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À La Une - Liban

Le Japon sidéré par la fuite de Carlos Ghosn

Les trois passeports officiels de l'un des hommes les plus reconnaissables de la Planète sont détenus par ses avocats japonais, garants du respect des condition de sa liberté sous caution.

Le principal avocat de Carlos Ghosn, Junichiro Hironaka, parle à la presse, à Tokyo, le 31 décembre 2019. Kyodo/via REUTERS

Comment Carlos Ghosn, l'un des hommes les plus connus et reconnaissables de la Planète, a-t-il pu quitter le Japon sans être repéré, quelles conséquences sur son procès ? Ce sont les premières questions qui se posent au Japon où la sidération l'emportait mardi.

L'ex-magnat de l'automobile de 65 ans, qui possède trois nationalités (française, libanaise et brésilienne), est parvenu à sortir de l'archipel où il était en liberté surveillée sans que quiconque ne s'en aperçoive.

Alors qu'il préparait son procès avec assiduité, selon ses défenseurs, et semblait, selon des proches, se plier avec application à toutes les règles imposées (pas de séjour à l'étranger, ne pas voir ni contacter sa femme, rapporter toutes ses rencontres, ne pas quitter Tokyo plus de trois jours), cette fuite a surpris tout le monde. Son principal avocat, Junichiro Hironaka, qui a appris la nouvelle "par la télévision", s'est dit "abasourdi".

"Bien sûr que c'est inexcusable, puisque c'est une violation des conditions de sa libération sous caution, c'est illégal au regard de la loi japonaise, mais pour autant, de là à dire que je ne comprends pas son ressenti, c'est une autre histoire", a-t-il déclaré aux médias, visiblement affecté.


(Lire aussi: Carlos Ghosn au Liban : les réseaux sociaux s'enflamment)


" Injustice et persécution politique"

Selon une source anonyme de la chaîne publique NHK, "l'Agence des services d'immigration a indiqué n'avoir aucune trace quelconque" (informatique, vidéo) d'un Carlos Ghosn quittant le pays.

Or, ses trois passeports officiels sont détenus par ses avocats japonais, garants du respect des condition de sa liberté sous caution. Ces sésames sont toujours en leur possession, a précisé mardi M. Hironaka, ce qui laisse supposer que M. Ghosn a fui avec un autre document ou en échappant à des contrôles. "Il n'était pas censé partir. Si nous avions été informés avant, nous aurions prévenu l'autorité judiciaire", a de son côté indiqué, toujours à la NHK, un fonctonnaire du ministère des Affaires étrangères.

Des critiques de parlementaires commençaient à fuser sur les réseaux sociaux, telle celle de Masahisa Sato, du Parti libéral démocrate (PLD) au pouvoir, jugeant "problématique qu'un pays laisse ainsi faire un départ illégal".

En l'état, les procureurs nippons apparaissent bien démunis. Selon M. Hironaka, en toute logique, la libération sous caution va être annulée, l'argent versé (quelque 12 millions d'euros au total) gardé par la justice. Mais en l'absence de traité d'extradition entre Beyrouth et Tokyo, M. Ghosn a peu de risque d'être renvoyé au Japon.

Dans tous les cas, même si les procureurs vont à coup sûr se démener, les charges à son encontre seront difficiles à faire valoir à l'étranger, surtout envers un Liban enclin à défendre son citoyen, a expliqué à l'AFP l'ex-procureur et aujourd'hui avocat Nobuo Gohara, extérieur au dossier mais qui en analyse depuis le départ les éléments.

"Une chose est sûre. Pour les procureurs, c'est une situation extrêmement grave. Nissan doit avoir peur. Les procureurs aussi", estime M. Gohara. "L'équipe de défense a complètement perdu la face. Ils ont promis au juge que M. Ghosn resterait au Japon comme condition de sa libération sous caution. Ils ont conservé ses passeports mais il est parti à l'étranger", souligne-t-il.

Un procès en l'absence du prévenu n'est pas envisageable au Japon, selon cet avocat. Pour lui cette fuite est aussi le résultat d'un système judiciaire qui laisse peu d'espoir de s'en sortir. M. Ghosn et sa famille ont depuis l'arrestation protesté contre les méthodes japonaises, qualifiant le système de "justice de l'otage", à l'instar de ses défenseurs français.

Les procureurs, eux, avaient de leur côté fait des pieds et des mains pour qu'il ne soit pas libéré, arguant justement qu'il risquait de partir.

En quittant le Japon, "je ne suis plus l'otage d'un système judiciaire japonais partial où prévaut la présomption de culpabilité, où la discrimination est généralisée et où les droits de l'homme sont bafoués, cela au mépris absolu des lois et traités internationaux que le Japon a ratifiés et qu'il est tenu de respecter", a écrit M. Ghosn dans un communiqué qu'il termine ainsi: "je n'ai pas fui la justice, je me suis libéré de l'injustice et de la persécution politique".


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commentaires (8)

arrêtez de faire les vierges effarouchées… sans votre accords ou sans négociation .. Personne n'aurait pu le soustraire du Japon .. c'est pratiquement impossible parce que c'est au japon … meme les USA font petite figure devant les japs en matiere de rigidité lol et la vous faite votre parti du film, bientôt on connaitra la version des autres, si bien sur cela sera permis par leur protagonistes (si c'est la France je douterai que cela se saura un jour)

Bery tus

23 h 38, le 31 décembre 2019

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Commentaires (8)

  • arrêtez de faire les vierges effarouchées… sans votre accords ou sans négociation .. Personne n'aurait pu le soustraire du Japon .. c'est pratiquement impossible parce que c'est au japon … meme les USA font petite figure devant les japs en matiere de rigidité lol et la vous faite votre parti du film, bientôt on connaitra la version des autres, si bien sur cela sera permis par leur protagonistes (si c'est la France je douterai que cela se saura un jour)

    Bery tus

    23 h 38, le 31 décembre 2019

  • Je comprends quand les américains ont bombardé avec des bombes atomiques Hiroshima et Nagasaki . Les atrocités qu'ils ont fait en Chine et d'autres pays asiatiques mais ils n'ont pas mis de l'eau dans leur viin

    Eleni Caridopoulou

    21 h 23, le 31 décembre 2019

  • "Le Japon est sidéré... " Il y a des limites aux humiliations que ce soit au Japon ou sur la planète Mars. Une histoire : Vers 1925, un charretier assis derrière l'âne qui tirait une charrette lourdement chargée dans la montée de Sarba. Dès que l'âne ralentissait, le charretier tapait fort sur son dos avec un tuyau en Caoutchouc. Deux soldats p

    Un Libanais

    21 h 01, le 31 décembre 2019

  • Si en plus les 12 millions de $ de la caution, c’était un chèque émis par une banque libanaise, ils l’auront eu dans le baba jusqu’au cou :D

    Gros Gnon

    19 h 34, le 31 décembre 2019

  • QUELLE BELLE LEÇON A REÇU LE JAPON DANS LE DOMAINE DE LA JUSTICE ET LE RESPECT DE L'HOMME. CE QUI LES OBLIGE DANS L'AVENIR À CHANGER LEURS SALES MÉTHODES.

    Gebran Eid

    15 h 53, le 31 décembre 2019

  • JE CROIS QU,ILS ONT FACILITE SINON PROGRAMME SA FUITE CAR DES TETES JAPONAISES DE NISSAN ETAIENT PRETES A TOMBER.

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 40, le 31 décembre 2019

  • WLEK BRAVO 3LEK MIT MARRA !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 15, le 31 décembre 2019

  • Ses ex-avocats....certes sont sidérés, mais pas le gouvernement japinais, même si officiellement ce gouvernement va gesticuler pour montrer son mécontentement. Enfin les passeports de Carlos dommage qu'ils ne sont pas dédicacés en souvenir aux dociles avocats japonais.

    Sarkis Serge Tateossian

    15 h 07, le 31 décembre 2019

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