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Moyen Orient et Monde - Israël

Netanyahu assure sa place à la tête du Likoud... mais après ?

Le chef du gouvernement israélien a maintenant deux mois pour tenter de conquérir les voix des électeurs israéliens afin de se maintenir au pouvoir et d’échapper à la justice.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’adressant à la presse près de Tel-Aviv, le 27 décembre 2019. Amir Cohen/Reuters

Le « roi Bibi » conserve sa couronne. Le Premier ministre israélien a très largement remporté hier les élections primaires du Likoud – un scrutin aux allures de test de popularité au sein de la formation de droite – avec 72,5 % des voix, sur une participation totale très légèrement inférieure à 50 % (soit 57 000 votants). « C’est une immense victoire ! Merci aux membres du Likoud pour leur confiance, leur soutien et leur affection », a réagi sur Twitter le chef du gouvernement israélien dans la nuit de jeudi à vendredi, une heure après la fin du dépouillement. « Avec votre aide et celle de Dieu, je dirigerai le Likoud vers une grande victoire aux élections à venir et nous continuerons à mener l’État d’Israël vers des réussites sans précédent », a-t-il poursuivi.

Son adversaire, Gideon Saar, législateur de haut rang et ancien ministre de l’Éducation qui s’affichait ces derniers jours comme le premier opposant à Benjamin Netanyahu au sein du parti, a reconnu sa défaite et félicité son adversaire tout en ne reniant pas son opposition à son égard. « Je suis satisfait de ma décision de me dresser » contre lui, a-t-il également écrit sur Twitter. « Ceux qui ne veulent pas prendre de risque ne gagneront jamais. » « Félicitations au Premier ministre (...). Mes collègues et moi serons derrière lui lors de la campagne pour assurer la victoire du Likoud », a-t-il ajouté, en référence aux élections législatives du 2 mars 2020.Benjamin Netanyahu devait à tout prix gagner les primaires du Likoud. Coincé entre ses revers politiques d’un côté – notamment après ses deux échecs consécutifs à former un gouvernement – et les poursuites judiciaires de l’autre (trois affaires de corruption, de fraude et d’abus de confiance), le chef du gouvernement israélien n’avait pas d’autre issue que la victoire pour espérer garder la tête hors de l’eau.

Cela expliquerait sans doute sa victoire. Ses survies politique et personnelle étaient en jeu. Benjamin Netanyahu, 70 ans, a par ailleurs une stature difficile à remettre en cause. Il est à la tête du Likoud depuis 14 ans, titulaire de la plus importante longévité au poste de Premier ministre avec treize années au compteur, mais s’est aussi construit une image de « monsieur sécurité » d’Israël qu’aucun de ses détracteurs au sein du parti ne semble pouvoir casser ou reprendre à son compte.


(Lire aussi : Les limites du système politique israélien)



Immunité judiciaire

Ses échecs politiques et les poursuites judiciaires n’auront pas réussi à saper son image de leader « incontestable » du Likoud, mais aussi d’animal politique. « Il était clair que pour Gideon Saar, avoir plus de 30 % aurait été un succès (…) Netanyahu s’est réfugié derrière sa base dure, donc il est logique qu’après avoir dirigé le parti pendant si longtemps, il continue de remporter des primaires de cette nature », explique Jean-Paul Chagnollaud, président de l’Iremmo (Institut de recherches et d’études Méditerranée-Moyen-Orient), contacté par L’Orient-Le Jour. « Benjamin Netanyahu est quelqu’un qui paraît à chaque fois sûr de lui, et il semble capable de tout pour arriver à ses fins (…) Tous les discours radicaux vont resurgir (…) Il est vraiment capable d’aller très loin », ajoute-t-il. L’homme n’est donc pas encore fini et tiendra une fois de plus les rênes de son parti en vue des élections législatives de mars 2020, les troisièmes en moins d’un an après les échecs successifs de « Bibi », Benny Gantz – son grand rival politique et président du parti « Bleu Blanc » – et de la Knesset à former un gouvernement. Tout reste cependant à faire pour le Premier ministre israélien.

Car gagner les primaires du Likoud n’était que la première étape de la nouvelle campagne en vue des prochaines législatives. Benjamin Netanyahu doit maintenant les gagner afin de se maintenir au pouvoir, mais également bénéficier d’une immunité qui le préservera de toute peine judiciaire. La loi israélienne prévoit que tout ministre poursuivi pénalement doit démissionner, mais cela ne s’applique pas au Premier ministre.


(Pour mémoire : Au Likoud, la couronne de « Bibi » fait des envieux)



La victoire de M. Netanyahu aux primaires du Likoud ne signifie pas nécessairement un changement de la donne en vue des législatives de mars. Car bien qu’elle puisse lui donner le sourire, cette victoire ne se limite qu’au noyau dur des militants du Likoud, ce qui représente près de 130 000 personnes. En ce qui concerne la conquête des voix des « sympathisants » et des « électeurs » israéliens, c’est une tout autre histoire. « Par sa victoire aux primaires, Netanyahu montre qu’il conserve un certain contrôle sur le noyau dur du parti et sur les militants (…) mais au niveau de son électorat, d’après les sondages, son image s’est un peu dégradée », explique Jean-Pierre Chagnollaud, notant que « les récents sondages prédisent, au mieux, que l’on aura en mars des résultats assez similaires aux deux scrutins d’avril et de septembre » , ce qui impliquerait que le Likoud et le parti « Bleu Blanc » se retrouveront au même niveau.

Il faudra pourtant tenter de trouver des compromis avec les autres partis pour sortir l’État hébreu de l’impasse politique, la plus longue de son histoire, dans laquelle il est plongé depuis avril dernier. Faute de quoi les scénarios qu’a connus le pays ces derniers mois pourraient se répéter. On retournerait ainsi à la case départ.


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