L'ancien Premier ministre libanais Nagib Mikati et la Banque Audi, poursuivis pour enrichissement illicite, ont balayé mercredi ces accusations, alors que des centaines de milliers de Libanais manifestent sur tout le territoire contre le pouvoir et la classe politique dans son ensemble.
Plus tôt dans la journée, la procureure près la cour d'appel du Mont-Liban, la juge Ghada Aoun, avait engagé des poursuites contre Nagib Mikati, son fils Maher et son neveu Azami (le fils de Taha Mikati, frère de Nagib), ainsi que la Banque Audi pour enrichissement illicite par le biais de prêts au logement subventionnés. La juge Aoun les a déférés devant le premier juge d'instruction.
"Que personne ne pense que je me cache derrière mon immunité parlementaire. Le message est arrivé : on a ras-le-bol de moi car je défends le poste de Premier ministre", a martelé M. Mikati, lors d'une conférence de presse cet après-midi.
L'ancien Premier ministre, qui s'est dit "étonné par la décision de la juge Aoun et son timing", a assuré qu'il était "à la disposition de la justice et sous le seuil de la loi".
Nagib Mikati s'est également dit "prêt à lever le secret bancaire sur ses comptes", soulignant qu'il n'est "pas concerné par l'affaire" de la plainte contre lui pour enrichissement illicite. Le député a enfin appelé le ministre de la Justice, Ablert Serhane, à "mettre un terme à la politisation de la Justice", avant de s'adresser au chef de l'Etat, Michel Aoun, et de lui dire : "Contribuez à garder la justice à l'écart de la politique, épargnez à l'armée les disputes et cessez de museler les médias".
Selon le conseiller en communication de l'ancien Premier ministre cité par Reuters, cette affaire a des motivations politiques, alors que Nagib Mikati est l'une des cibles privilégiées des manifestants, particulièrement à Tripoli. Selon cette même source, les prêts incriminés sont des prêts commerciaux, conformes aux normes de la Banque du Liban.
Depuis mardi 22 octobre, la fiche de présentation en anglais de Nagib Mikati, est piratée. En introduction de la fiche, M. Mikati est présenté en ces termes : "Nagib Azmi Mikati est un politicien libanais corrompu coupable notamment d’extorsion politique".
Dans un communiqué, la Banque Audi a également démenti ces accusations, expliquant avoir agi en toute légalité. La raison des poursuites engagées contre cette banque n'a pas été précisée, mais les prêts subventionnés par la BDL étant accordés via des banques commerciales, l'établissement pourrait être concerné par cette affaire.
En 2018, le journaliste Salem Zahrane avait rapporté que des responsables politiques et des personnes fortunées avaient bénéficié par le passé de prêts au logement subventionnés par la Banque du Liban (BDL). Documents à l’appui, le journaliste avait précisé que plusieurs sociétés dirigées par des membres de la famille de l’ancien Premier ministre et actuel député Nagib Mikati ont bénéficié entre 2010 et 2013 de neuf prêts immobiliers subventionnés pour une valeur totale de 14 millions de dollars. Or, avec des fortunes personnelles d’environ 2,8 milliards de dollars, les frères Nagib et Taha Mikati sont des habitués du top 1 000 des plus grosses fortunes du monde publié chaque année par Forbes. Le groupe Mikati avait estimé alors être la cible d’une "campagne de dénigrement".
Dans le cadre de la mobilisation populaire inédite qui traverse le Liban depuis jeudi 17 octobre, la classe politique libanaise en général est conspuée, alors que plusieurs de ses membres sont accusés, par les manifestants, de corruption.
Lundi, dans le cadre de la présentation par le Premier ministre Saad Hariri de son plan de réformes, il a annoncé la création de la Commission nationale de la lutte anticorruption.
Le Liban occupe le 138e rang sur 180 pays au classement 2018 de l’indice de perception de la corruption, publié en janvier dernier dans le rapport annuel de l’ONG Transparency International (TI) basée à Berlin.
commentaires (8)
IL FALLAUT QUE CA COMMENCE PAR LE SCANDALE DU SIECLE QUE SONT LES BARGES TURQUES. LES RESPONSABLES... OU LE RESPONSABLE... SONT OU EST TOUT CONNU-S-.
LA LIBRE EXPRESSION
22 h 56, le 23 octobre 2019