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Lifestyle - Mode

Josephus Melchior Thimister : mort d’un créateur habité

Josephus Melchior Thimister, décédé le 13 novembre. Photos DR

Il a tant travaillé pour les autres, Josephus Thimister, que presque toutes les marques qui comptent sont marquées de son empreinte. Mais son rêve a toujours été de faire durer son propre label qui n’a jamais vraiment pu survivre, par manque de fonds. Mercredi dernier, 13 novembre, la Fédération française de la haute couture et de la mode annonçait son décès à l’âge de 57 ans. Si le lieu et les circonstances de sa mort n’ont pas été dévoilés, la thèse d’un suicide demeure la plus insistante. La même fédération saluait dans son communiqué « l’avant-gardisme, l’élégance et la maîtrise de la coupe » de ce créateur « qui a, pendant de nombreuses années, contribué à l’élan créatif parisien ».

Né à Maastricht en 1962, le créateur néerlandais avait obtenu son diplôme summa cum laude du département de mode de l’Académie royale d’Anvers en 1987. Aussitôt engagé par Karl Lagerfeld comme assistant à la direction artistique de Chanel, il lui faudra attendre 10 ans avant de créer à Paris son label éponyme, Thimister. En 1990, il était engagé chez Patou pour la préparation de la collection haute couture, puis chez Balenciaga où il dirige la création du prêt-à-porter et des accessoires féminins. Il y restera six ans, avant de passer chez Genny en 1998. C’est sous cette griffe qu’il ressuscite dans le vestiaire des femmes le manteau militaire et les robes en biais, la longue jupe en cuir et la chemise blanche. Cet enfant naturel et spirituel de Martin Margiela et Ann Demeulmeester étonne la critique par la simplicité et la puissante modernité de ses silhouettes. Jusqu’en 1992, il « s’aère » de la mode en révélant ses talents d’illustrateur et de décorateur pour Vogue et Vogue Déco entre autres, allant jusqu’à créer des installations artistiques à Rome. En 2005, on le retrouve chez Charles Jourdan où s’affirme sa touche nordique empreinte de poésie et d’une touche de surréalisme.

Polyglotte, descendant d’une princesse russe et d’une famille où se mêlent Français et Belges, riche d’une grande culture et d’une vision éminemment contemporaine, Josephus Thimister est invité à défiler en 2010 par la Fédération française de la couture. La collection qu’il présente alors, intitulée « 1915, opulence et bain de sang », évoque la révolution russe et la Première Guerre mondiale dans un vocabulaire du 3e millénaire.

Dans une palette rouge sang, ivoire terni et kaki brut, il y déclinait des vestes issues du recyclage d’uniformes et de tentes militaires relevées par des détails précieux de soie, de crêpe et de satin. « Je suis persuadé que tous les problèmes d’aujourd’hui sont les conséquences de cette période », avait-il déclaré dans une interview. Par ses mélanges de brut et de sophistiqué, de neuf et d’usagé, le créateur discret qui était basé entre Dublin et Paris brouillait les lignes dans sa quête d’une esthétique qui fait sens et au service de laquelle il avait dédié ses innombrables talents.



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