Matériel médical : la nouvelle circulaire de la BDL rejetée par les importateurs

Le rassemblement des importateurs de matériel et d’équipements médicaux a rejeté hier le nouveau mécanisme mis en place par la Banque du Liban (BDL) pour permettre au secteur de débloquer des dollars afin de payer les commandes passées à l’étranger. L’organisation qui représente plus d’une centaine de sociétés au Liban s’est réunie à Beyrouth pour statuer sur la circulaire (n° 535, datée d’hier) instituant ce dispositif qu’elles considère trop contraignant et inadapté. Plus tôt dans la journée, le ministre de Santé avait appelé la BDL à faciliter le déblocage de dollars pour les acteurs de cette filière, jugeant que la situation actuelle menaçait « sérieusement » le secteur hospitalier.

Il s’agit d’un nouveau revers pour la Banque centrale qui tente de répondre aux demandes de plusieurs filières stratégiques – distributeurs de carburant, de farine ou de produits pharmaceutiques – dont l’activité est perturbée par les mesures qu’elle a adoptées depuis la fin de l’été pour limiter la circulation du billet vert sur le marché local. Une mesure qui a provoqué une forte hausse du prix du billet vert dans les bureaux de change, où il se négociait à plus de 2 050 livres en début de semaine, alors que la parité officielle fixée par la BDL depuis 1997 est toujours de 1 507,5 livres pour un dollar, 1 515/1 517 livres pour les transactions bancaires.À cette contrainte se sont également ajoutées les mesures de contrôle de capitaux mises en place par les banques et qui, bien qu’illégales en l’absence d’un aval du Parlement ou de la BDL, ont été officialisées par l’Association des banques (ABL) il y a une semaine sur fond de manifestations populaires contre les dirigeants politiques depuis le 17 octobre. Ces restrictions concernent notamment les opérations de conversions de livres en dollars au sein du secteur bancaire, mais également les retraits et les transferts de devises.

Coût du change

Une situation intenable pour les membres du rassemblement des importateurs de matériel médical, qui ont donné de la voix à plusieurs reprises ces dernières semaines pour dénoncer l’impact de ces restrictions sur l’approvisionnement des hôpitaux. La porte-parole du rassemblement, Salma Assi, a appelé le gouverneur de la BDL à modifier le texte, et souligné que la filière n’avait plus été en mesure d’importer de marchandises depuis « septembre ». En fin de semaine dernière, certains acteurs du secteur avaient indiqué à L’Orient-Le Jour que la situation était déjà « tendue » dans une partie des plus de 120 hôpitaux publics et privés du pays et qu’elle pourrait rapidement s’aggraver si aucune solution n’était dégagée dans les jours à venir.

Selon plusieurs sources, les besoins en dollars des importateurs de matériel et d’équipements médicaux s’élèvent à près de 500 millions de dollars par an. Jusqu’à hier, les importateurs espéraient que la BDL les incluraient dans les catégories d’importateurs pouvant bénéficier d’une précédente circulaire (n° 530) adoptée en octobre pour assurer le déblocage de dollars au taux de change officiel pour les importateurs de carburant, de blé et de médicaments.

Dans sa version modifiée en marge des manifestations, le texte permet à ces derniers d’obtenir de la BDL, via leurs banques et sous certaines conditions, 85 % des sommes qu’ils demandent en dollar pour financer leurs importations et dont ils doivent donc assurer l’équivalent en livres au taux officiel. La nouvelle circulaire, que L’Orient-Le Jour a consultée, confirme cette répartition de 85 %/15 % pour les importations de médicaments et de produits pharmaceutiques, et inclut deux nouvelles catégories d’importateurs éligibles, dont ceux de matériel médical qui ne pourront cependant demander que 50 % de leurs besoins en dollars, aux mêmes conditions. La troisième catégorie est celle des fabricants de médicaments, pour lesquels la BDL s’engage à fournir 75 % des dollars demandés.

« En dehors du ratio de 50 %/50 %, un des problèmes de la circulaire est qu’elle n’inclut pas les pièces de rechange des équipements médicaux », explique à L’Orient-Le Jour l’importateur Rony Abdelhay. Tout comme les autres membres du rassemblement, il dénonce également le fait que les importateurs seront en plus contraints de fournir les 50 % de dollars restés à leur charge dans les bureaux de change, même s’ils ont des comptes courants en dollars. Une restriction imposée par les banques dans le cadre des mesures de contrôle de capitaux. « Le problème restera entier, d’autant plus que les hôpitaux se sont entendus pour régler les importateurs en livres au taux officiel, ce qui obligera ces derniers à supporter seuls le coût des variations du taux de change », avance-t-il.

Une autre source proche du dossier juge pour sa part que la circulaire n’est pas très claire sur certains points. « Il n’y a rien sur les délais de traitement des demandes, sur les critères sur lesquels la BDL se fondera pour donner son accord, ou encore sur le sort de ce dépôt de garantie de 15 % en dollars qui était initialement prévu par la circulaire n° 530 et qui semble avoir été supprimé », affirme-t-elle. Des incertitudes qui devraient pousser les filières concernées à solliciter de nouvelles réunions avec la Banque centrale dans les jours qui viennent pour obtenir des clarifications.

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