Les évêques maronites réclament un « gouvernement intègre » et une « initiative salvatrice »

Les évêques maronites ont réclamé hier un « gouvernement intègre » et une « initiative salvatrice », alors que le mouvement de contestation contre le pouvoir accusé d’incompétence et de corruption est entré dans son 49e jour. Quelques heures plus tard, le président Michel Aoun a fixé les consultations parlementaires contraignantes en vue de nommer un Premier ministre au lundi 9 décembre, une décision saluée par le patriarche Béchara Raï.

« Le Liban est entré dans la huitième semaine de colère populaire exprimant les craintes d’un effondrement de l’État et de la famine qui frappent à la porte, sans qu’aucun signe sérieux d’écouter les revendications des gens et d’y répondre n’apparaisse », indique un communiqué publié à l’issue de la réunion mensuelle des évêques, qui dénonce les « politiques noyés dans leurs intérêts particuliers ». « Nous demandons rapidement un gouvernement intègre et capable d’éloigner le Liban des dangers qui le menacent, de mettre fin à la corruption, de lancer un mécanisme pour rendre la justice indépendante, de recouvrer les avoirs volés, d’assurer les garanties bancaires des gens et de répondre à leurs revendications pour une vie digne », poursuit ce texte. « La persistance des responsables politiques dans leurs tergiversations pousse la jeune génération et les forces vives à émigrer. Cette grave responsabilité leur incombe », estiment les prélats, réunis sous la présidence du patriarche maronite, mettant en garde « ceux qui tentent de s’attaquer à la révolte du peuple », sans préciser qui est visé.

Bonne et mauvaise nouvelle

Plus tard en soirée, le patriarche Raï a salué la convocation par le président Aoun aux consultations parlementaires contraignantes, tout en souhaitant qu’un gouvernement soit formé rapidement. Il a aussi déploré les cas récents de suicide en raison des difficultés financières. Prenant la parole au chapelet du soir aux intentions du Liban, le patriarche Raï a déclaré : « Aujourd’hui, je veux parler de deux choses, une bonne nouvelle et une autre, mauvaise. La bonne nouvelle, c’est que la présidence de la République a annoncé le début des consultations lundi prochain. La mauvaise, c’est que ces derniers jours, deux personnes se sont suicidées en raison de difficultés financières. Il est très douloureux qu’un homme décide de mettre fin à sa vie parce qu’il ne peut assurer l’argent et la vie digne à sa famille », a déclaré Mgr Raï depuis Bkerké. « Nous prions aujourd’hui pour le repos de l’âme de ces jeunes et pour que les autorités concernées accélèrent la formation du gouvernement, car cet état de stagnation affecte toutes les institutions et conduit au licenciement des citoyens de leur travail », a-t-il ajouté.