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À La Une - Iran-USA

Le soir où Trump a appelé en vain Rohani au téléphone

A New York, les présidents US et iranien se sont mis d'accord sur un document en quatre points, rédigé par Emmanuel Macron, qui servirait de fondation à une éventuelle reprise des négociations, selon Politico. 

Le président américain, Donald Trump. Photo REUTERS/Leah Millis

Poussé par la France, en marge de l'ONU Donald Trump a appelé mardi 24 septembre Hassan Rohani mais le président iranien a refusé de prendre l'appel, alors qu'Emmanuel Macron patientait dans l'hôtel de la délégation iranienne à New York, a indiqué une source diplomatique française. "A New York, jusqu'au dernier moment, Emmanuel Macron a tenté d'établir un contact, car ses entrevues avec les présidents Trump et Rohani laissaient penser que ce contact était possible", a expliqué son entourage.

Pendant ses 48 heures à New York, Emmanuel Macron, qui œuvre depuis des mois à une rencontre entre les deux dirigeants, a vu trois fois Donald Trump et deux fois Hassan Rohani, plaidant pour un dialogue direct. Le soir où il devait reprendre son avion pour Paris, il a estimé qu'un coup de fil entre les deux hommes était possible, selon la même source. La délégation française a donc envoyé des techniciens installer ce soir-là une ligne sécurisée entre l'hôtel Lotte, où se trouvait le président américain, et le Millennium, où résidait la délégation iranienne, avec l'accord des deux parties. Donald Trump a prévu d'appeler à 21h00 tandis que le doute plane encore sur la réaction des Iraniens.

Le président français donne vers 19h00 un point de presse sur le bilan de son séjour à l'Assemblée générale des Nations unies, sans mentionner cette initiative. Il va dîner dans une pizzeria puis se rend quelques minutes avant 21h00 dans le salon de l'hôtel Millennium où est installée la ligne sécurisée, pour s'assurer que l'appel aura bien lieu, selon la source diplomatique, après la publication par la presse américaine d'un récit de cette soirée. Donald Trump appelle à l'heure dite, mais Hassan Rohani fait dire au président français qu'il ne prendra pas l'appel.

"La discussion a continué à bloquer sur ce point dur : les Iraniens veulent d'abord une levée des sanctions américaines, Donald Trump veut d'abord que Téhéran prenne des engagements sur le nucléaire et ses activités balistiques et régionales", selon cette source. "Téhéran a dit non. C'est tout à fait dommage car les exigences sur le fond étaient admises par le président Rohani et le président Trump". "Ce qui ressort est qu'Hassan Rohani n'avait pas les mains libres à New York", explique cette source, pour qui certains "durs" du régime iranien ont intérêt à maintenir la fermeture du pays, étranglé par les sanctions américaines. "Ce qui est important est que les Iraniens n'ont pas dit non mais ont dit qu'ils avaient besoin de temps", fait valoir Paris, pour qui ce contact direct reste la seule voie pour éviter un conflit grave dans le Golfe. "Dire que le président (français) a attendu dans un couloir, comme l'a dit la presse américaine, c'est faux. Le principe d'un contact téléphonique était accepté, Emmanuel Macron devait participer à cet entretien pour faciliter le contact", assure la source diplomatique française.

"Le président est allé dans un salon de réception de l'hôtel Millennium, où les Iraniens l'attendaient - on ne s'invite pas chez un chef d’État sans son consentement. Il n'a pas attendu longtemps. Il n'a pas vu le président Rohani, qui n'a pas pris l'appel. Il a alors utilisé la ligne sécurisée pour appeler Donald Trump pour l'informer. Ce dernier l'a remercié de ses efforts et l'a encouragé à les poursuivre". "Le contact direct entre Iran et Etats-Unis permettrait de déclencher les négociations, qui pourront ensuite s'effectuer avec par exemple les cinq membres du Conseil de sécurité plus l'Allemagne", conclut la même source.

Téhéran et Washington sont à couteaux tirés depuis que les Etats-Unis se sont retirés unilatéralement en mai 2018 de l'accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015, rétablissant des sanctions économiques contre l'Iran. Les deux pays ont frôlé un conflit armé direct en juin sur fond d'escalade militaire dans le Golfe. L'attaque de l'Arabie saoudite par des missiles le 14 septembre, dont Washington et les Européens rendent l'Iran responsable, a encore accru la tension.



(Lire aussi : A Téhéran, de célèbres fresques antiaméricaines tirent leur révérence)




Les "quatre points" de Macron
L'appel entre MM. Trump et Rohani aurait servi d'alternative à une rencontre en personne entre les deux présidents, qui se sont mis d'accord sur un document en quatre points, rédigé par Emmanuel Macron, et servant de fondation à une telle réunion et à un nouveau départ d'éventuelles négociations, rapportent des responsables français au média américain Politico. 

Ce document, qui reprend les grandes conclusions des nombreux aller-retours de M. Macron entre les présidents iranien et américain en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avait été approuvé par Hassan Rohani et Donald Trump. Il prévoit, selon Politico, que Téhéran accepte "de ne jamais acquérir d'armes nucléaires, respecter ses engagements et obligations en matière de nucléaire et accepter de négocier un cadre à long terme pour ses activités nucléaires". Selon le texte, Téhéran "s'abstiendra de lancer toute agression et visera à assurer la paix et le respect dans la région au moyen de négociations". Washington devra, de son côté, "lever toutes les sanctions réimposées à l'Iran depuis 2017" et laisser à la République islamique "sa pleine capacité d'exporter son pétrole et d'utiliser ses revenus". 

Le média américain souligne que le programme de missiles balistiques iranien n'est pas mentionné dans le texte. Selon des responsables français, le langage utilisé pour parler du rôle régional de l'Iran dans le document présenté par le président Macron était assez clair pour que les différentes parties comprennent que ce programme balistique ferait partie des négociations. 

Selon Politico, "le document était conçu pour permettre à toutes les parties de se dire victorieuses", Donald Trump ayant la possibilité d'étendre de nouvelles négociations aux activités balistiques de l'Iran dans la région, Téhéran pouvant être libéré des sanctions et Emmanuel Macron pouvant se targuer d'être le médiateur qui a permis d'éviter une nouvelle guerre au Moyen-Orient.



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commentaires (5)

La Belle et la Bête . lol.

FRIK-A-FRAK

12 h 45, le 02 octobre 2019

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Commentaires (5)

  • La Belle et la Bête . lol.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 45, le 02 octobre 2019

  • ici aussi on censure ????? c'est quoi ce journal , pire que la pénurie de dollar c'est une pénurie de démocratie liberté d'expression ..

    FRIK-A-FRAK

    12 h 29, le 02 octobre 2019

  • hahahaha encore une occasion raté, de toute façon s'il n'avait pas l'appui de l'ayatollah il n'aurait rien pu faire. comme quoi l'iran est un semblant de democratie ou le president n'est pas vraiment president.

    Thawra-LB

    12 h 09, le 02 octobre 2019

  • Signer un nouvel accord avec les ayatollahs en leur permettant de vendre leur petrole est une funeste erreur....si l IRAN aujourd hui etranglee economiquement est une grande menace pour la securite du monde,on imagine son pouvoir de nuisance avec pleins de petrodollars....donc pas d accord avec l Iran jusqu a la chute de cette odieuse theocratie et au contraire asphyxier toujours plus le pays.

    HABIBI FRANCAIS

    11 h 21, le 02 octobre 2019

  • ROHANI AVAIT ACCEPTE L,INSTALLATION DE LA LIGNE TELEPHONIQUE ENTRE TRUMP ET LUI MAIS N,AS PAS REPONDU. EH BIEN C,EST L,IRAN LE PERDANT. CLAIR.

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 36, le 02 octobre 2019

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