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À La Une - Diplomatie

Les 70 ans de l'OTAN assombris par les dissensions et la colère de Trump

Dans sa déclaration finale, l'organisation reconnaît pour la première fois l'influence croissante et les politiques internationales de la Chine comme "des opportunités et des défis".

Les membres de l'OTAN, réunit lors du sommet de l'organisation à Londres, le 4 décembre 2019. Photo AFP / Adrian DENNIS

Entre des dissensions exposées au grand jour et des moqueries qui ont piqué au vif Donald Trump, les 29 membres de l'OTAN ont peiné mercredi à afficher leur cohésion face aux défis qui émergent trois décennies après la fin de la Guerre froide.

Défis posés par le terrorisme, la Chine et la Russie, intervention turque en Syrie lancée sans concertation avec les alliés, insistance américaine à partager davantage le financement de la sécurité collective: les sujets difficiles ne manquaient pas pour la réunion organisée sur un golf de luxe à Watford, dans la banlieue de Londres.

Au final, c'est une vidéo dans laquelle le Premier ministre canadien Justin Trudeau semble se moquer avec Emmanuel Macron de Donald Trump lors de la réception donnée mardi soir à Buckingham Palace qui a déclenché l'ire américaine. "Il est hypocrite", a lâché le milliardaire républicain, qui avait déjà eu des échanges difficiles avec M. Trudeau après le G7 de 2018, avant d'annuler sa conférence de presse finale.

Donald Trump s'est en fait longuement exprimé à plusieurs reprises devant les journalistes lors de ses entretiens bilatéraux mardi avant le début du sommet. Il avait aussitôt donné le ton d'un sommet difficile en qualifiant de "très insultants" les déclarations d'Emmanuel Macron jugeant l'OTAN en "mort cérébrale". Arrivant à Watford mardi matin, le président français a répété "assumer totalement" ses propos très critiqués par ses alliés. "Ils ont permis de soulever un débat qui était indispensable", a-t-il insisté. "Je pense que notre responsabilité était de soulever les ambiguïtés qui pouvaient être nuisibles et d'assumer un vrai débat stratégique."


(Lire aussi : Quelle direction peuvent prendre les relations entre l’OTAN et la Turquie ?)



"Défi" chinois

L'Organisation née en 1949 se trouve confrontée à des défis considérables 30 ans après la chute du mur de Berlin. Dans sa déclaration finale adoptée mercredi, elle reconnaît pour la première fois l'influence croissante et les politiques internationales de la Chine comme "des opportunités et des défis". Elle dénonce par ailleurs les actions agressives de la Russie et avertit qu'elle restera une alliance nucléaire aussi longtemps qu'il y aura des armes nucléaires.

Angela Merkel a jugé la réunion "très constructive" malgré les dissensions: "Nous avons convenu aujourd'hui que le terrorisme est le principal ennemi". "Bien sûr qu'il y a des différences, cela serait très étrange autrement", a concédé le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, à la fin de la réunion, qui s'est employé au cours de ces deux jours de défendre le rôle de l'Alliance. "Nous avons toujours réussi à surmonter ces différences et à nous unir autour de notre objectif clé qui est de nous défendre."

M. Stoltenberg s'est vu confier une mission de réflexion sur les missions de l'OTAN à l'issue de la réunion. L'entente de façade a failli être remise en cause par la Turquie, qui bloquait l'adoption des nouveaux plans de défense pour les Etats Baltes et la Pologne et menaçait de ne pas donner son accord à la déclaration commune après les protestations contre son intervention militaire dans le nord-est de la Syrie contre les forces kurdes considérées comme terroristes.

La tension est montée entre Ankara et Paris et a tourné à l'incident diplomatique la semaine dernière lorsque Recep Tayyip Erdogan a jugé Emmanuel Macron en "mort cérébrale".

Avant le sommet de l'OTAN, le président français est revenu à la charge, accusant Ankara de "parfois travailler avec des intermédiaires" du groupe jihadiste Etat islamique et estimant que les deux pays n'avaient "pas la même définition" du terrorisme.

Une réunion mardi avec le président français, Angela Merkel et Boris Johnson n'a pas apporté les "clarifications" attendues, selon le chef de l'Etat français. Emmanuel Macron a affirmé ne "pas voir de consensus possible" avec la Turquie sur la définition du terrorisme.

Mais le président Erdogan ne s'est finalement pas opposé à l'adoption de la déclaration de l'OTAN, car le texte condamne le terrorisme "sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations" et le considère comme "une menace persistante pour nous tous", a expliqué M. Stoltenberg.


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