Les Etats-Unis ont appelé à la création "urgente" d'un nouveau gouvernement au Liban après la démission dans la journée de mardi du Premier ministre Saad Hariri, au terme de près de deux semaines de révolte populaire.
Washington "appelle les dirigeants politiques libanais à faciliter, de manière urgente, la création d'un nouveau gouvernement" a déclaré le secrétaire d'Etat Mike Pompeo dans un communiqué, ajoutant que "les manifestations pacifiques et les démonstrations d'unité nationale des 13 derniers jours avaient envoyé un message clair". "Le peuple libanais veut un gouvernement efficace, des réformes économiques et la fin de la corruption endémique. Toute violence ou action provocatrice doit cesser", précise M. Pompeo.
La journée de mardi avait été marquée par une violente attaque de partisans du Hezbollah et d'Amal contre les manifestants anti-gouvernementaux dans le centre-ville de Beyrouth.
En annonçant sa démission mardi, Saad Hariri, le fils de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, a expliqué avoir voulu répondre "à la volonté de nombreux Libanais qui sont descendus dans la rue pour réclamer le changement". Ce bouleversement politique ouvre une ère d'incertitude : le gouvernement qu'il dirigeait avait été formé en janvier après huit mois de tractations entre les innombrables composantes de la vie politique et confessionnelle libanaise.
(Lire aussi : Hariri renverse la table pour mieux négocier son retour)
Après près de deux semaines d'une révolte populaire sans précédent au Liban, les manifestants ont obtenu gain de cause sur une de leurs principales revendications. Mais leur colère vise plus globalement l'ensemble de la classe politique, jugée unanimement incompétente et corrompue.
La veille, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait estimé que le Liban "traverse une crise très grave depuis une quinzaine de jours". Il avait souligné que "la condition de la stabilité" au pays du Cèdre réside dans "la volonté d’écouter la voix et la revendication de la population".
Le porte-parole iranien des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, avait de son côté déclaré dans un communiqué que Téhéran "appelle à l'unité entre toutes les communautés et partis politiques au Liban afin de maintenir la sécurité et la stabilité dans le pays et réaliser les revendications légitimes du peuple libanais". Il avait souligné que "l'Iran espère que le gouvernement et le peuple libanais dépasseront avec succès cette étape dangereuse et sensible".
Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, avait pour sa part côté indiqué que son pays espérait que la démission de Saad Hariri "ne porterait pas atteinte à la stabilité du Liban". "Les développements au Liban sont cruciaux pour nous et pour la région dans son ensemble. Nous espérons que le mouvement de contestation restera pacifique à l’avenir", avait déclaré M. Maas à l’issue d’une réunion avec son homologue égyptien au Caire.
L'ONU avait de son côté appelé "toutes les parties à éviter la violence" au Liban, selon des propos du porte-parole adjoint de l'organisation, Farhan Haq.
Lire aussi
Le Liban traverse une crise "très grave", affirme Le Drian
D’une pierre trois coups, l'éditorial de Issa GORAIEB
Ne pas briser l’espoir, le commentaire de Michel Touma
commentaires (4)
Il arrive au bon moment pour donner un os à ronger à ceux qui n'en avaient plus depuis quelques jours... Merci Pompeo ! Irène Saïd
Irene Said
16 h 42, le 30 octobre 2019