Ziad Itani auditionné après une plainte contre Suzanne el-Hajj et Elie Ghabbache

Le metteur en scène et acteur libanais Ziad Itani, qui avait été emprisonné pendant quatre mois en 2018 après avoir été accusé à tort d'espionnage au profit d'Israël, a été auditionné jeudi par la justice en tant que plaignant contre l'ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des Forces de sécurité intérieure (FSI), la colonelle Suzanne el-Hajj, et le cyber-pirate Elie Ghabbache.

J'ai présenté "des preuves concrètes qui montrent à quel point j'ai été torturé", a affirmé aux journalistes Ziad Itani, qui a été entendu par le procureur général près la Cour de cassation de Beyrouth, Zaher Hamadé. "J'ai porté plainte contre plusieurs personnes, notamment Suzanne el-Hajj et Elie Ghabbache, pour formation d'une bande organisée, mais j'ai été étonné que (le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire) Peter Germanos décide de les exclure. J'espère que la politique restera à l'écart de cette affaire", a conclu M. Itani.

Les avocats de Suzanne el-Hajj ont affirmé pour leur part ne pas être au courant d'une plainte déposée contre leur cliente. "Certains médias rapportent des informations selon lesquelles l'acteur Ziad Itani a été auditionné aujourd'hui par le procureur général d'appel à Beyrouth, en tant que plaignant, après avoir porté plainte contre la colonelle el-Hajj. Nous ne sommes pas au courant d'une telle plainte et porter plainte contre notre cliente alors que la justice a déjà tranché cette affaire est contraire à la loi", ont affirmé les avocats de Mme el-Hajj. "Que Ziad Itani nous épargne sa comédie. Il l'a déjà assez fait, et cela devient de mauvais goût", estiment enfin les avocats.

Suzanne el-Hajj avait été arrêtée le 2 mars 2018, suivie par Elie Ghabach, pour "fabrication de fausses preuves" contre Ziad Itani ainsi qu’en raison de "piratages et cyberattaques visant des sites de ministères, de services de sécurité et de banques libanaises, et d’autres sites au Liban et à l’étranger". Ils étaient tous deux accusés d’avoir dénoncé M. Itani auprès de la direction générale de la Sécurité de l’Etat au moyen de documents falsifiés selon lesquels le dramaturge aurait commis des actes criminels, alors qu’ils le savaient innocent. A l'issue du procès devant le tribunal militaire, Mme el-Hajj a été innocentée et M. Ghabach condamné à un an de prison.

Ce jugement a provoqué des tensions politiques, notamment entre des responsables du Courant du Futur, qui ont pris fait et cause pour Ziad Itani, et d'autres du Courant patriotique libre, qui soutiennent le juge Germanos.

Le mois dernier, l'Inspection judiciaire a demandé l’ouverture d’une enquête au sujet de Peter Germanos.