Le syndicat des agents de change au Liban a annoncé une grève générale du secteur vendredi, dénonçant les accusations à l'encontre des changeurs, alors que le pays connaît une grave crise financière en raison notamment des restrictions imposées à la circulation du dollar sur le marché local.
"Le syndicat des agents de change au Liban refuse les accusations à son encontre, qui visent à lui faire porter la responsabilité de la crise", est-il indiqué dans un communiqué. Le syndicat a dans ce cadre annoncé une grève vendredi, soulignant que le taux de change de la livre par rapport au dollar a augmenté "en raison de la mauvaise situation financière et économique du pays". Il a ajouté que cette augmentation continue des taux "a un impact négatif sur d'autres secteurs", notamment sur les prix des biens de consommation. Les agents de change ont dans ce contexte appelé les responsables politiques et financiers à "trouver rapidement des solutions permettant d'enrayer la chute de la monnaie nationale".
Depuis plusieurs mois, alors que la devise américaine devient plus difficile, voire impossible, à obtenir auprès des banques, le syndicat des changeurs rejette toute responsabilité dans les variations du taux de change de la livre contre le dollar. Le taux de change parallèle pratiqué par les bureaux de change a atteint aujourd'hui 2 300 livres libanaises pour un dollar.
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Le 11 novembre, le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, avait assuré que malgré les difficultés, "la stabilité du taux de change de la livre est assurée". Il avait expliqué dans ce contexte que si les taux sont plus élevés chez les agents de change qu'à la BDL, où les taux sont fixes, c'est parce que les changeurs fixent leur prix en fonction de l'offre et de la demande. "Ce phénomène d'augmentation des taux et de restriction de l'accès au dollar se calmera lorsque la situation s'apaisera dans le pays", avait estimé M. Salamé.
L’économie libanaise avait commencé à se "dollariser" dans les années 1980 tandis que la valeur de la livre a été fixée au billet vert par la BDL en 1997 à raison de 1.507,5 livres pour un dollar. Si ce taux n’a a priori pas changé (les banques le pratiquent toujours avec une marge de quelques livres), le fait que la Banque centrale limite au courant de l’été la quantité de billets verts sur le marché – officiellement pour couvrir les importations stratégiques et pour assurer les besoins de financement de l’État – a provoqué une inflation du prix de la devise US chez les agents de change. Cette situation a naturellement alimenté l’anxiété des clients des banques, qui s’est accentuée après que ces dernières eurent commencé à plafonner – puis temporairement supprimer – les retraits de dollars dans les distributeurs automatiques et aux guichets, ainsi que les opérations de conversion livre/dollar.
Le secteur privé suspend sa grève, les stations-service lancent la leur
La grève donc vendredi et le dollar affichera sans doute trois mille livres libanaises le lundi prochain. Vive nos responsables .
13 h 44, le 28 novembre 2019