La propreté, dans tous ses états et à travers les âges, au musée

Dans l’État de l’Idaho, célèbre pour ses pommes de terre, se dresse sur six étages le « Museum of Clean » (le musée de la Propreté). Il a fallu pas moins de 7 000 mètres carrés pour y installer une exposition et permettre aux visiteurs de découvrir un millier d’objets qui ont participé à un art de vivre dans la salubrité, la propreté et la fraîcheur, à travers le temps. Cela va du balai à l’aspirateur et du plumeau aux moult sprays dépoussiérant dont l’évolution est retracée. Des objets, en principe, perçus avec une légère condescendance au quotidien et vite oubliés ou jetés une fois leur mission accomplie.

Le créateur de ce musée, Don Aslett, aujourd’hui octogénaire, voit les choses autrement. En exergue de son site en ligne, il envoie le message suivant : « La mission ultime et la vision de ce musée visent à répandre l’idée et la valeur de la propreté, et à la communiquer aux visiteurs que l’on accueille, et plus encore. Oui aux maisons propres, mais aussi aux esprits propres, au langage propre, à une communauté propre et à un monde propre. » Désireux donc que le ménage se fasse sous toutes les latitudes et à tous les niveaux, cet ancien PDG d’une compagnie de nettoyage de renom a déniché tous les appareillages mis au point à cet effet à travers les âges. Ses impressionnantes découvertes ayant en définitive valeur de témoignages historiques méritaient d’être préservées et partagées. Dans ce but, Don Aslett leur a réservé un cadre de choix qui, en plus de l’espace d’exposition, comprend un auditorium et une galerie d’art afin de cerner tous les aspects de cette collection insolite, et, plus encore, unique en son genre.

Mille spécimens des grands et petits ménages

Le musée a ouvert ses portes au public en novembre 2011 sous le nom du « Museum of Clean », qui n’a pas tardé à devenir l’attraction de Pocatello, ville de l’Idaho où il a été établi. Il faut dire aussi que M. Aslett s’est fait un nom dans le domaine de l’assainissement au point que souvent des émissions télévisées ont eu recours à son expertise. Il a également publié une quarantaine d’ouvrages traitant de ce sujet. Une expertise et un intérêt hérités de sa mère, comme il l’explique : « Ma mère nous avait dit qu’elle avait épousé mon père parce qu’il était un homme extrêmement propre. Notre maison, nos habits, notre nourriture, notre jardin étaient toujours nets et en excellent état. C’était comme s’il y avait un certain plaisir à prendre soin des choses qui rendent la vie meilleure. À 18 ans, j’ai mis une annonce dans un journal local me présentant ainsi : “Don Aslett, nettoyeur professionnel”. J’ai eu immédiatement des clients et j’ai ainsi trouvé ma voie. » Visitant un jour le musée de Thomas Edison à Detroit, il repère une balayeuse d’avant l’âge électrique et s’interroge : « Il y a bien des musées des voitures, des trains, des chevaux et des avions, alors pourquoi pas un musée de la propreté ? » Au bout de six années de travail, il réussit à rassembler environ mille objets marquants.

Le cheval-aspirateur et un balai vieux de 180 ans

Dans son énorme bouquet d’aspirateurs présenté au public se trouve le premier de ces appareils daté de 1869. L’appareil étant muni d’une pompe à main que l’on devait actionner pour aspirer la poussière, il fallait deux personnes pour exécuter cette tâche. Autre objet curieux de cette collection : le cheval-aspirateur. Il s’agit d’une calèche munie d’un aspirateur et attelée à un cheval qui allait de maison en maison pour faire le grand nettoyage. L’hôte des lieux a aussi déniché des objets rares : un balai vieux de 180 ans, une urne datant de 2 000 ans et déterrée à Jericho et un outil en forme de L que l’on utilisait dans la Rome antique pour nettoyer les peaux. En revenant aux temps modernes, Don Aslett n’a pas négligé de passer du plus grand au plus petit en acquérant, entre autres, tous les produits nettoyants possibles (liquides, solides, poudres), dans toutes leurs formes et couleurs. Il a même créé une aile baptisée « Odd Objects » (bizarreries) où l’on trouve d’anciennes toilettes ou encore une série de gadgets indispensables pour rendre un lieu impeccablement propre. Par les temps qui courent, et alors qu’il devient impossible de gérer l’envahissante production de déchets qui se déverse sur la planète, il ne faut plus craindre de se laisser taxer de Neat Freak, un maniaque de propreté.

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