Ahmad Hariri, secrétaire général du courant du Futur, la formation du Premier ministre démissionnaire Saad Hariri, a accusé lundi le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, de "parier sur une sédition entre sunnites et chiites", dans un contexte de bras de fer entre les deux partis liés jusque-là par un compromis présidentiel sérieusement ébranlé par le mouvement inédit de contestation contre le pouvoir entré aujourd'hui dans son 47e jour.
Ahmad Hariri réagissait au préambule du journal télévisé de dimanche soir de la chaîne OTV, organe du CPL, dans lequel il était question de remettre en cause l'action de plusieurs Premiers ministres ces 60 dernières années au Liban que le journal, les accusant de "bouderies".
"Qui est le génie de la sédition qui a inspiré à OTV ce préambule politique empli de haine touchant les fondements même de la coexistence et de la paix civile ?", s'est interrogé le secrétaire général du Futur dans un communiqué. "La chaîne du CPL a diffusé des propos dangereux selon lesquels les chefs de gouvernement qui se sont succédé sont responsables des crises, des problèmes économiques et des guerres civiles depuis les années 50. La chaîne à attribué aux chefs du gouvernement tous les maux du pays avant d'inciter les musulmans à la confrontation, pavant la voie à une sédition", a déclaré Ahmad Hariri. "Si Gebran Bassil parie sur une sédition entre sunnites et chiites et utilise sa chaîne de télévision pour inciter à cela, nous lui disons haut et fort de jouer sur un autre terrain. Le déni désolant dans lequel vit la direction du CPL ne justifie pas la fuite en avant face aux défis en falsifiant l'histoire et en cultivant les rancunes dont les Libanais ont payé le plus lourd tribut", a conclu le cadre de la formation de Saad Hariri.
La réponse du CPL
Le bureau médias du CPL n'a pas tardé à répondre à ces propos. "Il est triste qu'Ahmad Hariri tienne des propos communautaires répugnants, illustrant les provocations de la composante auquel il appartient", indique la formation dans un communiqué. Assurant que le parti fondé par Michel Aoun et dirigé par Gebran Bassil "ne fait pas, lui, pression sur les médias et ne les dirigent pas", en allusion à la chaîne du Futur, organe du parti de M. Hariri, le communiqué ajoute que le préambule du JT d'OTV "n'illustre pas la position du CPL et n'est pas écrit pas par son chef".
"Le CPL œuvre à rapprocher les Libanais pour éviter la sédition, particulièrement entre les communautés sunnite et chiite. C'est ce qui nous a amenés à sceller un compromis politique qui a assuré la stabilité et la sécurité du pays", poursuit ce texte, appelant à la formation d'un gouvernement "productif sauvant le pays de l'effondrement économique". "Le temps n'est pas aux provocations politiques et confessionnelles", indique ce texte.
"Le fait que le CPL se désolidarise du préambule d'OTV montre la pertinence des propos d'Ahmad Hariri", a réagi le bureau médias du courant du Futur.
Saad Hariri avait présenté le 29 octobre sa démission sous la pression de la rue. Mais depuis, aucune avancée n'a été enregistrée concernant la formation d'un futur gouvernement, les tractations s'éternisant entre les parties. En effet, alors que M. Hariri et sa formation exigent un gouvernement de spécialistes non-affiliés politiquement, le CPL et le tandem chiite préconisent la formation d'un cabinet techno-politique.
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commentaires (13)
Les idées de im Bassil sont inépuisables. Il a beau recevoir des râteaux il continue en espérant qu'un subterfuge nouveau finisse par prendre et enfin allume la mèche. Même pas en rêve petit va voir ailleurs si nous y sommes.
Sissi zayyat
10 h 37, le 03 décembre 2019