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Nos Lecteurs ont la Parole - par César WAZEN

Lettre ouverte à Mme Raya el-Hassan

Chère Madame

Je suis un Libanais quadragénaire, donc de la génération de la guerre civile, vivant à l’étranger depuis 2011. J’ai donc eu la « chance » de vivre toutes les guerres récentes de notre pays bien-aimé. Je vous le précise, car, jusqu’à mes dernières vacances cet été au Liban, je m’étais considéré chanceux d’avoir survécu à ces guerres.

Depuis le 25 août dernier, je me considère comme étant chanceux que moi-même, mais aussi toute ma famille, soyons ressortis sains et saufs de la jungle des routes libanaises !

Voyez-vous, nous insistons à revenir chaque été pour deux mois au Liban, histoire de susciter, chez notre fils, un sentiment d’appartenance à son pays natal. Évidemment cela a marché à merveille car le Liban est un pays bien agréable pour passer deux mois, pourvu qu’on travaille (et vive ailleurs). Nos politiciens n’ont toujours pas réussi à ôter cela au pays, du moins pas encore, et ce n’est pas faute d’avoir essayé.

Mais pour la première fois cette année, nous remettons cela en question, malgré les réticences de notre fils, et cela à cause de notre ferme conviction que nous jouons avec le feu en « risquant » nos vies et celle de notre fils sur les routes du Liban. Un stress que nous pensions avoir oublié depuis la guerre et le risque de voitures piégées qui nous surprenaient ici et là.

En effet, les chauffards ambulants ont remplacé les terroristes aux voitures piégées et nous ne savions pas si en sortant de la maison, nous serons assez chanceux pour y revenir sains et saufs !

Pire encore, les Libanais semblent avoir perdu cette particularité très « street-smart » de pouvoir lire les pensées des autres et anticiper leur prochaine manœuvre. Ne me dites pas que vous n’avez jamais vous-même pu savoir que le chauffeur devant vous allait tourner à droite alors que son clignotant indiquait la gauche.

Cela semble désormais perdu.

Pourquoi m’adresser à vous me diriez-vous ? Vous n’êtes pas responsable de ce qui est décrit ci-dessus, le chaos sur les routes a toujours été présent… Non, ce n’est pas pour ça, c’est parce que pour la première fois, il y a un laisser-aller et un relâchement, voire une nonchalance jamais vue de la part des forces de l’ordre.

L’année passée, j’avais en effet plusieurs fois rapporté des infractions sur les routes sur le compte Twitter des FSI. J’obtenais alors des réponses directes avec photos, de la prise en charge de tel ou tel problème.

Cette année, même en vous adressant le problème à vous, aucune mesure n’a été prise ! Et par mesure je ne veux pas dire une réponse par Twitter. Je sais que vous avez mieux à faire, mais au moins des instructions pour remédier à un problème…

L’un des plus fréquents que j’avais rapporté était la circulation à contresens des mobylettes (et même parfois voitures !) sur la portion de l’autoroute reliant la Quarantaine au port de Beyrouth. Précisément du côté de la statue du premier immigrant (au drapeau mexicain). Des véhicules sortant partout, circulant à toute vitesse et à contresens alors que quelques centaines de mètres plus loin, un contingent de policiers s’occupe de balancer des amendes à droite et à gauche pour utilisation du téléphone portable au volant, alors que les voitures sont immobilisées par un embouteillage causé par les voitures des VIP garées à la porte d’un des restaurants huppés de Beyrouth (stationnement interdit) !

Si vous n’avez pas assez de ressources humaines pour imposer le code de la route, il s’agit de prioriser !

La priorité naturelle devrait être donnée aux infractions graves qui risquent de mener à des drames (le nombre de fatalité quotidienne le prouve) plutôt qu’à des infractions importantes bien sûr, mais sans répercussions directes sur la vie des personnes !

Une autre infraction rapportée portait sur le non-respect du feu rouge, et une dernière moins dramatique concernait les automobilistes qui « plongent » littéralement devant vous aux intersections.

Désespéré par le silence face à mes multiples pétitions, je m’étais décidé à vous demander d’inclure dans votre budget pour cette année l’achat de caméras de surveillance routière. Ces caméras s’avéreront rapidement être un investissement très rentable si elles permettent de verbaliser les contrevenants. Et donc d’encaisser le montant des amendes.

Madame, je m’adresse à vous par le biais du plus respectable des quotidiens libanais en espérant attirer votre attention sur ce problème, juste à temps pour l’inclure dans le budget 2020.

Si le nombre de morts sur les routes ne présente pas pour vous une réalité alarmante, car les FSI se vantent toujours du fait que nous sommes dans les moyennes mondiales, la nonchalance des policiers le devrait !

Il y aura bien sûr toujours des accidents, malheureusement c’est inévitable, mais, au moins, si les policiers ne sont pas présents pour faire leur travail, les caméras pourraient le faire. Et croyez-moi, ces amendes font mal, et responsabilisent les automobilistes. Preuve en est, les Libanais respectent le code de la route partout où ils sont, sauf au Liban !


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Chère MadameJe suis un Libanais quadragénaire, donc de la génération de la guerre civile, vivant à l’étranger depuis 2011. J’ai donc eu la « chance » de vivre toutes les guerres récentes de notre pays bien-aimé. Je vous le précise, car, jusqu’à mes dernières vacances cet été au Liban, je m’étais considéré chanceux d’avoir survécu à ces guerres.Depuis le 25...

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