a ceux qui soutiennent la grève comme Didier Dath, 63 ans, cadre de la fonction publique : "je comprends ceux qui galèrent mais ça vaut le coup de tenir, il faut même élargir la grève", ou Agathe Moroval, 43 ans, directrice de production d'exposition: "même si c'est un peu stressant pour l'organisation avec l'école, on s'en sort : je n'ai que 10 minutes de plus sur mon trajet avec mon scooter".

Les opposants à la grève trouvent eux la mobilisation "égoïste", comme Sylvain Barrier, 29 ans, propriétaire d'un restaurant qui regrette un mouvement qui "met à mal une certaine économie". Denise Guine, professeur de 61 ans, est debout depuis 05h00 pour être certaine d'arriver à l'heure à son cours de 14h00, et estime qu'"on ne peut pas bloquer le pays indéfiniment, il faut discuter ! Le risque c'est qu'ils finissent par mettre des lignes automatiques partout !"
Seules les deux lignes automatiques du métro fonctionnent normalement depuis le début de la grève le 5 décembre.

D'autres sont résignés : "on ne peut pas aller à contre-courant d'un tel mouvement", affirme Greta, 37 ans, cadre de l'industrie pharmaceutique qui emmène son enfant chez l'ophtalmologiste et sera en retard même si elle est partie bien en avance.

Mais il y a ceux pour qui la coupe et pleine. Naomie, 27 ans, employée dans la restauration est "dégoûtée". Elle met deux heures au lieu de cinquante minutes pour aller travailler : "ils (les grévistes, ndlr) sont bien gentils mais là, on est fatigué, et ça ne sert plus à rien leur grève; moi je ne vais pas prendre le risque de me casser la cheville pour aller bosser parce qu'il y a trop de monde sur les quais".

Voix minoritaires : les optimistes. Marine, 32 ans, commerciale dans l'immobilier, circule à vélo et trouve qu'après les vacances, avec la diminution du trafic automobile, "au moins l'air est un peu moins pollué".



Pour mémoire
« Si vous voulez que tout le monde gagne, il faudra dépenser plus d’argent »

"On est des sardines à l'huile ou à la tomate ?" ironise une femme dans un train de banlieue parisienne, où les voyageurs sont agglutinés lundi matin, pour une rentrée marquée par la poursuite de la grève contre la réforme des retraites. Finies les vacances de fin d'année qui avaient permis aux habitants de Paris et sa périphérie de souffler un peu. Au 33ème jour de grève dans les...

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