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Nos Lecteurs ont la Parole - par Walid MOUZANNAR

Souvenirs et rêves

Je me souviens…

Je me souviens d’un pays où l’on faisait le pain à la maison, où l’on trempait le linge dans le « nil » pour obtenir un beau blanc, où l’on cuisait les plats chez le boulanger, où l’on tapait le kebbé dans un « jurn ».

Je me souviens d’un pays où l’on fêtait à chaque occasion d’une manière simple et spontannée les Rameaux, Pâques, Noël, le Fitr et al-Adha.

Je me souviens d’un pays où tous étaient fiers, où les valeurs de chacun étaient respectées.

Je me souviens d’un pays où écoliers et surtout universitaires se côtoyaient sans faire de différence de rite ou de religion, et où nos deux grandes universités, St-Joseph et américaine, prodigaient un enseignement supérieur aux étudiants venus des quatre coins du monde arabe.

Je me souviens d’un pays où gens de différentes communautés étaient voisins dans les centres d’estivage, Aley, Bhamdoun, Dhour Choueir et Broummana, où l’on faisait de l’autostop en toute sécurité d’un village à l’autre.

Je me souviens de l’engouement sur les belles plages de Saint-Simon, Saint-Michel et Saint-Georges.

Je me souviens du chocolat mou de chez Haoui, de la knéfeh de chez Bohsali et des repas tardifs chez Ajami.

Je me souviens d’un pays où le Souk des bijoutiers et le Souk Abou Nasr vivaient en intelligence.

Je me souviens d’un pays où gens de toutes nationalités venaient dans nos centres de villégiature : Syriens, Égyptiens, Irakiens, Saoudiens.

Je me souviens d’un pays où venaient les touristes de différents pays : des bateaux de Sénégalais qui rentraient du hajj, des soldats de l’ONU suédois, norvégiens, danois et autres, des croisières de riches américains, français, italiens, etc., des émigrés de toutes les Amériques.

Je me souviens d’un pays où les hôtels ne désemplissaient pas, ainsi que les sites touristiques de Byblos, Sidon, Tyr, les Cèdres et Beiteddine.

Je me souviens d’un pays où chaque été le Festival de Baalbeck recevait des étoiles de renommée mondiale tels que Noureev, Rostropovich, von Karajan, Cocteau, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, et j’en passe.

Je me souviens d’un pays où, au Casino du Liban, Charley Henchis produisait les plus belles revues du monde, où chaque année on élisait Miss Europe.

Je me souviens d’un pays où étaient organisés des événements originaux et particuliers, le bal des « Petits lits blancs », de la « Châtelaine du Liban » et de « April in Beirut ».

Je me souviens d’un pays où les Caves du Roy, le Flying Cocotte et l’EpiClub peuplaient les soirées de tous les jet-setteurs venus du monde entier.

Je me souviens d’un pays où les hôtels Le Bristol, Saint-Georges et Phoenicia organisaient les plus beaux mariages du Moyen-Orient.

Je me souviens d’un pays où les cinémas Empire, Roxy et Hamra projetaient des films en avant-première mondiale.

Je me souviens d’un pays où l’on se baladait de la Corniche à la Grotte aux Pigeons en respirant un air propre et frais, en dégustant kaakeh et allita.

Je me souviens… je me souviens…

Et je rêve aussi…

Je rêve d’un pays où tout le monde serait égal devant la loi.

Je rêve d’un pays où seules les forces armées nationales seraient responsables de la sécurité.

Je rêve d’un pays où les politiciens ne penseraient pas à remplir leurs poches aux dépens du pauvre citoyen.

Je rêve d’un pays où l’éducation serait libre et obligatoire.

Je rêve d’un pays où les malades seraient soignés gratuitement, où les moins favorisés ne mourraient pas à la porte des hôpitaux.

Je rêve d’un pays où les personnes âgées n’auraient pas à se soucier de leurs vieux jours.

Je rêve d’un pays où les routes seraient convenables, où les déchets ne seraient pas entassés dans les rues, où l’atmosphère ne serait pas irrespirable et où la mer ne serait pas polluée.

Je rêve d’un pays où les diplômés pourraient obtenir un travail convenant à leur formation.

Je rêve d’un pays où les personnes retrouveraient plaisir de vivre, gaîté et loisirs.

Je rêve d’un pays apte à recevoir des étrangers et des touristes qui pourraient découvrir la beauté, l’hospitalité, la gastronomie et la joie de vivre des Libanais.

Nos rêves sont-ils utopiques, irréalistes ou impossibles ?

Devrons-nous nous résigner à naître et à mourir avec les problèmes propres à notre environnement géopolitique ?

Pourquoi nous est-il interdit ce qui est permis aux autres ?

N’a-t-on pas le droit de vivre nos espoirs ou doit-on se résoudre à ressasser nos souvenirs ?


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Je me souviens…Je me souviens d’un pays où l’on faisait le pain à la maison, où l’on trempait le linge dans le « nil » pour obtenir un beau blanc, où l’on cuisait les plats chez le boulanger, où l’on tapait le kebbé dans un « jurn ».Je me souviens d’un pays où l’on fêtait à chaque occasion d’une manière simple et spontannée les Rameaux,...

commentaires (1)

Akhhh ya Walid, très beau , vous me faite rêver d’Un liban que je n’ai jamais connu (j’ai 32ans) et que je ne connaîtrai jamais.

Mill Linro

20 h 49, le 13 novembre 2019

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Commentaires (1)

  • Akhhh ya Walid, très beau , vous me faite rêver d’Un liban que je n’ai jamais connu (j’ai 32ans) et que je ne connaîtrai jamais.

    Mill Linro

    20 h 49, le 13 novembre 2019

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