Le rédacteur en chef du quotidien libanais Nidaa el-Watan, Béchara Charbel, et le directeur responsable du journal, Georges Berberi, ont été maintenus en liberté sous caution d'élection de domicile, mercredi, après avoir été entendus par le procureur général au Palais de justice de Beyrouth. Ils avaient été convoqués à la demande du ministère de la Justice après la publication d'une manchette jeudi dernier qui titrait : "Nouveaux ambassadeurs à Baabda : bienvenue dans la République de Khamenei", en référence au guide suprême iranien. Le dossier a été transféré au parquet d'appel de Beyrouth.
Avant la décision du procureur général, M. Charbel avait déclaré, à l'issue de sa comparution, à la chaîne locale LBCI que "l'atmosphère était excellente" et qu'il respecterait la décision de la justice. "Nous espérons que ce qui s'est passé ne soit pas le début d'une série d'atteintes à la liberté de la presse", avait-il ajouté. Avant le début de l'interrogatoire, le rédacteur en chef du journal, récemment fondé par l’homme d’affaires Michel Mecattaf, avait réaffirmé l'importance du droit à la liberté d'expression. "Nous respectons la loi et la Constitution qui nous donnent la possibilité de nous opposer", avait-il ajouté.
Plusieurs responsables politiques étaient présents devant le Palais de justice pour exprimer leur solidarité avec les journalistes, notamment les anciens députés Ghazi Aridi, Boutros Harb et Farès Souhaid. "Ce dossier doit être refermé car il n'y a pas de délit. Nous avons une confiance totale dans la décision que prendra la justice", a déclaré M. Harb.
Dans la journée, le président du syndicat des rédacteurs, Joseph Kosseifi, s'est entretenu avec le procureur général près la Cour de cassation, Ghassan Oueidate, et le procureur général par intérim, le juge Imad Kabalan. Il a exprimé l'espoir que le dossier soit transmis au tribunal des imprimés.
Réagissant à ces derniers développements, et à la suspension prolongée des programmes de la Future TV annoncée plus tôt dans la journée, les Kataëb ont exprimé dans un communiqué "leurs craintes vis-à-vis de la situation difficile des médias au Liban". "Les Kataëb invitent les responsables concernés à mettre en place un plan de sauvetage" de la presse au lieu de poursuivre leur politique de "musellement et de restriction aux libertés".
En titrant sur la "République de Khamenei", le quotidien faisait allusion au dernier discours du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah à l’occasion de la commémoration de Achoura, dans lequel le leader chiite avait réaffirmé son allégeance au guide suprême iranien.
La convocation des responsables de Nidaa el-Watan relance une fois de plus le débat sur la liberté d’expression et le harcèlement policier et judiciaire des journalistes. Ces dernières années, de nombreux journalistes, blogueurs et activistes ont été convoqués par le bureau de lutte contre la cybercriminalité pour des publications en ligne, au lieu de comparaître devant le tribunal des imprimés.
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commentaires (5)
Comment se fait-il que le leader du Hezbollah qui réaffirme ouvertement et publiquement son allégeance au guide suprême iranien, reçoit des armes de sa part et accepte d'être financé par lui...tout en faisant partie du gouvernement libanais...!!!...ne soit jamais convoqué par la justice libanaise ? Que vient faire l'allégeance à un pays étranger avec une soi-disant "résistance libanaise" ? Y-a-t-il des occupations du Liban plus acceptables que d'autres ? Irène Saïd
Irene Said
16 h 47, le 18 septembre 2019