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Liban - Liban – Nations unies

Le soulèvement du 17 octobre s’invite dans le rapport de Guterres sur la 1701

Le patron de l’ONU appelle à respecter les droits de rassemblement et d’expression pacifique

L’ONU observe attentivement le « soulèvement populaire » inédit au Liban. Dans son dernier rapport sur l’application de la résolution 1701, le secrétaire général de l’ONU, Antonió Guterres, détaille le soulèvement populaire maintenant reconnu par les forces politiques et religieuses du pays, et indique qu’il « suit de près la situation au Liban ». Dans ce rapport, le chef de l’ONU « réitère son appel au calme et à la retenue, et exhorte les acteurs politiques à rechercher une solution politique qui préserve la stabilité du pays et qui réponde aux aspirations du peuple libanais. Il lance aussi un appel à tous les acteurs à faire preuve de retenue, à éviter toute violence et à respecter les droits de rassemblement et d’expression pacifique ». Et de relever : « La situation en matière de sécurité est restée dans l’ensemble calme, malgré quelques cas d’émeutes et de pillages. Les forces armées libanaises ont rouvert certaines routes et ont protégé des manifestants pacifiques, notamment lors de certaines contre-manifestations. »

Accompagné de trois annexes détaillées, ce rapport de 26 pages fournit une évaluation complète de l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, y compris les dispositions de la résolution 2485 (2019), durant la période couverte du 17 juillet au 31 octobre. Le Conseil de sécurité, qui se réunira lundi à huis clos, entendra l’exposé détaillé du coordonnateur spécial de l’ONU pour le Liban, Jan Kubis, via conférence vidéo, à partir de Beyrouth.

Décrivant la révolution (thawra) qui se déroule dans le pays, M. Guterres détaille minutieusement, à l’intention du Conseil de sécurité, les « manifestations pacifiques à grande échelle qui ont commencé le 17 octobre dans tout le pays, y compris dans la zone d’opérations de la Finul, durant lesquelles un large échantillon de la société libanaise appelait au changement de gouvernement, à des réformes justes, à une bonne gouvernance, à la lutte contre la corruption, à une meilleure gestion de la société et de l‘économie, et la fin du favoritisme sectaire et des élections législatives anticipées ». Il rappelle qu’une « taxe annoncée sur les services téléphoniques gratuits sur internet semble avoir déclenché les manifestations ».

Le chef de l’ONU fait état de la démission du Premier ministre Saad Hariri et de ses déclarations face à ce soulèvement qui a permis « de faire tomber toutes les barrières et secouer tous les partis et les dirigeants ». « La barrière la plus importante qui a été brisée est celle de l’allégeance sectaire aveugle, qui restaure l’identité nationale libanaise au-dessus de l’identité confessionnelle. J’espère que ce sera le début de la fin du système sectaire au Liban, un véritable début pour un nouveau Liban », cite-t-il dans le rapport. Il relève aussi que les évêques catholiques et orthodoxes du pays et le mufti de la République ont exprimé leur soutien au « soulèvement populaire », tandis que la diaspora libanaise a manifesté dans le monde entier. Il a relevé l’importance du « rôle de premier plan assumé par les femmes durant les mouvements de protestation, notamment pour éviter des accrocs entre les forces de sécurité et les manifestants, et pour encourager la mobilisation et l’activisme ».

« L’objectif de l’ONU est de préserver la souveraineté, la sécurité et la stabilité du pays. » C’est dans ce sens que M. Guterres rappelle l’action du coordonnateur spécial pour le Liban, qui « a insisté lors de ses rencontres avec les responsables libanais sur le maintien de la sécurité afin de répondre aux demandes de la population en adoptant de profondes réformes et en protégeant les manifestations pacifiques ». Il salue dans ce cadre « le comportement responsable des forces de sécurité ».

Le secrétaire général déplore une fois de plus « qu’aucun progrès n’a été accompli en ce qui concerne le désarmement des groupes armés. Le Hezbollah a continué à reconnaître publiquement qu’il maintenait des capacités de missiles de précision et autres capacités militaires, en nombre supérieur en qualité, ce qui suscite les inquiétudes d’Israël et des États-Unis. Le maintien des armes en dehors du contrôle de l’État par le Hezbollah et d’autres groupes, en violation de la résolution 1701 (2006), continue de limiter la capacité de l’État d’exercer pleinement sa souveraineté et son autorité sur son territoire ».

Le chef de l’ONU appelle les autorités libanaises à se conformer à sa politique de distanciation. Il appelle « tous les partis et ressortissants libanais à cesser de participer au conflit syrien et autres conflits dans la région et condamne la circulation de combattants et de matériel de guerre à la frontière libano-syrienne ».

Il rappelle l’importance de s’engager résolument dans un dialogue national afin de définir une stratégie de défense nationale. « Il est important que ce processus soit contrôlé par les Libanais et sous leur direction, qu’il soit inclusif, complet et durable, et qu’il soit conforme aux obligations internationales du pays. »


(Pour mémoire : Distanciation et résolution 1701 au menu des discussions entre Hariri et DiCarlo)

Zone d’opérations de la Finul

Le rapport détaille par ailleurs la situation dans la zone d’opérations de la Finul « qui a connu, durant la période couverte, des tensions exacerbées, une grave escalade et des incidents », particulièrement après le 25 août, où un drone s’était écrasé et un second avait explosé à Beyrouth. Ces incidents, survenus à Beyrouth et le long de la ligne bleue, le 1er septembre, suscitent de « vives préoccupations et démontrent la nécessité de progresser dans le traitement de certaines dispositions en suspens de la résolution ». Le chef de l’ONU condamne fermement les violations de la résolution 1701 par voies terrestre et aérienne, et réitère son appel à toutes les parties pour qu’elles honorent leurs engagements de mettre pleinement en œuvre la résolution 1701.

M. Guterres encourage par ailleurs vivement le Liban et Israël à saisir les efforts déployés par les États-Unis dans le dossier maritime « afin de renforcer la confiance, d’atténuer une source potentielle de conflit et de contribuer au développement économique durable nécessaire ». Pour l’ONU, « la liberté de mouvement de la Finul dans l’ensemble de sa zone d’opérations, y compris sur toute la longueur de la ligne bleue, demeure essentielle ».

M. Guterres salue enfin « les efforts des forces armées libanaises en faveur d’une extension durable de l’autorité de l’État et se félicite de l’adoption d’une stratégie sur la gestion des frontières ». Il souligne que « le renforcement des institutions de l’État demeure essentiel pour assurer la stabilité du pays » et rappelle que « l’ONU continuera à appuyer le Liban à cet égard, en particulier pour renforcer la capacité de ses institutions de sécurité en tant que défenseurs de la souveraineté du pays ».


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commentaires (3)

Dé(gûterressant) .

FRIK-A-FRAK

17 h 45, le 22 novembre 2019

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Commentaires (3)

  • Dé(gûterressant) .

    FRIK-A-FRAK

    17 h 45, le 22 novembre 2019

  • GUTERRES OCCUPEZ-VOUS DE VOS PROPRES OIGNONS. DANS QUEL PAYS DU MONDE L,ONU A RESOLU QUELQUE PROBLEME ? MAIS SI VRAIMENT VOUS POUVEZ INTERVENIR EXIGEZ ALORS L,APPLICATION DE LA 1701 ET AVANT TOUT LE DESARMEMENT DES MILICES COMME SPECIFIE DANS TAEF.

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 53, le 22 novembre 2019

  • "Le maintien des armes en dehors du contrôle de l’État par le Hezbollah et d’autres groupes, en violation de la résolution 1701 (2006), continue de limiter la capacité de l’État d’exercer pleinement sa souveraineté et son autorité sur son territoire " Serait-ce la raison qui expliquerait (sans pour autant justifier) le refus de former un gouvernement qui réponde aux aspirations du peuple? La peur des armes de la milice iranienne?

    Yves Prevost

    07 h 23, le 22 novembre 2019

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