Meurtre de Ala’ Abou Fakhr : mandat d'arrêt contre le tireur, son supérieur libéré sous caution

Un mandat d'arrêt a été émis lundi à l'encontre de l’adjudant-chef Charbel A. dans le procès du meurtre de Ala' Abou Fakhr, tué par balles sous les yeux de sa famille à Khaldé dans la nuit du 12 au 13 novembre et surnommé le "martyr de la révolution". Le prévenu avait été entendu par le premier juge d’instruction militaire par intérim, Fadi Sawan. Également interrogé, son supérieur le colonel Nidal D, accusé d'être impliqué dans cette affaire qui a secoué le Liban, a été libéré sous caution d'élection de domicile. La famille a réagi en appelant d’abord à bloquer le carrefour de Khaldé à 17h pour protester contre cette décision avant de revenir sur cet appel peu de temps après.

De son côté, l'armée a précisé qu’indépendamment de la décision judiciaire, le colonel Nidal D est toujours en état d'arrestation administrative dans le cadre des mesures disciplinaires prises par le commandement de l'armée à son égard. 

Selon la version des faits publiée par l’armée, une rixe a eu lieu entre un groupe de protestataires qui barraient la route et des militaires qui passaient à bord d’un véhicule militaire. L’adjudant-chef Charbel A. a ouvert le feu pour les disperser. L’institution militaire avait annoncé avoir ouvert une enquête et déféré le soldat devant la justice. Mais de nombreux témoins interrogés par L’Orient-Le Jour et présents sur les lieux du drame précisent que l’homme qui a tiré se trouvait derrière le volant et était en tenue civile, et que l’homme assis à ses côtés, le colonel Nidal D., ne portait pas non plus de tenue militaire.

Lara Abou Fakhr, veuve de Ala' Abou Fakhr, avait pour sa part raconté à L’Orient-Le Jour avoir "vu l’officier donner l’ordre à son chauffeur de tirer. J’ai vu ce dernier charger son fusil-mitrailleur, tirer deux coups en l’air puis il a pointé son arme sur mon mari. J’ai voulu protéger Ala’, mais il m’a poussée".

La commissaire adjointe du gouvernement près le Tribunal militaire, la juge Mona Hankir, avait poursuivi l’adjudant-chef pour homicide volontaire et pour avoir tiré des coups de feu en l’air et menacé d’autres personnes, ainsi que le colonel pour être intervenu.

Par ailleurs, la veuve et le frère d'Ala' Abou Fakhr se sont entretenus dans la journée avec le nouveau bâtonnier de l'Ordre des avocats de Beyrouth, Melhem Khalaf, issu de la société civile. Une équipe de défense composée de l'ancien bâtonnier et ministre Rachid Derbas, un ancien membre de l'Ordre des avocats, Imad Martinos, et des avocats Wissam Eid, Majdi Nasreddine, Louay Ghandour et Nach'at Hassaniyé sera chargée de suivre le dossier pour la famille.

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