Le texte de loi d'amnistie pour certains crimes financiers, qui doit être soumis mardi au vote du Parlement libanais, a suscité un tollé ce week-end, alors que les Libanais sont mobilisés par dizaines de milliers depuis le 17 octobre pour réclamer le départ de la classe dirigeante, accusée de corruption.
Selon l'avocat Nizar Saghieh, ce texte de loi englobe les crimes d'abus de pouvoir, d'abus de fonctions, d'abus de bien sociaux, de négligence, ainsi que les crimes environnementaux.
Le député Yassine Jaber, membre du groupe parlementaire du mouvement Amal du président du Parlement Nabih Berry, qui a signé ce texte avec son collègue Michel Moussa, a démenti cela. "Ce texte n'a rien à voir avec les crimes financiers et n'empêchera aucune accusation sur le plan financier", a affirmé M. Jaber, ajoutant que ce texte va renforcer l'impossibilité d'amnistier les coupables de crimes environnementaux. "Nous sommes ouverts à la discussion", a-t-il assuré, ajoutant que le but des séances parlementaires est de "répondre aux demandes des manifestants".
Le député Amal a ajouté que ce texte de loi a été déposé au Parlement après avoir été examiné par une commission ministérielle à laquelle des ministres affiliés au Courant patriotique libre ont participé. "Nous n'avons jamais examiné ou approuvé le texte final", a cependant répondu le député CPL Ibrahim Kanaan. Par ailleurs, le vote de ce texte sur l'amnistie générale fait partie du plan de réformes qui avait été annoncé par le gouvernement sortant de Saad Hariri, avant la démission de ce dernier, a souligné M. Jaber.
Dans un communiqué publié lundi dans la matinée, Yassine Jaber a indiqué "ne pas être convaincu de cette loi". "Je vais demander qu'elle soit retirée de l'ordre du jour et renvoyée aux commissions parlementaires pour qu'elle soit étudiée de manière plus approfondie et précise", a-t-il affirmé.
Dimanche, le chef du CPL (fondé par le chef de l’État Michel Aoun) Gebran Bassil s'est pour sa part déclaré favorable à un "renforcement des peines" pour les dirigeants corrompus. "C'est comme si nous n'avions rien appris de la loi d'amnistie générale adoptée après la guerre (civile, 1975-1990, ndlr), qui avait annulé le principe selon lequel les coupables doivent rendre des comptes et ouvert la porte à la corruption", a écrit Gebran Bassil sur son compte Twitter, en référence à la loi qui avait permis aux chefs de guerre de ne pas être jugés. "La voix des gens nous dit aujourd'hui de juger tous les suspects et de faire payer tous les coupables et nous sommes en faveur d'un renforcement des peines et l'adoption de lois pour lutter contre la corruption", a ajouté le chef du CPL. Et le ministre sortant des AE d'ajouter : "Il ne faut pas prouver la gravité du crime par l'amnistie, mais la force du droit par la justice".
De son côté, le Club des juges libanais estime que l'amnistie générale est une "mesure exceptionnelle qui est prise pour tourner la page du passé". "Or, ce que veut le peuple libanais, c'est mettre fin à l'ère de la corruption, de la non-reddition des comptes, de la faiblesse de l'Etat de droit et des atteintes contre la justice", indique l'organisme dans un communiqué.
"Etat de droit"
Samedi, le chef des Kataëb Samy Gemayel avait également exprimé son opposition à cette loi d’amnistie. "Nous refusons la proposition de loi d'amnistie sur la forme, sur le fond et en termes de timing", a écrit M. Gemayel sur son compte Twitter. "Les Libanais réclament l’État de droit, la justice et la reddition des comptes, et non pas un État qui encourage le crime et l'impunité", a-t-il ajouté.
La loi d'amnistie générale est réclamée depuis des années, surtout par les proches des islamistes détenus depuis des années sans jugement. "Ne sommes-nous pas dans un pays qui fait face à des défis sécuritaires ?", s'était interrogé samedi le député Chamel Roukoz. "Nous ne pouvons pas accepter que le coupable puisse être innocenté", a-t-il ajouté.
Outre le texte sur l’amnistie, le Parlement doit examiner plusieurs textes de loi, comme la création de tribunaux statuant en matière de crimes financiers, ainsi que deux autres textes portant sur l'assurance-vieillesse et la lutte contre la corruption. En vue de cette séance du Parlement, le mouvement de contestation a prévu des actions dans le centre-ville de Beyrouth.
Pour mémoire
Réunion de la commission ministérielle sur la loi d’amnistie
commentaires (16)
VOUS COMPRENEZ MAINTENANT POURQUOI ON DIT TOUS CAD TOUS? ET AUJOURDH'UI LE PLUS CORROMPUS EST BERRY QUI OSE DEMANDER EN TOUTE URGENCE UN VOTE SUR UNE LOI QUI PERMETTRA A TOUS LES POLITICIENS ET HAUT GRADES DE L'ADMINISTRATION VOLEURS DEPUIS 30 ANS ET PLUS DE S'EN SORTIR LUI ET SES AMIS ET SON ENTOURAGE DOIVENT DEMISSIONNER COMME L'A FAIT M HARRIRI QUI A GARDE UN MINIMUM ( MEME INSUFFISANT ) DE DIGNITE JE PEUX VOUS DIRE QUE TOUS LES DEPUTES QUI IRONT AU PARLEMENT DEMAIN SONT DES TRAITRES A LEUR PATRIE ET FINIRONT DANS LES EGOUTS DE L'HISTOIRE
LA VERITE
14 h 47, le 11 novembre 2019