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Économie - Liban

Procédure lancée aux États-Unis contre Bankmed pour un dépôt d’un milliard de dollars

La banque détenue par la holding GroupMed a rejeté les accusations portées par la société IMMS, à l’origine de l’assignation en justice.

Des distributeurs automatiques de billets de la Bankmed à Beyrouth. Photo d'archives/ AFP

Le négociant en pétrole IMMS a engagé une procédure judiciaire dans l’État de New York à l’encontre de Bankmed. Selon Reuters, qui a rapporté l’information mercredi soir, le négociant accuse la banque libanaise d'avoir "refusé de lui rendre un milliard de dollars de dépôts", conformément à une requête formulée le 8 novembre. Une affaire qui survient alors que les banques libanaises ont mis en place depuis plusieurs semaines d’importantes mesures de contrôle de capitaux, dans un contexte de crise économique et financière, et alors que les manifestations populaires contre une classe politique jugée corrompue se poursuivent depuis le 17 octobre dernier.


(Lire aussi : Contrôle des capitaux : les députés envisagent-ils enfin de légiférer ?-


La procédure a été engagée le 22 novembre par le Pakistano-Canadien Murtaza Lakhani, directeur exécutif d’IMMS, qui opère dans plusieurs pays. L’homme d’affaires est présenté par plusieurs sites d’information comme un vétéran du négoce de pétrole et un intermédiaire entre les autorités et les opérateurs de cette filière dans le Kurdistan irakien.


"Désespérée"
"A travers cette procédure, le plaignant IMMS Limited (IMMS) demande réparation à Bankmed SAL (Bankmed)" pour le refus de la banque de rendre les dépôts concernés, a encore révélé Reuters, citant des documents transmis au tribunal et que L’Orient-Le Jour a pu consulter. Selon ces mêmes documents, Bankmed avait indiqué le 12 novembre avoir "mis fin à toutes les facilités de crédits" accordées au négociant en invoquant la "détérioration significative de la situation économique et financière du pays", après avoir refusé de décaisser les dépôts de son client. L’agence précise en outre que IMMS était client de Bankmed depuis novembre 2017 - mois au courant duquel le Premier ministre Hariri avait été retenu à Riyad pendant plusieurs semaines, sur fond de tensions entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Le négociant avait alors placé des dépôts à court terme (9 mois avec des rendements annuels allant jusqu’à 6,5 %).


(Lire aussi : La justice condamne Byblos Bank à remettre le dépôt d’un de ses clients)


Selon le document de l’assignation en justice, lMMS affirme que Bankmed l’avait démarché pour l’inciter à déposer 1 milliard de dollars en affirmant avoir suffisamment de liquidités pour lui assurer des facilités dont 200 millions de dollars de lettres de crédits et 600 millions de dollars de découverts renouvelables. Le négociant suspecte la banque d’avoir menti sur ses capacités à honorer ces engagements et affirme que sa direction était même "désespérée" d’attirer les dépôts en question, entre autres griefs.

Dans un communiqué publié mercredi tard dans la soirée, la direction de Bankmed a catégoriquement rejeté ces accusations, assurant que "le dépôt d’un milliard de dollar" réclamé par IMMS était en réalité bloqué à la demande du négociant pour une période arrivant à échéance dans deux ans". La banque va plus loin en assurant avoir découvert que son client tentait de faire sortir des fonds "dus" à la banque en contravention avec les termes de "leur contrat". Bankmed a en outre indiqué qu’IMMS l’avait également assignée en justice le 14 novembre devant les juridictions libanaises et qu’une audience était programmée pour le 14 décembre prochain. La banque a enfin assuré qu’elle préserverait les intérêts de tous ses déposants.

Bankmed fait partie des 16 plus gros établissements bancaires libanais en termes de dépôts, selon la classification du cabinet Bankdata. La banque est détenue par la holding Groupmed, qui est présidée par l’homme d’affaires Ala' al-Khawaja, qui a racheté en juin 2017 via sa Holding OLT, les 42,24 % de parts détenues par Ayman Hariri, demi-frère de Saad Hariri - actuellement Premier ministre sortant. Ce dernier détenait alors toujours 42,24 % du capital de la holding.

Comme l’ensemble du secteur bancaire libanais, Bankmed a dû composer cette année avec la dégradation de la note souveraine du Liban par les principales agences de notation financières américaines (Moody’s, Fitch et Standard & Poor’s, qui l’ont toutes déclassé des notations de catégorie "B" à "C", sanctionnant la dégradation notable de la situation financière du pays dont le ratio dette/PIB gravite autour de 150 % selon les estimations. La dette libanaise, qui a atteint 86 milliards de dollars cette année, est principalement détenue par le secteur bancaire du pays et sa Banque centrale. Une situation qui a contribué à pousser cette dernière à limiter la quantité de dollars circulant sur le marché pour assurer notamment les besoins de financement de l’État. Les banques libanaises ont de leur côté initié de manière informelle un contrôle sur les capitaux, qui n’a toujours pas été légitimé par le Parlement. La procédure ouverte par IMMS est pour l’heure la plus grosse affaire liée à l’adoption de ces mesures.

La société IMMS est, elle, basée dans la monarchie constitutionnelle du Bélize, membre du  Commonwealth, situé au large du Mexique. Hasard du calendrier, cet État a par ailleurs été retiré, le 8 novembre, de la liste de l’Union européenne recensant les pays et territoires non coopératifs à des fins fiscales.


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Le négociant en pétrole IMMS a engagé une procédure judiciaire dans l’État de New York à l’encontre de Bankmed. Selon Reuters, qui a rapporté l’information mercredi soir, le négociant accuse la banque libanaise d'avoir "refusé de lui rendre un milliard de dollars de dépôts", conformément à une requête formulée le 8 novembre. Une affaire qui survient alors que les banques...

commentaires (4)

Où l'on voit que la "prospérité" du Liban était fondée sur du sable!Tout miser sur le secteur financier expose à la banqueroute. Souhaitons que les difficultés de la Bankmed ne soient pas le prélude à l'effondrement de tout le système bancaire, donc de l'économie du pays, avec les conséquences sociales qu'on devine...

otayek rene

12 h 54, le 28 novembre 2019

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Commentaires (4)

  • Où l'on voit que la "prospérité" du Liban était fondée sur du sable!Tout miser sur le secteur financier expose à la banqueroute. Souhaitons que les difficultés de la Bankmed ne soient pas le prélude à l'effondrement de tout le système bancaire, donc de l'économie du pays, avec les conséquences sociales qu'on devine...

    otayek rene

    12 h 54, le 28 novembre 2019

  • LA GUERRE CONTRE LE SECTEUR BANCAIRE LIBANAIS A COMMENCE ! IL REVIENT AU PEUPLE LIBANAIS DE NE PAS PANIQUER POUR LE SAUVER.

    MON CLAIR MOT A GEAGEA CENSURE

    09 h 32, le 28 novembre 2019

  • Faites fonctionner le secteur de tourism et tout le monde sera content. Les hotels sont deja batis, les sites historiques sont pleins, notre climat est clément. Et on aura des Devises etrangeres dans notre pays.

    Eddy

    09 h 31, le 28 novembre 2019

  • Comment voulez-vous faire un hair-cut equitabale quand quelqu'un comme IMMS depose $1 milliard en 2017 alors que d'autres fonds ont profite des taux d'interets pendant des annees et que d'autres ont reussi a retirer leur fonds juste avant ou pendant la crise.

    Elementaire

    08 h 16, le 28 novembre 2019

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