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À La Une - Diplomatie

La France inquiète du "désengagement" américain au Moyen-Orient

"Je ne suis pas d'accord avec cette théorie de l'abandon ou de la fuite", réagit devant la presse à Manama le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain.

La ministre française des Armées, Florence Parly, lors d'un point de presse, le 23 novembre 2019 à Bahreïn. Photo AFP / Mazen Mahdi

La ministre française des Armées, Florence Parly, a exprimé samedi à Bahreïn son inquiétude d'un "désengagement progressif et délibéré des Etats-Unis" au Moyen-Orient, ce qu'a contredit un haut responsable militaire américain.

Depuis mai, les tensions dans le Golfe se sont accrues avec des attaques de pétroliers et des frappes contre des installations pétrolières majeures en Arabie saoudite, pour lesquelles l'Iran a nié toute responsabilité. La République islamique a toutefois admis avoir abattu un drone américain qui survolait, selon elle, son espace aérien. Washington a évité d'agir en représailles, le président américain Donald Trump affirmant au lendemain de la destruction du drone avoir annulé à la dernière minute des frappes contre l'Iran.

"Nous avons assisté à un désengagement progressif et délibéré des Etats-Unis", a déclaré Florence Parly lors de la quinzième édition de la conférence annuelle sur la sécurité Manama Dialogue, qui se tient dans la capitale de Bahreïn. "Quand l'attaque de navires est restée sans réponse, le drone a été abattu. Lorsque cela est resté à son tour sans réponse, d'importantes installations pétrolières ont été bombardées. Où est-ce que cela s'arrête ? Où sont les stabilisateurs ?", s'est-elle interrogée durant son discours.

"Je ne suis pas d'accord avec cette théorie de l'abandon ou de la fuite", a réagi devant la presse à Manama le général Kenneth McKenzie, chef du commandement central américain. Selon lui, la région "n'est probablement pas la plus grande priorité mondiale" mais elle "reste très importante pour les Etats-Unis". "Nous avons un porte-avions sur place, nous avons renforcé l'Arabie saoudite, nous avons envoyé d'autres forces", a ajouté le responsable américain. 


(Lire aussi : La France veut mobiliser la communauté internationale pour aider le Liban)



"Allié très fiable"

Florence Parly a reconnu que le retrait de Washington était "progressif", notant aussi l'arrivée du porte-avions USS Abraham Lincoln dans le Golfe. Le porte-avions a traversé cette semaine le détroit d'Ormuz pour démontrer "l'engagement" des Etats-Unis en faveur de la liberté de navigation, selon le Pentagone. 

Une première depuis la destruction le 20 juin du drone américain par Téhéran, dans cette zone stratégique entre l'Iran et les Emirats arabes unis. Les Etats-Unis comptent toujours quelque 60.000 soldats dans la région, y compris à Bahreïn, siège de la 5e Flotte. La base américaine d'Al-Oudeid au Qatar est la plus grande du Moyen-Orient.
"Mais la tendance (au désengagement) est, je pense, assez claire et donc probablement indépendamment de qui gagnera les prochaines élections", a souligné Florence Parly, en référence au scrutin présidentiel américain de l'an prochain.

S'exprimant lui aussi à la conférence de Manama, le ministre d'Etat aux Affaires étrangères d'Arabie saoudite, Adel al-Jubeir, a de son côté estimé que les Etats-Unis restaient "un allié très fiable". Florence Parly est par ailleurs revenue sur le lancement par Washington, en début de mois, d'une coalition maritime basée à Bahreïn pour protéger la navigation dans le détroit stratégique d'Ormuz.

La France plaide de son côté pour une mission européenne qui, selon elle, devrait pouvoir commencer "très bientôt". "Nous tenons à souligner que notre politique se distingue de la politique américaine de +pression maximale+", a expliqué la ministre, en référence aux sanctions économiques croissantes de Washington contre Téhéran.

Florence Parly est revenue sur d'autres sujets comme le "risque important" d'une nouvelle utilisation d'armes chimiques en Syrie, en particulier dans la province d'Idleb (tenue par les rebelles). "Je suis convaincue que si ces armes étaient à nouveau utilisées, la France serait prête à réagir à nouveau", a-t-elle assuré. Elle a enfin évoqué l'OTAN, alors que le président français Emmanuel Macron s'est attiré les foudres de certains alliés en début de mois en estimant dans une interview au magazine The Economist que l'Organisation était en état de "mort cérébrale", notamment en raison d'un manque de coordination entre l'Europe et les Etats-Unis. Elle a convenu que l'OTAN restait un pilier de la sécurité en Europe mais qu'il était temps de "passer de la mort cérébrale au remue-méninges".


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La ministre française des Armées, Florence Parly, a exprimé samedi à Bahreïn son inquiétude d'un "désengagement progressif et délibéré des Etats-Unis" au Moyen-Orient, ce qu'a contredit un haut responsable militaire américain.Depuis mai, les tensions dans le Golfe se sont accrues avec des attaques de pétroliers et des frappes contre des installations pétrolières majeures en Arabie...

commentaires (6)

On dit qu’un pays se doit de jouer ou d’agir pour l’intérêt de la nation et du pays ... donc je pense que c’est dans leur intérêt aux states ce statut quo !! Les américains ne sont peut être pas les plus fort au monde sûrement, mais certainement foutrait le KO en Iran ... messieurs les iraniens il ne faut pas compter sur les russes ni les chinois s’il y a confrontation entre vous et les US .. car ils se sont déjà entendus sur l’étendue de leur influences respectif

Bery tus

07 h 40, le 24 novembre 2019

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Commentaires (6)

  • On dit qu’un pays se doit de jouer ou d’agir pour l’intérêt de la nation et du pays ... donc je pense que c’est dans leur intérêt aux states ce statut quo !! Les américains ne sont peut être pas les plus fort au monde sûrement, mais certainement foutrait le KO en Iran ... messieurs les iraniens il ne faut pas compter sur les russes ni les chinois s’il y a confrontation entre vous et les US .. car ils se sont déjà entendus sur l’étendue de leur influences respectif

    Bery tus

    07 h 40, le 24 novembre 2019

  • LES AMERICAINS ONT LAISSE L,ESPACE LIBRE AUX IRANIENS PRINCIPALEMENT EN ELIMINANT SADDAM. MAIS GARE A LA VOLTE-FACE AMERICAINE OU L,IRAN SE RETROUVERAIT SUR LA LIGNE DE MIRE. CE SERAIT BIEN LA FIN DE L,IRAN DES AYATOLLAHS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 01, le 23 novembre 2019

  • L'Iran continue de jouer avec les Americains en se croyant à la hauteur. Saddam et Kaddafi ont utilisé les mêmes stratagèmes. Conclusion? La patience à des limites, c'est pourquoi il faut savoir arrêter de pousser le bouchon trop loin avant qu'il ne soit trop tard. Il y a des innocents iraniens qui n'ont rien demandé et c'est ça la différence entre la réaction d'un pays civilisé et un autre archaïque qui n'en a cure de ses citoyens et qui continuent à jouer avec le feu par égocentrisme quitte à ce que leurs citoyens en payent le prix. Rappelez- vous Hirochima. Les japonais ont fini par céder mais à quel prix?

    Sissi zayyat

    12 h 45, le 23 novembre 2019

  • L’Iran a beaucoup beaucoup à faire pour jouer dans la cours des grands: 10ans de guerre contre l’Irak , pour un match nul, mais 30 jours aux américains pour laminer Saddam. Ils devraient s’en rappeler.

    LeRougeEtLeNoir

    12 h 13, le 23 novembre 2019

  • Alors que l'USS Lincoln a traversé, jeudi 21 novembre, le détroit d'Hormuz tout en se soumettant aux règles de navigation dictées par le Corps des gardiens de la Révolution islamique, un avertissement a été lancé vendredi par le CGRI aux Américains et à leurs alliés. Un avertissement bien significatif lancé un vendredi très particulier où les unités de défense aérienne de l'Iran ont mis à l'épreuve des faits plusieurs systèmes de défense antimissile (Mersad, Khordad-3, Khordad-15...), testé des dizaines de missiles de croisière et activé plusieurs types de drones, dont des drones-brouilleurs d'onde, propres à « aveugler » les chasseurs bombardiers les plus modernes.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 46, le 23 novembre 2019

  • Qu'a été faire la France dans cette galère ? De petits joueurs sans grande importance face aux puissances russes américaines chinoises ou iraniennes . En fait leur présence c'est juste pour ne pas se faire oublier quand ils demandent l'aumône aux riches vaches à lait arabes . En Afrique ils sont chassés de partout , on ne veut plus les voir au Mali , en Centrafrique au Burkina et récemment en Côte d'Ivoire , personne n'ignore qu'ils jouent un jeu vicieux avec les touaregs de l'azawad qu'ils arment contre les militaires maliens qu'ils sont supposés protéger .

    FRIK-A-FRAK

    11 h 30, le 23 novembre 2019

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