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Économie - Crise

Les propriétaires de stations-service toujours en grève, les changeurs s’y mettent aussi

« Grève ! Grève ! Car nous ne pouvons pas acheter de dollars américains », peut-on lire sur cette banderole tendue devant une station-service, hier à Beyrouth. Mohammad Azakir/Reuters

La grève annoncée mercredi par le syndicat des propriétaires des stations-service a été suivie par une grande majorité d’acteurs de cette filière, hier. Selon plusieurs témoignages recueillis par L’Orient-Le Jour ainsi que l’Agence nationale d’information, la quasi-totalité des stations-service avaient en effet bloqué les accès à leurs pompes à essence dans toutes les régions du pays, que ce soit dans la capitale, le Mont-Liban (notamment dans le Kesrouan), au Liban-Nord (dans le Akkar, à Batroun et à Zghorta), au Liban-Sud (dans les environs de Saïda) ou encore dans la Békaa (Baalbeck-Hermel).

Une forte mobilisation qui tranche avec les précédents appels à la grève lancés par le syndicat et qui avaient parfois été boudés par une partie des autres acteurs du secteur, notamment par les succursales des grands fournisseurs de carburant opérant au Liban. Il reste que quelques rares gérants avaient quand même décidé de servir leurs clients, notamment à Beyrouth et dans le Mont-Liban.

Le mouvement devrait, sauf surprise, se poursuivre aujourd’hui, selon le président du syndicat Samy Brax. « Il y a eu des contacts, principalement avec le ministère de l’Énergie et de l’Eau, mais aucune avancée pour l’instant », indiquait-il hier soir à L’Orient-Le Jour.


Craintes de faillite

Dans son communiqué, le syndicat s’est une nouvelle fois plaint des conditions auxquelles la Banque du Liban (BDL) a décidé de soumettre le mécanisme permettant aux acteurs de la filière de débloquer des devises pour financer les importations ou les achats de carburant. Une crise supplémentaire alors que le pays vit depuis le 17 octobre au rythme d’importantes manifestations contre les dirigeants politiques. Adopté début octobre en plein contexte de resserrement de la circulation du billet vert sur le marché local, le dispositif consacré par la circulaire n°530 permet en effet à plusieurs filières stratégiques d’obtenir des dollars au taux officiel (1515 livres pour un dollar pour les transactions bancaires) de la BDL à certaines conditions jugées contraignantes par les bénéficiaires du texte. Les distributeurs de carburant, qui sont mobilisés de façon sporadique depuis fin août contre l’impact de la hausse du cours du dollar dans les bureaux de change, reprochent en outre à la BDL d’avoir unilatéralement limité à 85 % du montant total demandé par commande la quantité de dollars qu’elle accepterait de débloquer, alors qu’elle s’était initialement engagée à fournir la totalité du montant. « Tout le secteur s’est mobilisé cette fois parce que la situation n’est plus tenable avec un dollar qui se négocie à 2300 livres dans les bureaux de change », a confié à L’Orient-Le Jour un gérant de succursale. Face à cette situation, les distributeurs demandent au ministère de l’Énergie d’augmenter les prix pour couvrir leurs pertes, qu’ils évaluent à 15 %, et ce afin d’éviter la faillite de leurs entreprises dans les mois qui viennent. La ministre s’est, elle, exprimée sur le sujet à plusieurs reprises sur Twitter en mettant en garde les citoyens « de ne pas tomber dans le piège » des propriétaires de stations-service et de ne pas payer l’essence en dollar. Elle a aussi demandé aux propriétaires de stations-service de faire preuve de « solidarité » avec les citoyens. Contacté par L’Orient-Le Jour, le service de presse du ministère s’est contenté de renvoyer la balle à la BDL.


(Lire aussi : Matériel médical : la nouvelle circulaire de la BDL rejetée par les importateurs)



Baisse du cours du dollar

La ministre a enfin indiqué hier dans une conférence de presse que l’ouverture des plis des appels d’offres pour l’importation de carburant annoncés il y a deux semaines, directement par l’État, aura lieu lundi. Elle a assuré que l’importation commencera dans une quinzaine de jours au maximum. Le ministère de l’Énergie avait publié deux appels d’offres il y a une dizaine de jours, dont l’un concernant l’importation de 150 000 tonnes d’essence à 95 octanes, dans le but de « tester la réaction du marché » et d’éviter la pénurie. « Nous ne sommes pas opposés à cette initiative si elle ne bénéficie pas seulement à une poignée de sociétés », a encore jugé Samy Brax.

Mais les propriétaires de stations-service ne seront pas les seuls à faire grève aujourd’hui. Le syndicat des agents de change au Liban a appelé hier dans un communiqué ses membres à cesser le travail pour pousser les responsables politiques et financiers à « trouver rapidement des solutions permettant d’enrayer la chute de la monnaie nationale ». Ils ont également refusé de porter « la responsabilité de la crise ». Il reste que le cours du billet vert avait, selon plusieurs témoins, fortement chuté hier en fin de journée.


Rq : cet article a été corrigé le 29 novembre à 13h30, l'information selon laquelle Riad Salamé aurait menacé des changeurs de poursuites s'avérant fausse.


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Et si on avait un télépherique (au dessus de l'autoroute) qui joint le Nord vers le Sud en passant par Beyrouth, je serai le premier à le prendre pour me rendre au travail. Le télépherique est devenu le moyen de transport le moins couteux à batir et à maintenir.

Eddy

15 h 40, le 29 novembre 2019

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Commentaires (1)

  • Et si on avait un télépherique (au dessus de l'autoroute) qui joint le Nord vers le Sud en passant par Beyrouth, je serai le premier à le prendre pour me rendre au travail. Le télépherique est devenu le moyen de transport le moins couteux à batir et à maintenir.

    Eddy

    15 h 40, le 29 novembre 2019

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