L'ancien dirigeant de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, dans une vidéo diffusée par ses représentants le 9 avril 2019. AFP PHOTO / Representatives for Carlos Ghosn
Carlos Ghosn tiendra une conférence de presse le 8 janvier à Beyrouth, a annoncé mercredi l'un de ses avocats à Reuters. Une source proche du dossier a toutefois précisé à L'Orient-Le Jour que la date n'était pas encore définitivement fixée, et qu'il ne s'agirait pas nécessairement d'un format conférence de presse.
Assigné à résidence depuis le mois d'avril à Tokyo, l'ancien dirigeant de Renault-Nissan est parvenu à quitter le territoire japonais et à rejoindre le Liban lundi matin, pays dont il détient la nationalité et qui n'a aucune convention d'extradition avec le Japon. Les circonstances de son voyage demeurent mystérieuses.
"Je suis à présent au Liban. Je ne suis plus l'otage d'un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité", a écrit M. Ghosn, dans un communiqué transmis mardi par ses porte-parole. "Je n'ai pas fui la justice, je me suis libéré de l'injustice et de la persécution politique. Je peux enfin communiquer librement avec les médias, ce que je ferai dès la semaine prochaine", a affirmé dans son communiqué l'homme d'affaires de 65 ans.
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Depuis l’arrivée de M. Ghosn au Liban, les médias ont rapporté diverses informations quant aux conditions de sa sortie du Japon. Mercredi, Reuters indiquait, citant deux membres de son entourage, que c’est une société privée qui a orchestré la fuite de Carlos Ghosn et lui a permis d'échapper à la surveillance étroite des autorités japonaises. Une information que L'Orient-Le Jour n'a pu vérifier.
Selon une des sources de Reuters, Carlos Ghosn a été reçu dès son arrivée au Liban par le président Michel Aoun qui l'a chaleureusement accueilli au palais de Baabda, sa résidence officielle. Une source proche du palais de Baabda, interrogée par L’Orient-Le Jour, a toutefois démenti cette information.
Certains médias libanais ont également avancé que Carlos Ghosn s'était dissimulé dans une malle théoriquement destinée à transporter des instruments de musique, une version que son épouse a démentie auprès de Reuters tout en refusant de révéler les détails de cette fuite rocambolesque.
Les déclarations des deux sources de Reuters tendent à démontrer que l'ancien dirigeant a minutieusement mûri son projet d'évasion avec l'appui d'une société de sécurité privée qui l'a exfiltré du Japon par un vol privé vers Istanbul d'où il a ensuite gagné le Liban. "Il s'agit d'une opération très professionnelle, du début à la fin", a déclaré une des sources de Reuters précisant que le même le pilote de l'appareil qui l'a acheminé ignorait sa présence à bord.
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La Sûreté générale et le ministère libanais des Affaires étrangères ont fait savoir mardi qu'il était entré en toute légalité sur le territoire libanais. “Il importe à la Direction générale de la Sûreté générale de confirmer que le citoyen est entré au Liban légalement et qu'aucune mesure n'impose l'adoption de procédures à son encontre ni l'expose à des poursuites judiciaires", peut-on lire dans un communiqué publié par la SG.
M. Ghosn avait été arrêté au Japon en novembre 2018 à Tokyo pour des accusations de malversations financières lorsqu'il était PDG de Nissan, accusations qu'il a toujours rejetées. Son procès était prévu en 2020. Carlos Ghosn a été libéré en mars dernier en échange du versement d'une caution d'un milliard de yens (7,9 millions d'euros environ) avant d'être de nouveau arrêté par la justice japonaise puis placé en résidence surveillée en avril avec interdiction de quitter le pays.
Au Japon, c'est un sentiment de sidération qui domine jusque dans les rangs de l'équipe d'avocats qui le défendait et cette fuite pourrait avoir des répercussions sur le système judiciaire, estiment plusieurs spécialistes. "Les professionnels du droit et les députés doivent réfléchir au plus vite à de nouvelles mesures pour éviter que de telles fuites se reproduisent, a commenté Yasuyuki Takai, un ancien procureur.
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Je dirai même qu'on attend son discours avec bcp d'impatience et d'intérêt comme on attend celui du chef de la résistance libanaise.
16 h 33, le 02 janvier 2020