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À La Une - Liban

BDL, ABL, TVA : une nouvelle journée d'actions ciblées sur fond de crise économique

Les manifestants veulent des mesures rapides pour redresser l'économie, mais refusent que les plus démunis en payent le prix, dans un pays où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.

Des manifestants portants des masques représentant le gouverneur de la Banque centrale Riad Salamé, lors d'une manifestation devant le siège de la BDL à Beyrouth, mercredi 27 novembre 2019. AFP / JOSEPH EID

Au 43e jour du soulèvement populaire inédit qui secoue le Liban, les contestataires ont opté jeudi pour des actions ciblées sur fond d'aggravation continue de la crise économique et financière, organisant des rassemblements devant les principales institutions concernées : la Banque centrale, l'Association des Banques du Liban et la TVA.

Dénonçant la corruption et l'incompétence de la classe politique, mais aussi une détérioration continue des conditions de vie, des centaines de milliers de libanais battent le pavé dans tout le pays depuis le 17 octobre. Les manifestants veulent des mesures rapides pour redresser l'économie, mais refusent que les plus démunis en payent le prix, dans un pays où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté, selon la Banque mondiale.

La mobilisation a commencé jeudi matin devant le bâtiment de la TVA. Plusieurs dizaines de personnes ont bloqué les différentes entrées de cet organisme relevant du ministère des Finances, dans le secteur du palais de Justice à Beyrouth, afin de protester contre la corruption dans le secteur public. Devant chaque entrée, les manifestants se sont installés, parfois assis à même le sol, et ont tenté d'empêcher les fonctionnaires d'entrer dans le bâtiment. Certains protestataires tapaient sur des casseroles et chantaient des slogans dénonçant la corruption. Après une intervention de la police anti-émeute, les employés ont pu finalement accéder à leurs bureaux.

En fin d’après-midi, quelques dizaines de manifestants ont bloqué la rue devant le siège de la Banque centrale à Beyrouth, réclamant à son gouverneur, Riad Salamé, de "rendre l'argent volé". Un rassemblement similaire à été organisé devant la branche de la BDL à Tripoli, au Liban-Nord.

Presque simultanément, un autre groupe de protestataires s'est rassemblé devant l’Association des Banques du Liban, dans le centre-ville de Beyrouth, dénonçant les décisions prises par l'association concernant les limites imposées sur les retraits d'argent et dénonçant le "chantage que subissent les clients de la part de leurs banques".

Mardi soir déjà, les manifestants avaient organisé un sit-in devant la BDL. Et mercredi, un petit groupe des protestataires sont venus se faire couper les cheveux gratuitement dans un salon de coiffure improvisé sur le trottoir, devant la BDL, afin de dénoncer la possibilité d’un "haircut", une ponction sur les dépôts. Le spectre d’un haircut hante depuis plusieurs semaines les foyers libanais.



(Lire aussi : Contrôle des capitaux : les députés envisagent-ils enfin de légiférer ?)



Si les contestataires ont obtenu leur première victoire avec la démission le 29 octobre du Premier ministre Saad Hariri, ils manifestent toujours pour un gouvernement composé exclusivement de technocrates et d'indépendants, qui ne seraient pas issus du sérail politique.

Le pays connaît aussi une crise de liquidités qui menace les importations et a entraîné une hausse des prix. Les importateurs de carburants, mais aussi de matériel médical, ont tiré la sonnette d'alarme. Car si le dollar est couramment utilisé au quotidien, des restrictions de plus en plus sévères ont été adoptées depuis plusieurs mois sur l'obtention du billet vert dans les banques, et la situation s'est aggravée avec la contestation.  Dans ce contexte de crise, le taux de change parallèle pratiqué par les bureaux de change a atteint aujourd'hui 2.300 livres libanaises pour un dollar, alors que le taux officiel de conversion livre/dollar est de 1507 LL. Le syndicat des agents de change au Liban a de son côté annoncé une grève générale du secteur vendredi, dénonçant les accusations à l'encontre des changeurs.

Entre le 15 octobre et le 7 novembre, alors que les banques étaient fermées, environ 800 millions de dollars auraient discrètement quitté le Liban, d'après un rapport économique préparé par des experts et publié par le think-tank Carnegie Moyent-Orient, qui explique cette fuite par la crainte d'un effondrement financier. Mercredi, le président du Parlement Nabih Berry a appelé à "rapatrier l'argent des banques envoyé à l'étranger".


Sur un autre plan, un sit-in s'est tenu jeudi en soirée devant le siège du ministère des Affaires étrangères à Achrafieh, afin de "rejeter toute ingérence des ambassades dans les affaires intérieures libanaises". Les quelques dizaines de manifestants visaient ainsi "toutes les ambassades des pays arabes et étrangers qui ont une influence au Liban, sans exception". "Seul le peuple libanais peut décider des affaires intérieures du pays", affirmaient des manifestants, selon des propos rapportés par l'Agence nationale d'information (Ani, officielle).




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commentaires (2)

LA MULTIPLICATION DES BUTS VISES DEVIE LA CONTESTATION DE SON BUT PRINCIPAL QUI EST LA REVENDICATION D,UN GOUVERNEMENT DE TECHNOCRATES INDEPENDANTS.

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 48, le 29 novembre 2019

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Commentaires (2)

  • LA MULTIPLICATION DES BUTS VISES DEVIE LA CONTESTATION DE SON BUT PRINCIPAL QUI EST LA REVENDICATION D,UN GOUVERNEMENT DE TECHNOCRATES INDEPENDANTS.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 48, le 29 novembre 2019

  • Le "révolution libanaise" est entrée dans un cul de sac la tête la 1ère. Ceux qui ont téléguidé ces pauvres naïfs s'en lavent les mains.

    FRIK-A-FRAK

    21 h 51, le 28 novembre 2019

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