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Politique - Justice

Issam Khalifé : Qu’ils osent me mettre les menottes aux poignets !

Le mandat d’arrêt délivré contre le professeur à la retraite et militant de longue date par la chambre de mise en accusation de Beyrouth, suite à une plainte du recteur de l’UL, a déclenché un grand mouvement de solidarité.

La conférence de presse conjointe entre le rassemblement de Saydet el-Jabal, le parti Kataëb et le PNL, en solidarité avec Issam Khalifé. Photo ANI

La décision de la chambre de mise en accusation de Beyrouth de délivrer un mandat d’arrêt contre Issam Khalifé, professeur de l’Université libanaise à la retraite et ancien président du syndicat des professeurs à plein temps de l’UL, continuait hier de faire des vagues et de déclencher un important mouvement de solidarité. La décision judiciaire consiste à renvoyer M. Khalifé devant le tribunal correctionnel de Beyrouth, afin qu’il y soit jugé conformément à l’article 408 du code pénal qui sanctionne les faux témoignages. Un sit-in de solidarité avec le militant de longue date a été observé hier par nombre de professeurs de l’UL qui ont effectué une marche du siège principal de l’université dans le secteur du Musée, jusqu’au Palais de justice.

Interrogé par L’Orient-Le Jour sur la décision de justice dont il fait l’objet, Issam Khalifé souligne que son avocat, Georges Baroud, a demandé qu’on lui transmette le dossier au Palais de justice. « Cette décision a été prise alors que nous n’avions même pas été notifiés du dossier, s’insurge-t-il. Nous revendiquons une chance de rectifier le tir. Le juge a émis son jugement alors qu’il ne détient pas les données exactes, et je peux le prouver ! » Le militant estime que cette accusation de faux témoignage n’a pas lieu d’être, d’autant qu’il n’y a pas de témoignage face à une Cour de justice pour qu’il soit question d’une accusation pareille. « J’ai demandé des comptes dans une affaire donnée, et c’est mon devoir de le faire », affirme-t-il. L’affaire en question est la suivante : Fouad Ayoub, recteur de l’UL, aurait, selon Issam Khalifé, demandé au conseil de l’université de lui accorder quatre échelons supplémentaires avec effet rétroactif jusqu’en 1994. « Ce que cela signifie, en matière d’argent, c’est 900 000 livres libanaises par mois, insiste-t-il. Faites le calcul : cela représente près de 280 millions de livres sur 26 ans. J’ai demandé des explications sur ça, documents à l’appui. »

Selon Issam Khalifé, le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur a reconnu qu’il y avait erreur, et a rabaissé les quatre échelons à un et demi. « Pour m’accuser aujourd’hui de faux témoignage, ils prétextent le fait que la promotion se limitera à un échelon et demi comme le demande le ministère, et que ma déclaration sur les quatre échelons est une diffamation, explique-t-il. Or j’ai tous les documents qui prouvent que la décision originale portait sur quatre échelons avec effet rétroactif, et ces documents ont été présentés à la justice. »

Il ajoute : « Je pense que ce qui a rendu le recteur furieux, c’est que le juge d’instruction de Beyrouth Assaad Bayran a pris la décision d’empêcher ma condamnation dans un procès de diffamation intenté contre moi par Fouad Ayoub. C’est alors qu’il a décidé de contourner cette décision en ayant recours à l’article 408 du code pénal, un appel qui a été accepté par la chambre de mise en accusation de Beyrouth. Je déplore que face à des juges aussi probes qu’Assaad Bayran et d’autres, il y ait une justice aussi politisée et instrumentalisée. »

Son arrestation est-elle envisageable ? « Qu’ils osent me mettre les menottes aux poignets ! s’écrie-t-il. Techniquement parlant, la chambre de mise en accusation de Beyrouth a transféré le dossier à la cour pénale, et je devrais être entendu par un juge qui pourrait décider de l’arrestation ou pas. Mais qu’on se le dise, ce ne sont pas des gens comme moi qui finissent en prison. »

De nombreuses réactions politiques

Aux réactions qui accompagnent la décision de justice contre Issam Khalifé, l’Université libanaise a répondu hier par un communiqué dans lequel elle affirme que « l’affaire n’est pas une affaire de libertés, mais de déclarations mensongères qui visent à porter atteinte au prestige de l’université et de son recteur, à un moment où celui-ci a réussi à combler le déficit financier de l’établissement, à mettre un terme au gaspillage, à lutter contre la corruption et à installer des bases saines pour le travail universitaire institutionnel ». Le texte juge ces « tentatives de porter atteinte à ces réformes et au développement du travail institutionnel » comme « irresponsables ». De son côté, M. Khalifé accuse le recteur de l’UL « de paralyser le conseil de l’université ».

Des réactions de solidarité avec Issam Khalifé ont été exprimées par plusieurs hommes politiques, notamment les députés Chamel Roukoz (indépendant, ex-bloc du Courant patriotique libre) et Ziad Hawat (bloc des Forces libanaises), qui ont rendu hommage à son parcours. Une position très avancée a été exprimée par le rassemblement de Saydet el-Jabal (fondé par l’ancien député Farès Souhaid), le parti Kataëb et le Parti national libéral (PNL), au cours d’une conférence de presse à laquelle ont assisté de nombreux députés et hommes politiques. Les participants à cette conférence ont non seulement dénoncé le jugement contre Issam Khalifé, mais ont demandé aux professeurs et aux étudiants de l’UL de « transformer cette bataille de solidarité et de défense du militant en une bataille de restitution de l’université nationale, afin de la sortir de cette mentalité de partage des parts, dans un contexte d’intifada menée par les Libanais pour recouvrir leur dignité et leurs droits ». Ils ont également demandé que « la justice compétente soit saisie pour que l’affaire reprenne son cours normal ».

Le conseil administratif de la Ligue des professeurs contractuels de l’UL a également dénoncé la décision judiciaire contre le « célèbre militant », « une décision surprenante en cette période de changement dans le pays ». Le conseil a fustigé « cette tendance de l’UL et de son recteur à régler tous les problèmes par la justice, de manière contraire au respect des droits de l’homme ».


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La décision de la chambre de mise en accusation de Beyrouth de délivrer un mandat d’arrêt contre Issam Khalifé, professeur de l’Université libanaise à la retraite et ancien président du syndicat des professeurs à plein temps de l’UL, continuait hier de faire des vagues et de déclencher un important mouvement de solidarité. La décision judiciaire consiste à renvoyer M. Khalifé...

commentaires (5)

JE NE LE CONNAIS PAS MAIS PARAIT-IL IL EST UN HOMME CORRECT PUISQU,ON LE DIT.

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 51, le 04 janvier 2020

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Commentaires (5)

  • JE NE LE CONNAIS PAS MAIS PARAIT-IL IL EST UN HOMME CORRECT PUISQU,ON LE DIT.

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 51, le 04 janvier 2020

  • Encore une affaire qui mousse dans l'opinion publique pour rien. Puisque les 4 grades d'avancement sont redevenus, sur ordre du ministre, dans les calculs des indemnités, comme un grade et demi, il n'y a plus de sujet ni pour diffamer ni pour se pourvoir en justice. Gardons le temps et la disponibilité de la justice pour les vrais sujet des litiges entre les citoyens et ceux d'intérêt général et contre la corruption.

    Shou fi

    11 h 45, le 04 janvier 2020

  • Atteinte au prestige" ! Laissez moi rire. Je tombe à la renverse du haut du rocher de Raouché. Y a-t-il encore un atome de prestige dans notre pays ? Il a été livré à l'étranger par ceux qui nous gouvernent sans aucune compétence sauf celle de ramper devant n'importe quel envahisseur venant de l'hinterland proche ou lointain. Issam Khalifé est un homme libre, laissez la paix à ce tout petit bout de liberté qui reste encore dans notre Patrie.

    Un Libanais

    10 h 34, le 04 janvier 2020

  • "Atteinte au prestige" !!! Je tombe à la renverse du haut du rocher de Raouché... Y a-tilun

    Un Libanais

    10 h 18, le 04 janvier 2020

  • C'EST INIMAGINABLE QU'ON ESSAYE DE CHATOUILLER LE GRAND ISSAM KHALIFÉ. CE QUI SE PASSE DANS LES RUES APRÈS LE 17 OCTOBRE, ISSAM L'A PENSÉ ET L'A COMMENCÉ AVANT LES ANNÉES 70 PAR "HARAKAT AL WAII" LE MOUVEMENT DE RÉVEIL. SES PARCOURS COMME ÉTUDIANT, COMME PROF OU COMME PENSEUR PATRIOTE SONT PARFAITS. LA HONTE À CE PAYS QUAND LES RATÉS PRENNENT LE POUVOIR ET ABUSENT. VIVE ISSAM KHALIFÉ COMME MINISTRE DE L'ÉDUCATION NATIONALE POUR NETTOYER TOUS CES PARASITES ANTI CULTURE.

    Gebran Eid

    05 h 17, le 04 janvier 2020

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