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Liban - Rencontre

Rym Ali : Les peuples libanais et jordanien ont beaucoup de points en commun

Ancienne journaliste, l’épouse du prince Ali ben Hussein, demi-frère de Abdallah II, est engagée pour la culture, l’éducation et l’action sociale.

La princesse Rym Ali a fondé l’Institut jordanien des médias par souci de « redorer le blason du métier » dans le monde arabe.

Derrière un sourire timide, affable et une voix douce, se cache une grande dame à l’abord facile, très attachante par sa modestie, sa générosité et son engagement en faveur de la culture, de l’éducation et de l’action sociale. Rym Ali, épouse du prince jordanien Ali ben Hussein, le demi-frère du roi Abdallah II, s’est investie dans ce domaine depuis son mariage en 2004. Ancienne journaliste de guerre (elle a rencontré son futur époux en 2003 alors qu’elle couvrait la guerre du Golfe pour la CNN depuis la Jordanie, après que l’équipe de la chaîne américaine eut été expulsée d’Irak), la princesse a fondé il y a treize ans l’Institut jordanien des médias, un centre de formation journalistique à but non lucratif. Elle soutient aussi la Royal Film Commission, un institut de production et de formation audiovisuelles dont elle est l’une des commissaires, et œuvre à renforcer le rôle de la femme dans la société jordanienne.

« J’ai eu beaucoup de chance, parce que je ne suis pas la première Jordanienne à être active sur le plan social », confie à L’Orient-Le Jour la princesse dans son bureau à l’Institut jordanien des médias (JMI), en marge des travaux du Forum EuroMed des femmes pour le dialogue qui s’est tenu récemment à Amman. « Nous avons eu la chance, en Jordanie, d’avoir eu des femmes très actives qui ont défriché le terrain, qu’elles soient ou non membres de la famille royale », poursuit-elle.

Fille de Lakhdar Brahimi – ancien ministre algérien des Affaires étrangères et émissaire de la Ligue arabe lors de la guerre libanaise, qui avait débouché sur l’accord de Taëf en 1989 –, Rym Ali, qui a également travaillé pour BBC World, Dubai TV, Bloomberg International et Radio Monte-Carlo Moyen-Orient, ne cache pas son affinité pour le Liban, « un pays d’amitié et d’amour » qu’elle a découvert au début des années 1990.

« J’ai beaucoup d’ami(e)s libanais(es), raconte-t-elle. Le fait que mon père ait joué un rôle au Liban qu’il a toujours porté dans son cœur a fait que j’ai des attaches émotionnelles avec ce pays. C’est là que je me rendais souvent avant d’aller à Bagdad, ou encore pour y passer un court week-end ou rejoindre mon père. Jusqu’à présent, si mon père est au Liban, je l’y rejoins. Je sais que la vie dans ce pays n’est pas facile, mais il y a tellement de choses à admirer, des choses que je respecte et trouve formidables. J’aime beaucoup cette proximité entre les peuples jordanien et libanais. Je trouve que nous sommes très complémentaires, que nous avons beaucoup de points en commun, tout en étant différents. Chacun des deux peuples apporte à l’autre. Il y a des enseignants libanais à l’institut et je sais que beaucoup de Jordaniens poursuivent leurs études au Liban. »


(Lire aussi : La liberté d’expression, facteur essentiel pour une culture du dialogue et de la pensée libre)

Le danger des médias sociaux

Revenant sur son parcours après son mariage, la princesse, mère de deux enfants, explique qu’elle a fondé l’Institut jordanien des médias par souci de « redorer le blason du métier » dans le monde arabe. « Je suis certaine, étant moi-même journaliste, que la plupart des gens ne veulent pas que leurs enfants exercent ce métier », affirme-t-elle. L’idée était donc d’avoir un centre de formation d’excellence avec un « niveau international » – le JMI octroie une maîtrise en journalisme – et de faire en sorte que « la perception du métier change pour qu’il redevienne ce métier respectable qu’il est en réalité ».

« Je pensais qu’il était important d’avoir des professeurs qui puissent enseigner en langue arabe, poursuit-elle. Beaucoup d’ouvrages sur les nouveaux médias et les médias numériques n’ont pas été traduits vers l’arabe et je pensais qu’il était important de pouvoir rapporter tout ce savoir en arabe et de le mettre à la portée de gens qui n’ont pas l’occasion de voyager, mais qui ont du potentiel et qui sont capables de bien exercer ce métier. C’était dans cet esprit que le JMI a été créé, mais aussi avec l’idée que dans une société saine, on a besoin de médias. »

Se penchant sur les défis que les médias doivent relever dans le monde arabe, la princesse souligne l’importance de faire preuve de « rigueur » et de s’engager sur la voie de « la réflexion, la recherche et l’investigation », face aux médias sociaux qui restent « importants » pour les journalistes, mais « qui ont montré à quel point il est nécessaire d’avoir des journalistes bien formés ». « Il faudrait aussi que notre société comprenne l’importance d’un journalisme de haute qualité professionnelle, bien rémunéré », constate-t-elle.

Et la princesse d’ajouter : « On apprend tous les jours grâce aux réseaux sociaux, mais outre la désinformation, ces médias présentent un danger, celui de compartimenter les choses, dans le sens où, comme l’a si bien dit Amin Maalouf, nous pouvons passer notre vie à ne suivre que des sujets qui nous intéressent en ne faisant aucun effort pour nous informer sur d’autres thèmes que nous estimons de moindre importance. »

Rym Ali ne cache pas que la profession lui manque souvent, « surtout le travail de terrain », soulignant qu’elle aurait aimé couvrir à titre d’exemple la question des réfugiés et les révolutions dans les pays arabes. « Si j’avais été encore journaliste et que j’avais le choix, j’aurais aimé couvrir ces moments historiques que traverse notre région, affirme-t-elle. Ce sont des événements très importants qui méritent d’être racontés. » Mais l’ancienne journaliste n’a pas totalement abandonné le métier. En plus de son activité dans le cadre de l’Institut jordanien des médias où elle passe la plus grande partie de son temps, Rym Ali écrit elle-même ses discours, « avec l’aide d’une amie », précisant qu’il lui est arrivé « une ou deux fois de faire du terrain avant de les rédiger ».


(Lire aussi : À Amman, les femmes porteuses d’innovation resserrent les rangs)

Initiation aux médias

Sur le plan social, la princesse estime qu’il reste beaucoup à faire pour l’égalité des genres en Jordanie et dans le monde arabe. L’initiation aux médias est l’un des moyens, selon elle, de promouvoir cette égalité. Au JMI, explique-t-elle, un programme d’éducation aux médias a été instauré pour initier les jeunes aux médias sociaux qui, selon elle, « ne constituent pas un problème si on sait les utiliser et travailler en amont ».

« Je ne crois pas en la censure qui est totalement inefficace avec tout ce qu’il y a comme moyens, insiste-t-elle. Mais je crois qu’il y a des valeurs à promouvoir. Quand on veut, à titre d’exemple, lutter contre les discours de haine, les médias sociaux jouent un rôle important en ce sens. Cela s’applique aussi à l’égalité des genres. Ce sont des valeurs qu’on cherche à promouvoir. La question est d’initier les jeunes à l’utilisation de ces médias et de leur apporter du discernement par rapport à ce qu’ils voient. »

Et de conclure : « La clé est de leur apprendre à tout remettre en question et à s’interroger. C’est ce que je dis à mes étudiants et à mes enfants. Si on peut déjà établir cela en amont, je pense que cela peut aider dans l’égalité des genres en cette période, parce que ce sont des enfants qui grandissent en étant habitués à certaines valeurs. »

Derrière un sourire timide, affable et une voix douce, se cache une grande dame à l’abord facile, très attachante par sa modestie, sa générosité et son engagement en faveur de la culture, de l’éducation et de l’action sociale. Rym Ali, épouse du prince jordanien Ali ben Hussein, le demi-frère du roi Abdallah II, s’est investie dans ce domaine depuis son mariage en 2004. Ancienne...

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