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À La Une - Liban

Convois, sits-in, "marche de la faim" : un "dimanche de colère"

Des contestataires violemment empêchés par la police du Parlement d'approcher du siège de l'hémicycle, place de l'Etoile.

Des femmes rassemblées à Saïda pour une "marche de la faim", le 6 décembre 2019. Photo Mountasser Abdallah

Le mouvement sans précédent de contestation contre la classe politique, accusée d'incompétence et de corruption, a organisé au 53e jour de la révolte populaire un "dimanche de la colère" à travers le territoire, à la veille des consultations parlementaires qui devaient avoir lieu lundi à Baabda, en vue de nommer un nouveau Premier ministre, avant que le palais présidentiel n'annonce leur rapport au lundi prochain. 

Malgré la pluie, une série de manifestations se sont tenues à travers le territoire, notamment des convois de voitures rassemblant les protestataires à travers le pays pour réclamer un Premier ministre ayant des "références acceptables".

A Beyrouth, plusieurs véhicules se sont rassemblées sur la voie express du Ring, au centre-ville de Beyrouth, pour se rendre dans les quartiers de Hamra, Aïn Mreissé, Achrafieh jusqu'à la place des Martyrs. Le point d'orgue de cette journée a été un rassemblement dès 16 heures devant le siège du Parlement. D'autres "convois des consultations" ont été organisés à Saïda, au Liban-Sud, à Rachaya, dans la Békaa-ouest, à Jal el-Dib, dans le Metn, ainsi qu'à Jounieh, dans le Kesrouan.

Par ailleurs, selon des vidéos circulant sur les réseaux sociaux, des contestataires ont été violemment empêchés par la police du Parlement d'approcher du siège de l'hémicycle, place de l'Etoile. Selon ces vidéos, des manifestants ont été frappés et empêchés de filmer ; d'autres auraient été arrêtés.



Les contestataires ont qualifié cette journée de "troisième tournant dans la révolution", après ceux du 17 octobre dernier, début de la révolte populaire, et du 22 novembre, à l'occasion de la fête de l’Indépendance.



(Lire aussi : Convois, marche de femmes, sit-in : un samedi de forte mobilisation dans tout le Liban)



A Saïda, des dizaines de femmes, drapeaux libanais à la main, se sont rassemblées sur la place Elia pour une "marche de la faim" afin de distribuer des repas et des denrées alimentaires aux personnes dans le besoin, selon notre correspondant Mountasser Abdalla, scandant des slogans contre les taxes, la dollarisation de l'économie libanaise et le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé. 


Photo Mountasser Abdallah


"Il s'agit d'une initiative collective indépendante des partis pour répondre au cri des pauvres", assure l'un des organisateurs de l'initiative. Un des femmes présents explique que l'initiative a été notamment financée par des commerçants de la ville. Un des cuisiniers mobilisés a expliqué à notre correspondant que 150 repas devraient être distribués. 

En soirée, l'Ani a rapporté que des manifestants se sont rassemblés devant la Banque du Liban à Saïda rejetant la politique monétaire de la Banque centrale. 


Photo Mountasser Abdallah


Dans la même région, des contestataires ont forcé dans la nuit les portes protégeant le secteur de Kanayat, la rive du fleuve Awali qui avait été fermée aux promeneurs, après avoir été achetée par des investisseurs, estimant que "les bien-fonds fluviaux ont été volés par les commerçants au pouvoir qui ont mis la main sur cette région en jouant avec la loi sur la propriété". "Nous défendons la douleur endurée par les pauvres, et portons la voix de ceux qui n'en ont pas face au pouvoir politique corrompu", peut-on lire dans un communiqué publié par ces contestataires repris par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).

A Tripoli, des contestataires et des étudiants agitant des drapeaux libanais se sont rassemblés pour une marche allant de la place Abdel Hamid Karamé à Mina contre le gaspillage et la corruption.  En soirée, l'Ani a rapporté que les "organisateurs du mouvement à Tripoli ont annoncé que lundi sera une journée de grève générale à Tripoli et que les routes de la ville seront coupées dès l'aube". 

A Zouk, dans le Kesrouan, plusieurs manifestants se sont rassemblés devant la centrale électrique de la localité, notamment pour protester contre la pollution et les dommages sur l'environnement qu'engendrent la centrale.


Photo Ani


Le président de la République Michel Aoun devait tenir lundi des consultations parlementaires contraignantes pour nommer un nouveau Premier ministre, après la démission de Saad Hariri sous la pression de la rue le 29 octobre.  Mais à 22h, Baabda a annoncé que es consultations parlementaires contraignantes qui devaient ont été reportées au lundi d'après, soit le 16 décembre.


Le chef de l’État et ses alliés sont en faveur d'un gouvernement dit "techno-politique", alors que la rue réclame un cabinet formé intégralement d'experts indépendants. Samir Khatib, un homme d'affaires à la tête de la compagnie Khatib & Alami, qui était jusque-là donné favori, a annoncé en début de soirée qu'il jetait l'éponge, après le soutien des milieux sunnites à la candidature de Saad Hariri. 

La rue avait déjà fait savoir qu'elle s'opposait à la désignation de Samir Khatib à la tête du prochain cabinet. "Si Samir Khatib était désigné pour le poste de Premier ministre à l'issue des consultations parlementaires, nous nous dirigerions vers un embrasement de la rue et une désobéissance civile", avait prévenu samedi, le porte-parole des Forces libanaises, Charles Jabbour. "M. Khatib ne pourra entrer au Grand Sérail que par la force", avait-il prédit.


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commentaires (6)

LA CONTESTATION NE DECOLERE ET NE DECOLERERA PAS. IL FAUT QU,ILS SE LE METTENT DANS LA TETE.

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 05, le 09 décembre 2019

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Commentaires (6)

  • LA CONTESTATION NE DECOLERE ET NE DECOLERERA PAS. IL FAUT QU,ILS SE LE METTENT DANS LA TETE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 05, le 09 décembre 2019

  • La vidéo de la police du Parlement en train de frapper violemment des manifestants est tout simplement choquante. Le président Berry devrait ordonner immédiatement une enquête disciplinaire et s’excuser auprès de la population qu’il est sensé défendre. Sinon, il lui serait plus honorable de démissionner pour exprimer son désaccord par rapport à cette violence policière car je n’ose imaginer qu’il en soit l’instigateur

    Lecteur excédé par la censure

    21 h 16, le 08 décembre 2019

  • Nous avons lu avec stupéfaction que le PM sortant tendait la main à certaines puissances pour nous envoyer à manger . Y’a Hasra ala Loubnane car ne pouvait il pas en catimini demander à nos milliardaires de mettre la main à la poche en les rassurant sur la discrétion de la provenance ? Les pays à qui ils s’adressent ne viennent ils pas se financer chez nous la veille de leurs élections ou bien viennent ils juste prendre la bénédiction Levantine ?

    PROFIL BAS

    14 h 44, le 08 décembre 2019

  • Que le Dieu de la révolution les entende.

    FRIK-A-FRAK

    14 h 02, le 08 décembre 2019

  • La colère des manifestants est amplement justifiée, mais le temps, pour eux, maintenant est venu de condenser les revendications et de présenter un projet cohérent, nous disposons au Liban, suffisamment, d'hommes et de femmes capables de mener à bien un projet. D'hommes et de femmes qui ne sont pas issus d'une affiliation qui permette, en tant que fils de ou gendre de...gouverner ce pays.

    C…

    13 h 19, le 08 décembre 2019

  • LEUR FAVORI KHATIB EST UN AMI À EUX TOUS, TOUS YAANI TOUS. MAIS LE LIBAN CHERCHE UN AMI AU PEUPLE POUR LES NETTOYER TOUS. ILS SONT ENCORE ENTRAIN DE MISER SUR DES TOCARDS. LEUR FAVORI EST MORT NÉ.

    Gebran Eid

    13 h 00, le 08 décembre 2019

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