Ziad Itani agressé lors d'un débat place Samir Kassir à Beyrouth

Le metteur en scène et acteur libanais Ziad Itani, qui avait été emprisonné pendant quatre mois en 2018 après avoir été accusé à tort d'espionnage au profit d'Israël, et le secrétaire de la Gauche démocratique Walid Fakhreddine ont été agressés physiquement samedi par deux individus. M. Itani tenait un discours dans le cadre d'un débat ouvert, modéré par M. Fakhreddine, en soirée sur la place Samir Kassir dans le centre-ville de Beyrouth.

Dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux, Ziad Itani s'adresse à un petit groupe de personnes rassemblées sur cette place où des débats ont régulièrement lieu depuis le début de la révolte populaire inédite contre le pouvoir, entrée samedi dans son 24e jour. C'est alors que trois individus font irruption sur la place. L'un d'eux, dont le visage apparaît clairement sur les images, s'approche de Ziad Itani, lui arrache le micro et le jette par terre, sans que le metteur en scène ne se défende. 

"Deux individus qui voulaient empêcher Ziad de parler nous ont attaqués. En tant que modérateur, je me suis adressé à ces individus en leur expliquant qu'une fois la prise de parole de Ziad terminée, il y aura une séance de questions-réponses et qu'ils pourraient alors prendre la parole. Mais ils nous ont attaqués, avant que les forces de l'ordre ne les repoussent. On croyaient qu'ils étaient partis, mais un peu plus tard, après la reprise du débat, ces deux individus sont revenus. L'un d'eux arrache le micro à Ziad Itani et le jette par terre. Les policiers ont alors pris cet individu de côté pour lui parler, mais l'ont ensuite laissé partir libre", raconte Walid Fakhreddine. 

"Fichez-moi la paix"

Dans une vidéo publiée sur Facebook en soirée, Ziad Itani revient sur cet incident, en affirmant qu'il va bien. "Je veux rassurer tout le monde que je vais bien. Je n'ai pas été frappé à proprement dire, des gars les ont (les agresseurs) éloignés. Je participais à un débat à l'invitation de Walid Fakhreddine. On parlait de justice, de lois et de corruption et de ce qui s'est passé avec moi", raconte Ziad Itani. "C'est alors qu'un homme se lève et me dit +Qu'est-ce que cela a à voir avec la révolution et les droits ?+. L'audience lui répond que cette affaire est au cœur de ce sujet. C'est alors qu'au milieu du chahut, la police intervient pour éloigner cet individu. Ce dernier me dit +Tu as déjà parlé à Tripoli, ça suffit+. Le débat s'est poursuivi, et c'est alors que cet homme est revenu à la charge pour m'arracher le micro, avant de frapper Walid Fakhreddine sur la tête. Les policiers l'ont ensuite éloigné", souligne le metteur en scène. 

"J'ai porté plainte auprès de la Justice, il y a un an. J'ai dit clairement que toute agression contre ma personne sera considérée comme l'acte d'individus dont les noms figurent dans ma plainte. Alors arrêtez de me faire du tort. Fichez-moi la paix. J'ai le droit de parler de l'injustice dont j'ai été victime et je continuerai de parler tant que je n'aurai pas obtenu mes droits", conclut le metteur en scène dans son message vidéo.

Ziad Itani, qui avait été détenu pendant quatre mois en 2018 après avoir été accusé à tort d'espionnage au profit d'Israël, et qui affirme avoir été torturé durant sa détention, avait été auditionné en juillet dernier par la justice en tant que plaignant contre l'ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des Forces de sécurité intérieure (FSI), la colonelle Suzanne el-Hajj, et le cyberpirate Élie Ghabache.

Suzanne el-Hajj avait été arrêtée le 2 mars 2018, suivie d'Élie Ghabach, pour "fabrication de fausses preuves" contre Ziad Itani ainsi qu’en raison de "piratages et cyberattaques visant des sites de ministères, de services de sécurité, de banques libanaises, et d’autres sites au Liban et à l’étranger". Ils étaient tous deux accusés d’avoir dénoncé M. Itani auprès de la direction générale de la Sécurité de l’État au moyen de documents falsifiés selon lesquels le dramaturge aurait commis des actes criminels, alors qu’ils le savaient innocent. A l'issue du procès devant le Tribunal militaire, Mme el-Hajj a été innocentée et M. Ghabach condamné à un an de prison.

Ce jugement a provoqué des tensions politiques, notamment entre des responsables du Courant du Futur, qui ont pris fait et cause pour Ziad Itani, et d'autres du Courant patriotique libre, qui soutiennent le juge Germanos. En juin, l'Inspection judiciaire avait demandé l’ouverture d’une enquête au sujet de Peter Germanos.

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