Le président libanais, Michel Aoun, a reçu jeudi dans l'après-midi le Premier ministre sortant, Saad Hariri, avec qui il s'est entretenu de la nomination d'un nouveau Premier ministre et des tractations pour la formation du prochain cabinet. A l'issue de la réunion, M. Hariri s'est contenté d'expliquer que sa visite avait pour but de discuter de la crise gouvernementale avec le président, ajoutant que les tractations dans ce cadre "se poursuivaient avec toutes les parties".
Le gouvernement Hariri avait démissionné le 29 octobre, sous la pression des dizaines de milliers de manifestants qui réclament quotidiennement depuis le 17 octobre la chute de la classe dirigeante, accusée de corruption.
Selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chédid, citant des sources informées, le Premier ministre sortant s'est rendu au palais présidentiel à l'invitation du chef de l'Etat. Cette visite s'inscrit dans le cadre des tractations menées par M. Aoun avec tous les protagonistes. Durant la réunion, les deux hommes ont évoqué tous les points concernant la nature et la composition du futur cabinet, ainsi que la situation économique et financière du pays. Selon la même source, l'ambiance était positive, étant donné la convergence de vues entre MM. Aoun et Hariri sur plusieurs points. Et ces sources d'ajouter que les concertations nécessitent plus de temps car il s'agit de la formation d'un cabinet dans une situation exceptionnelle.
Interrogé par la chaîne NBN, affiliée au mouvement Amal dont il est le chef, le président du Parlement, Nabih Berry, s'est dit "entièrement convaincu de la nomination de Saad Hariri à la tête du futur gouvernement, parce que cela est dans l'intérêt du Liban".
(Lire aussi : Deux rencontres en 48 heures entre Hariri et Bassil, le décryptage de Scarlett Haddad)
Depuis la démission de M. Hariri, le Liban attend que le chef de l'Etat lance les consultations parlementaires contraignantes qui doivent permettre la nomination du futur chef de l'Exécutif. Se défendant de tout retard dans le lancement de cette procédure, la présidence avait annoncé prendre son temps pour préparer le terrain à la formation du futur gouvernement. En effet, alors que Saad Hariri, dont le nom est mentionné pour une nouvelle nomination, entend faire pression pour la formation d'un cabinet de spécialistes indépendants des partis, comme le réclame la rue, d'autres responsables refusent cette option et souhaitent mettre sur pied un gouvernement "techno-politique". Dans le cadre des tractations sur ce point, M. Hariri s'était entretenu mercredi, pour la deuxième fois en quelques jours, avec le chef du Courant patriotique libre (CPL, fondé par Michel Aoun), Gebran Bassil. Ce dernier fait partie des cibles attaquées avec le plus de virulence par les manifestants depuis trois semaines.
Jeudi, le leader druze libanais Walid Joumblatt a critiqué la classe politique qui dirige le pays, affirmant qu'il ne la soutiendrait plus, alors que le Parti socialiste progressiste dont il est le chef était représenté au gouvernement de Saad Hariri. "Au moment où la Constitution est violée et au milieu des dangers économiques et sociaux, alors que la contestation populaire est à son apogée, ils (les responsables politiques, ndlr) se concertent et se réunissent pour renforcer l'entente précédente qui a ruiné le pays, parallèlement aux menaces quotidiennes selon lesquelles ce qui se passe est le fruit d'un complot. Assez de perte de temps. Il est temps de partir. Quant à nous, nous ne serons plus avec vous, ni aujourd'hui ni demain", a écrit le chef du PSP sur son compte Twitter.
Lire aussi
Ceux qu’on n’a pas vu venir, le billet de Fifi Abou Dib
Deux rencontres en 48 heures entre Hariri et Bassil, le décryptage de Scarlett Haddad
Dans le centre-ville, les femmes chantent et prient pour le Liban
À Zghorta, la contestation des sacs poubelles
À Chevrolet, les papys font de la résistance
À Ramlet el-Bayda, un cri de colère contre les infractions sur les biens-fonds maritimes
commentaires (7)
Que fabriquent-ils? On ne veut pas de concertations pour former un nouveau cabinet. Chaque chose en son temps ! On attend depuis près de 2 semaines la nomination d'un premier ministre ! La formation du gouvernement doit venir après et loin de toute ingérence des partis. Qu'on cesse de demander l'avis aux uns et aux autres, sinon on retombe dans le même problème que la dernière fois!
Yves Prevost
23 h 55, le 08 novembre 2019