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Culture - STREET ART

Voyager avec « Milla » au pays de l’imaginaire

Une immense peinture murale, occupant toute la façade latérale d’un immeuble jouxtant la banque BEMO à Achrafieh, agrémente désormais le quotidien des habitants du quartier.

« Milla », la première peinture murale qui habille toute une façade d’Achrafieh signée Ihab Ahmad. Photo DR

C’est un immeuble, comme tant d’autres à Beyrouth, qui a connu des jours heureux et d’autres moins légers. Situé à Achrafieh, à proximité de la place Sassine, dans le périmètre où a eu lieu, il y a exactement 7 ans, l’attentat contre le général Wissam el-Hassan, il jouxte par l’une de ses façades latérales le parking de la banque BEMO. Défraîchi par le temps, ce bâtiment, qui en a vu de toutes les couleurs, vient d’en reprendre des vives et des joyeuses, grâce au talent d’Ihab Ahmad, un jeune artiste libanais. Lequel, commissionné par la banque voisine (par l’intermédiaire d’Art of Change) pour la réalisation d’une œuvre qui embellit et réenchante la relation des habitants du quartier à leur environnement, a transposé son univers allègre et réjouissant sur toute la façade nord de l’immeuble. Soit sur un mur aveugle de 28 m de hauteur x 14 m de largeur donnant directement sur l’entrée de l’institution financière et qui, plutôt que de servir de panneau d’affichage publicitaire, rejoint les édifices supports de l’art urbain libanais.

Faire de la rue un lieu d’exposition accessible à tous, tel est l’objectif que poursuit Art of Change qui rassemble sous son ombrelle de talentueux artistes libanais et leur offre, par mécènes et institutions sponsors interposés, les moyens de réaliser des œuvres dans la ville. Faire tomber les murs qui séparent les Libanais et les remplacer par ceux fédérateurs d’un art non élitiste et ouvert à tous, voilà le changement qu’ambitionne d’accomplir cette plate-forme initiée par l’ONG libanaise Ahla Fawda et qui, depuis un peu plus d’un an, compte à son actif la réalisation de 12 peintures murales rien qu’à Beyrouth, avec plus d’une à la rue Hamra (dont la fameuse Sabah de Yazan Halawani, devenue une image emblématique de cette ville dans les médias étrangers) ainsi que dans différentes régions du pays (le tunnel de la route de Damas à Aley et Kfarmechki dans la Békaa notamment).



(Lire aussi : Pour soutenir les femmes, la LADE dévoile une gigantesque peinture murale)




Première murale à Achrafieh
Pour cette œuvre, la banque BEMO voulait un thème voyageur, ouvert sur les notions de rêves à réaliser et de voyage dans le temps et la mémoire. Une thématique qui correspondait pleinement à celle que développe Ihab Ahmad dans toute son œuvre. Pénétrée des songes et visions de l’enfance, la peinture de cet artiste et designer de 36 ans, diplômé en communication visuelle de l’Université libanaise, est basée, dit-il, sur le sentiment de joie qui a baigné sa jeunesse en dépit de la guerre. Et c’est ce bonheur de vivre et cet optimisme à l’état pur qu’il tente de faire perdurer à travers ses créations pleines d’allégresse et d’espoir.




(Lire aussi : « Pas un seul Chehab n’est passé sans se reconnaître dans cette murale »)



« L’art est avant tout générosité »
Motivé par le besoin de « se libérer des limites de la toile », il s’est lancé avec enthousiasme dans cette première expérience de peinture murale. C’est ainsi que promenant ses visions de l’enfance sur l’étendue d’un banal mur d’immeuble, au moyen de son tracé revisité à la bombe du graffeur de Street Art, il en a fait (en 6 jours) un tableau plaisant, à la fois intrigant et poétique. Fidèle à la demande de la banque commanditaire. Mais surtout à son univers personnel imprégné des influences mélangées de Miro, de Paul Klee, d’Huguette Caland et, semble-t-il en particulier dans cette murale, de Dubuffet.Un univers retracé en sinueuses lignes noires rehaussées de touches de couleurs vives, dessinant sur un fond blanc des figures et des formes fantaisistes qui ne sont pas sans évoquer de drôles de créatures gigotant dans l’espace. Entre arbre et nuage, main et tête de chat à bec d’oiseau, œil et poisson, maison et couronne, cette gigantesque murale baptisée « Milla », transporte immanquablement celle ou celui qui la regarde vers les horizons infinis et enjoués de la rêverie enfantine.

Comme l’a signalé Riad Obegi, PDG de la banque BEMO, lors de l’inauguration de cette nouvelle murale beyrouthine : « Toute œuvre d’art est collective. Elle appartient à tous. Celle-ci, en particulier, n’est pas notre propriété, elle a été exécutée sur un bien qui n’est pas le nôtre et nous entendons en faire profiter le maximum de gens. Nous pensons que l’art est avant tout générosité.

Pour aligner nos actions avec nos paroles, nous avons l’intention d’ouvrir notre parking et de le transformer partiellement en jardin, pour qu’il devienne durant les week-ends une aire de jeux. » Et d’art bien entendu !




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Super initiative: que les autres en prennent de la graine.

Marionet

10 h 04, le 05 octobre 2019

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Commentaires (1)

  • Super initiative: que les autres en prennent de la graine.

    Marionet

    10 h 04, le 05 octobre 2019

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