La directrice générale du département du trafic routier, Hoda Salloum, qui est détenue, sera entendue mercredi par le premier juge d’instruction de Beyrouth, Georges Rizk, dans le cadre d'une plainte de la procureure générale du Mont-Liban, Ghada Aoun, pour enrichissement illicite.
Certaines des charges retenues contre Mme Salloum par la juge Aoun - pots-de-vin, faux et usage de faux, dilapidation de fonds publics - ont été annulées vendredi, et la chambre d’accusation de Beyrouth a ratifié la décision du juge Rizk de la remettre en liberté sous caution d’élection de domicile. La juge Aoun avait toutefois rejeté cette décision et maintenu en état d’arrestation la directrice générale.
En conséquence, l’avocat de Mme Salloum, le député Hadi Hobeiche, a déposé auprès de la Cour d’appel du Mont-Liban une demande visant à dessaisir la procureure générale du Mont-Liban du dossier de sa cliente.
Hier, Mme Salloum a attaqué en justice la juge Aoun, reprochant à cette dernière d’avoir ordonné son arrestation afin de faciliter son remplacement par une personnalité affiliée à une autre formation politique. La plainte lancée contre Ghada Aoun a été déposée par Hadi Hobeiche.
Mme Aoun a déposé plainte contre le député du courant du Futur auprès du parquet de cassation pour diffamation et atteinte à sa personne. Suite à cette plainte, M. Hobeiche avait fait irruption dans le bureau de la juge Aoun pour contester l’arrestation de sa cliente et avait insulté la juge. Le député a déposé de son côté une plainte contre Mme Aoun pour le même grief de diffamation ainsi que pour humiliation.
Inspection judiciaire
De son côté, la juge Aoun a comparu dans la journée devant l'Inspection judiciaire, conformément à une décision du Conseil supérieur de la magistrature en raison de déclarations publiques faites sans en avertir sa hiérarchie, mais aussi en raison des plaintes déposées contre elles par Hoda Salloum et Hadi Hobeiche.
Dimanche, le député du Akkar et membre du courant du Futur est revenu à la charge, lors d’une conférence de presse, contre la juge Ghada Aoun appelant à "mettre un terme à l’injustice subie par la directrice générale de la commission de direction du trafic routier, Hoda Salloum". "Si Hoda Salloum a commis une quelconque infraction, elle devra en répondre, mais monter des dossiers est de la corruption par excellence", s’est insurgé l’avocat pour qui l’affaire Hoda Salloum est le résultat d’une politisation de la justice. "Il y a des efforts depuis deux ans pour licencier Hoda Salloum et nommer à sa place un directeur affilié à une autre formation politique", avait-il affirmé. "Mais lorsque cette option a échoué au niveau politique, un dossier a été monté de toutes pièces, et l’affaire a commencé lorsqu’un avocat de cette formation politique (le Courant patriotique libre de Gebran Bassil, dont la juge Aoun est estimée proche, selon ses détracteurs) a porté une plainte infondée."
"Le CPL n'a jamais demandé le départ de Hoda Salloum", a répliqué mardi le député Assaad Dergham, membre du groupe parlementaire du "Liban fort" dont le CPL est la principale composante. "A l'époque, nous avions juste reproché au ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, et à M. Hobeiche, d'avoir voulu renouveler son mandat. Les nominations administratives avaient alors été gelées pour cette raison, notamment au sein de la direction générale du département du trafic routier où des soupçons de corruption existaient déjà", a-t-il ajouté.
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commentaires (5)
JE N,AU PAS VU -LA JUSTICE- SEVIR CONTRE QUELQUE GROS REQUINS DE LA CORRUPTION ENCORE... ET DIEU CONNAIT QU,ON EN A DES CENTAINES. ON SE CONTENTE DE POURSUIVRE LES PETITS ET MOYENS POISSONS. DE LA POUDRE AUX YEUX DES CITOYENS.
LA LIBRE EXPRESSION
09 h 10, le 18 décembre 2019