Le ministre libanais de la Santé, Jamil Jabak (Hezbollah), a affirmé mardi que la situation actuelle dans le pays, qui connaît depuis treize jours un mouvement de contestation inédit contre la classe dirigeante, risquait de mener à "une catastrophe sanitaire et sociale". Lors d'une conférence de presse au ministère de la Santé, M. Jabak a prévenu que les fermetures de routes par les manifestants, sur l'ensemble du territoire, risquaient d'avoir "un impact dangereux" sur le pays.
Le ministre de la Santé a évoqué les différents problèmes rencontrés par le secteur de la santé en raison de la fermeture des routes. Il a soulevé le fait que les médecins, infirmiers et infirmières et le personnel administratif des hôpitaux ne parvenaient pas à atteindre les hôpitaux et centres au sein desquels ils travaillent. Le ministre a indiqué que le Liban connaît actuellement une pénurie de médicaments en raison de l'impossibilité pour les douanes de traiter les importations. Le ministre de la Santé a ajouté que les industries libanaises produisant des médicaments ne parviennent pas non plus à travailler, en raison de la pénurie de matières premières. "Certaines régions du pays ne peuvent plus être approvisionnées en vaccins et médicaments", a-t-il regretté. M. Jabak a souligné que les hôpitaux du pays connaissent également une pénurie de mazout, indispensable pour faire fonctionner les générateurs électriques et d'oxygène, lequel est nécessaire pour les anesthésies et les personnes souffrant de difficultés respiratoires. "Plus de 2.000 personnes souffrant d'un cancer ne parviennent pas à obtenir les médicaments dont ils ont besoin au centre hospitalier (public) du quartier de la Quarantaine en raison des blocages de routes", a-t-il ajouté.
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"Extorsion de fonds"
"Si cette situation perdure, je pense que nous nous dirigeons vers une catastrophe sanitaire et sociale", a-t-il déclaré. Il a dans ce contexte indiqué qu'il s'était plaint de cette situation auprès de toutes les personnes concernées au niveau de l'Etat.
Répondant aux questions des journalistes sur le genre de problèmes rencontrés par les professionnels du secteur de la santé sur les différents axes de communication du pays, M. Jabak a dénoncé des "extorsions de fonds, allant de 5.000 livres libanaises à 50 dollars aux différents barrages routiers". Il n'a toutefois pas souhaité préciser si ces extorsions avaient lieu dans certaines régions ou localités. Il a enfin critiqué le fait que "même les routes secondaires et tertiaires sont bloquées", empêchant toute circulation.
La révolte libanaise a été déclenchée le 17 octobre par l'annonce surprise d'une taxe sur les appels via la messagerie WhatsApp. Cette mesure a été vite annulée mais la colère ne s'est pas apaisée contre la classe dirigeante, jugée incompétente et corrompue dans un pays qui manque d'électricité, d'eau ou de services médicaux de base, 30 ans après la fin de la guerre civile (1975-1990).
Depuis le début de la contestation, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s'est exprimé à deux reprises, appelant notamment ses partisans à se retirer des rues. Il s'était prononcé contre la démission du gouvernement et la chute du mandat du président Michel Aoun, réclamées par les manifestants. Vendredi, il avait affirmé que la révolte "n'était plus un mouvement populaire spontané".
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LA CARASTROPHE EST DEJA PRESENTE DEPUIS DES ANS. LA CONTESTATION ENGLOBE AUSSI CE PROBLEME. AVISEZ VOS CHEFS DU HEZBOLLAH.
LA LIBRE EXPRESSION
14 h 22, le 29 octobre 2019