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Liban - Focus

Un week-end marqué par des arrestations injustifiées et des brutalités policières

Les personnes ayant besoin d’une aide légale gratuite peuvent appeler deux lignes vertes, au 76/329319 et au 78/935578.


Les forces antiémeute arrêtant un manifestant, près du Sérail à Beyrouth, le 18 octobre 2019. Mohamed Azakir/Reuters

Arrestations injustifiées, violences policières lors d’interpellations, gardes à vue prolongées, autant de tristes pratiques qui ont terni les deux premiers jours de manifestation contre les responsables politiques et la situation économique.

Pour apporter leur aide aux personnes victimes de brutalités et arrêtées injustement, le Centre libanais des droits de l’homme (CLDH) et l’Agenda légal, deux associations consacrées aux droits de l’homme, ainsi qu’une trentaine d’avocats regroupés au sein d’un Comité d’avocats volontaires pour la défense des droits des manifestants se sont mobilisés à l’occasion du mouvement national de contestation enclenché jeudi soir.

Sur les soixante-quatre protestataires appréhendés jeudi et quatre-vingt-six arrêtés vendredi, tous ont été relâchés samedi (certains sous caution d’élection de domicile), à l’exception de deux d’entre eux, selon des chiffres communiqués à L’Orient-Le Jour par Me Nermine Sibaï, membre du comité des avocats précité créé lors des manifestations de 2015 contre la crise des déchets. « Le fait que la quasi-totalité des 132 manifestants aient été remis en liberté prouve que ces arrestations sont arbitraires », juge Me Sibaï, critiquant « un manque de distinction » entre deux suspects et plus de 100 contestataires venus faire part de leurs demandes et de leur ras-le bol. « Parmi les deux personnes toujours en détention, l’une est d’ailleurs poursuivie pour une infraction qui n’est pas liée aux manifestations », indique à L’OLJ Fadel Fakih, directeur du CLDH.


Un usage excessif de la force
Nombre des manifestants qui ont été détenus à la caserne Hélou en sont sortis dans un piètre état, avec des blessures et des contusions sur le visage et le corps. Devant les caméras de télévision, ils ont tour à tour raconté les violences dont ils ont été victimes pendant les interpellations. « On m’a demandé de ne pas bouger la tête pour qu’on puisse bien cibler ma figure par des coups de poing », raconte notamment l’un d’eux, indiquant qu’il sollicitait en vain un arrêt momentané des coups, afin de respirer.

C’est cet usage excessif de la force que Ghida Frangié, présidente de l’Agenda Légal, dénonce fermement. Elle affirme à L’OLJ que « la force utilisée est excessive et disproportionnée par rapport aux comportements des manifestants ». L’activiste réclame dans ce cadre « l’ouverture d’enquêtes en vue de définir les responsabilités des agents des forces de sécurité et des militaires à l’encontre des personnes interpellées », martelant que « les agents publics sont passibles de poursuites lorsqu’ils commettent des infractions durant l’exercice de leurs fonctions ».

Évoquant justement ces infractions, Fadel Fakih révèle à titre d’exemple qu’une voiture de police « a foncé vendredi soir au milieu de manifestants qui ne commettaient pas d’actes de vandalisme, en percutant quelques-uns ». Il affirme aussi que ce soir-là, des soldats de l’armée ont lancé sans motif des bombes lacrymogènes en direction de manifestants pacifiques qui se trouvaient à proximité des barbelés protégeant le Grand Sérail.


Lignes vertes
Cependant, en dépit de toutes les exactions commises, « jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune plainte concernant des maltraitances dans les lieux de détention », assure Mme Frangié. Les responsables des deux associations des droits de l’homme et du comité d’avocats volontaires s’accordent toutefois à dénoncer le fait que beaucoup de prévenus ont tardé à obtenir l’autorisation de contacter leurs proches afin de les informer de leur lieu de garde à vue. Ils déplorent aussi que les instructions de remise en liberté adressées vendredi à 22h par le parquet aux commissariats de police n’aient pas été immédiatement exécutées, les détenus n’ayant été libérés que le lendemain matin. Ce retard serait dû à des problèmes administratifs, notamment au fait que leurs empreintes digitales n’avaient pas encore être prélevées. Les activistes se félicitent néanmoins de certaines avancées depuis les manifestations de 2015, pendant lesquelles les personnes appréhendées avaient dû attendre non seulement le prélèvement de leurs empreintes, mais aussi la fin des investigations pour être relâchées.

Pour toute demande d’aide légale gratuite dans le cadre des manifestations, le Comité des avocats volontaires, l’Agenda légal et le CLDH ont mis à la disposition des personnes victimes d’abus deux lignes vertes, le 76/329319 et le 78/935578.



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