Des dizaines de Libanais se sont à nouveau rassemblés dimanche au centre-ville de Beyrouth pour crier leur ras-le-bol et dénoncer une situation économique de plus en plus difficile, sur fond de craintes concernant la stabilité de la livre libanaise, une semaine après une première mobilisation dans la capitale et d'autres villes libanaises qui avait connu des débordements.
Brandissant des drapeaux libanais et des rameaux d'oliviers, les manifestants ont préparé des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Nous manifestons contre ceux qui, depuis les années 90 nous gouvernent, sucent notre sang, volent les richesses de notre pays, appauvrissent notre peuple, font fuir nos enfants et continuent de piller l'argent public", "Nous manifestons contre le système politique communautaire et corrompu", "Nous voulons un État social et des libertés publiques", "Nous voulons une liberté d'opinion et d'expression, plutôt que des politiques de musellement" ou "Nous manifestons pour récupérer l'argent volé et juger la mafia du pouvoir".
La députée issue de la société civile, Paula Yacoubian, a participé à la manifestation.
Après s'être rassemblés place des Martyrs, les manifestants se sont déplacés vers la place Riad Solh, devant le Grand Sérail, siège du gouvernement libanais. Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), une femme a menacé d'immoler ses deux enfants devant le Grand Sérail après le refus de l'école Bilal Fahs, située au Liban-Sud, de les scolariser, leurs parents étant dans l'incapacité de payer les frais de scolarité.
Les Forces de sécurité intérieure, l'armée libanaise et les forces anti-émeutes ont renforcé leur présence aux entrées du Grand Sérail et du Parlement. Aucune échauffourée entre les protestataires et les forces de l'ordre n'a eu lieu.
Après avoir pleuré la mort de la militante de la société civile, Nadine Jouni, lors d'un accident de voiture dans la matinée alors qu'elle se rendait au rassemblement de Beyrouth, les manifestants ont ensuite brièvement coupé la route devant le siège de la Banque du Liban, dans le quartier de Hamra, avant de couper celle du Ring.
Selon l'Ani, des dissensions sont apparues dans les rangs des manifestants sur le déroulement de la journée de mobilisation. Selon l'agence, une partie seulement des protestataires ont bloqué les routes devant le siège de la BDL et sur le Ring.
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Par ailleurs, les militaires à la retraite ont appelé dans la journée à un rassemblement mercredi à partir de six heures du matin devant le bâtiment de la TVA à Beyrouth.
La crise économique que traverse le Liban a été notamment accentuée ces derniers jours par une limitation drastique de la circulation de dollars américains sur le marché libanais.
L’économie du pays a commencé à se dollariser pendant la guerre civile, dans le sillage du début de l’effondrement de la livre en 1984. Depuis 1997, la parité entre la monnaie nationale et le billet vert est en outre fixée par la BDL, à raison de 1.507,5 livres pour un dollar. La Banque centrale a maintenu ce taux pendant plus de deux décennies. Mais les difficultés croissantes qu’elle a récemment rencontrées pour maintenir le niveau de ses réserves en devises dans un contexte de dégradation de la situation économique et financière du pays, couplée à une crise de confiance envers les pouvoirs publics, l’ont récemment amenée à limiter la quantité de dollars circulant sur le marché.
Si le taux de change officiel reste toujours en vigueur, l’accès au billet vert qui circulait quasi librement jusqu’ici est devenu de plus en plus compliqué, que ce soit à cause des limites de retraits imposées par les banques (où il se négocie aux environs de 1 515 livres) ou de sa disponibilité dans les bureaux de change qui le vendaient plus cher.
Dimanche dernier, ces centaines de Libanais s’étaient, dans un premier temps, rassemblés de manière pacifique. Mais dans l’après-midi, des groupes de jeunes avaient provoqué des incidents avec les forces de l’ordre. Sur l’ensemble du territoire, de nombreuses routes avaient été coupées.
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commentaires (4)
LES CHOSES NE VONT PAS DU BON COTE CAR LES MANIPULATEURS POLITIQUES Y ONT LEUR MAIN DANS CES MANIFESTATIONS. C,EST DOMMAGE QU,ON LAISSE PAS LE PEUPLE S,EXPRIMER LIBREMENT SANS Y GLISSER DES VOYOUS.
LA LIBRE EXPRESSION
19 h 14, le 06 octobre 2019