Dima Sadek, journaliste vedette de la LBCI et engagée avec le mouvement de contestation contre le pouvoir, a annoncé lundi soir, sur Twitter, sa démission de la chaîne.
"Il y a trois semaines, j'ai été mise à l'écart par la chaîne au sein de laquelle je travaille en raison d'une faute administrative. Des excuses ont été faites pour cette faute et j'ai accepté ma punition en toute responsabilité. Sauf que l'administration n'a pas précisé la durée et la nature de cette punition. J'ai continué à être mise à l'écart sans aucune raison convaincante. Après cela, j'ai rencontré Pierre Daher (PDG de la LBCI) qui m'a expliqué que le problème n'était pas seulement la faute administrative, mais aussi la nature de mes tweets, précisément ceux qui concernent Baabda, et les informations que j'ai données au sujet du palais de Baabda (et que personne n'a pu démentir). Il m'a demandé d'arrêter (les tweets) en me promettant mon retour. Sauf que ce retour s'est limité à une lecture des nouvelles en me tenant complètement à l'écart des programmes politiques et mes tweets ont été placés sous surveillance. J'ai protesté. Puis mon téléphone portable a été volé (lundi soir, lors de manifestations sur la voie express du) Ring (où elle se trouvait) et la chaîne a décidé d'arrêter la diffusion (en direct) sans s'enquérir sur mon sort. Les raisons de cette mise à l'écart sont politiques, chose que je n'accepte pas en temps de révolution ou n'importe quel autre temps. La direction a affirmé tenir à moi tout en maintenant ma mise à l'écart du direct. J'annonce ma démission de la LBCI. Merci", a-t-elle écrit dans un long message diffusé sur son compte Twitter.
اعلان استقالة . pic.twitter.com/OGbv4XSkON
— Dima (@DimaSadek) November 25, 2019
Dans plusieurs tweets, la journaliste avait notamment révélé que le chef du Courant patriotique libre (CPL), également ministre sortant des Affaires étrangères et gendre du président Michel Aoun, Gebran Bassil, s'était installé au palais de Baabda. Elle avait aussi révélé après la démission du Premier ministre Saad Hariri, que ce dernier avait proposé au chef de l'Etat une composition de gouvernement sans M. Bassil, cible privilégiée des protestataires. M. Aoun, qui a accepté la formule, l'a ensuite rejetée après s'être entretenu durant trente minutes avec son gendre, toujours selon les révélations de Mme Sadek.
La journaliste est constamment sous les feux des critiques des partisans du Hezbollah et du CPL. Ses opinions sont souvent dirigées à l’encontre de "l’esprit raciste" qui marque, selon certains observateurs, le discours du CPL.
Hier, l’association Journalistes contre la violence a condamné le vol, dans la nuit de dimanche à lundi, du téléphone portable de Mme Sadek alors qu'elle se trouvait sur le Ring. "Il s’agit d’un plan visant à terroriser Mme Sadek, à s’informer sur son travail avec la LBCI ainsi que sur sa vie familiale et professionnelle", a indiqué l’association dans un communiqué.
La semaine dernière comme cela a été le cas pour plusieurs autres journalistes, le numéro portable de Mme Sadek avait été rendu public sur les réseaux sociaux. "Mon numéro de téléphone a été rendu public, avec un appel aux internautes pour que je sois insultée de manière continue", avait-elle révélé sur son compte Facebook. Elle a ensuite publié des captures d’écran de certaines des insultes reçues sur son téléphone. Victime aussi de ce harcèlement, sur son propre compte, en raison des prises de position de sa fille, la mère de la journaliste avait alors dû être hospitalisée, victime d’un malaise.
En juin, elle avait été violemment agressée sur les réseaux sociaux. "Vous méritez qu’on vous viole. Y a-t-il quelqu’un de plus sale que vous?" lui avait alors écrit un twitto.Dima Sadek est originaire de Khiam (Liban-Sud). Elle a fait des études de sciences politiques à l'Université Saint Joseph, et a commencé sa carrière à la télévision en 2007. Elle avait rejoint la LBCI en 2011.
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11 h 14, le 08 décembre 2019