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Liban - Partis

Kataëb-FL : politique politicienne ou lutte pour le leadership chrétien ?

Nadim Gemayel exhorte Saïfi et Meerab à unifier leurs efforts « face à la mainmise iranienne ».

Samir Geagea et Samy Gemayel à Meerab. Photo d’archives tirée du site web des FL

C’est à l’occasion de la 37e commémoration de l’assassinat de Bachir Gemayel, ancien président élu de la République, le 14 septembre 1982, que le nouveau round de la querelle politique chronique entre les Kataëb et les Forces libanaises a éclaté au grand jour.

S’exprimant lors de la cérémonie organisée à la permanence Kataëb d’Achrafieh (où a eu lieu l’attentat qui avait coûté la vie à Bachir Gemayel et ses compagnons), le leader du parti, Samy Gemayel, s’est livré à une violente diatribe contre aussi bien le Hezbollah que les acteurs de l’entente politique élargie d’octobre 2016.

« Certains se livrent à de mauvais choix et se cachent derrière ton image à l’heure des compromis, des marchés douteux et de la soumission », avait-il lancé à l’adresse du président assassiné. Et M. Gemayel d’ajouter : « Si Bachir était encore vivant, aurait-il soumis à autrui le pouvoir de décision de l’État ? Aurait-il voté pour ceux qui ne croient pas en la souveraineté du Liban et qui optent pour la logique des quotes-parts en échange de sièges en carton, en abandonnant la cause ? » Le chef des Kataëb n’a pas manqué de décocher des flèches en direction du Hezbollah. « Certains prennent à notre place des décisions qui engagent notre avenir. Celui qui en a décidé ainsi nous a clairement fait comprendre que les décisions de paix et de guerre sont prises à l’étranger. Et que notre État est lâche et soumis », avait encore tonné Samy Gemayel.

À travers ces propos, le chef des Kataëb, et à partir de son positionnement de fer de lance de l’opposition, réitérait son refus du compromis politique qui avait pavé la voie à l’accession du général Michel Aoun à la tête de l’État. Et pour cause : M. Gemayel et son parti estiment que cet accord a livré la décision souverainiste du pays au Hezbollah et à son mentor iranien.

En dépit de cette prise de position traditionnelle, les propos de Samy Gemayel sont notables dans la mesure où ils ont été interprétés dans certains milieux politiques comme étant critiques à l’égard des Forces libanaises, parti fondé par Bachir Gemayel en 1980, et avec qui les rapports des Kataëb sont en dents de scie depuis des mois. Le discours du député du Metn a d’ailleurs déclenché de vives réactions dans les milieux proches de Meerab.


(Lire aussi : Samy Gemayel : Le Liban est gouverné depuis l’étranger, l’État est lâche et soumis)

« Bachir nous a appris à dire la vérité »

Mais les milieux des deux formations tentent de minimiser la portée de ce nouveau round de tiraillements et de le réduire à une dimension liée à la politique politicienne. C’est ainsi que Nadim Gemayel, député Kataëb de Beyrouth et connu pour ses bons rapports avec les FL, interprète pour L’Orient-Le Jour la dernière querelle entre son parti et celui de Samir Geagea. « Je ne vois aucune polémique avec les FL. L’heure n’est pas aux tiraillements fratricides, mais à l’unification des efforts face à la mainmise iranienne sur le pays », souligne-t-il, rappelant que les propos de Samy Gemayel vont dans le même sens. « Il est temps de reconnaître cette réalité afin de mener une sérieuse lutte politique », ajoute-t-il.

Élias Hankache, député Kataëb du Metn, lie, pour sa part, la polémique avec Meerab à des questions liées aux positionnements politiques diamétralement opposés des deux partis. « Bachir Gemayel nous a appris à dire la vérité, aussi difficile soit-elle. Et c’est ce que Samy Gemayel a fait et ce que nous continuerons à faire », explique M. Hankache dans un entretien accordé à L’OLJ. « Chaque parti politique devrait assumer les conséquences de ses choix. Et il est de notre droit le plus élémentaire de critiquer le compromis élargi de 2016. »

À une question portant sur l’avenir des rapports Kataëb-FL, le député du Metn répond en affirmant que la bataille menée par sa formation n’est pas dirigée contre un parti bien précis, mais contre « un pouvoir qui n’en finit pas d’opter pour de mauvais choix ». Et d’assurer qu’il est toujours possible de dialoguer avec les FL.

De leur côté, les FL semblent avoir reçu clairement le message de Samy Gemayel qui, à plusieurs reprises, avait invité les FL à claquer la porte du gouvernement pour se ranger à ses côtés, dans le camp de l’opposition. D’autant que Meerab accuse ouvertement le CPL, mais aussi d’autres composantes gouvernementales de tenter de l’isoler. Et c’est Samir Geagea qui a personnellement répondu à M. Gemayel, lors d’une conférence de presse, hier à Meerab. « Nous resterons au sein du cabinet parce qu’il s’agit d’un gouvernement d’union nationale. Et nous sommes convaincus qu’à l’intérieur (du gouvernement), nous sommes beaucoup plus influents qu’à l’extérieur », a-t-il dit.


(Lire aussi : Solange Gemayel, gardienne de l’héritage de Bachir)


Coexistence critique

Bien au-delà de leur discours officiel, principalement articulé autour des divergences liées à l’actualité, les deux partis partagent une histoire commune et une même base partisane, mais aussi et surtout les mêmes idéaux souverainistes et stratégiques. Pourtant, ils échouent à unir leurs efforts. « Ils sont conscients de cette réalité. Ils préfèrent donc cerner leurs mésententes à la politique politicienne », souligne un observateur politique. « Il s’agit d’une question épineuse, voire d’une querelle fratricide pour le leadership chrétien (face au CPL). D’autant qu’au fil des années, les Kataëb ont été secoués par les tiraillements internes à l’heure où les FL gagnaient du terrain et de l’ampleur », explique un autre observateur qui a requis l’anonymat, avant d’ajouter : « C’est une coexistence critique et il est très difficile de parvenir à normaliser les rapports entre les deux formations, du moins pour le moment. »


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commentaires (6)

Nos hommes politique sont comme les oignons ce sont tous des têtes il y a pas de queue ! Ils veulent tous être chef * pousse-toi de là que je m’y mette * ils oublient l'adage : l'oignon (l'union) fait la force.

Le Point du Jour.

20 h 36, le 18 septembre 2019

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Commentaires (6)

  • Nos hommes politique sont comme les oignons ce sont tous des têtes il y a pas de queue ! Ils veulent tous être chef * pousse-toi de là que je m’y mette * ils oublient l'adage : l'oignon (l'union) fait la force.

    Le Point du Jour.

    20 h 36, le 18 septembre 2019

  • Jai mon idée là là-dessus mais j'éviterai de commenter parce que j'ai compris quil ne m'est pas permis de commenter certains sujets. Et sur ce journal on publie un article sur la liberté d'expression, ce même jour. Et c'est aussi la raison pour laquelle il m'arrive parfois de profiter de certains articles pour m'exprimer autrement.

    FRIK-A-FRAK

    12 h 29, le 18 septembre 2019

  • EN QUOI CELUI-CI & CELUI - LA SERAIENT DIFFERENTS DES MARONITES QUI LES ONT PRECEDE A LA TETE DE CETTE FORMATION/PARTI OU L'AUTRE, PREDECESSEURS QUI S'ETAIENT ENTRE-TUES DEPUIS EHDEN 1978 .... AU GRAND BONHEUR DES "AUTRES", TOUS LES AUTRES , AU GRAND MALHEUR DU LIBAN.

    Gaby SIOUFI

    10 h 16, le 18 septembre 2019

  • KATAEBS/F.L. DEVRAIENT REDEVENIR UN SEUL ET FORT PARTI ET RECLAMER LA REPRESENTATION CHRETIENNE ACCAPAREE GENDRISSIMALEMENT AUJOURD,HUI.

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 26, le 18 septembre 2019

  • Pardon encore pour la double négation. Il fallait écrire : je pense qu’il n’y a aucun problème...

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    09 h 25, le 18 septembre 2019

  • Je vous cite : ""Coexistence critique Bien au-delà de leur discours officiel, principalement articulé autour des divergences liées à l’actualité, les deux partis partagent une histoire commune et une même base partisane, mais aussi et surtout les mêmes idéaux souverainistes et stratégiques. Pourtant, ils échouent à unir leurs efforts."" Je ne pense pas qu’’il n’y a aucun problème de leadership chez les maronites. Docteur Geagea a soigné ce souci il y a longtemps. On n’aborde pas les problèmes qui fâchent. Aujourd’hui 18 septembre, c’est la journée mondiale du Pardon ! Et les vertus du pardon, rien que pour tourner provisoirement la page ! Ma propre culture m’oblige à demander pardon à tous mes amis, à Moustafa de Dahiyé, comme à Tony de Mar Nqoula, pour tout ce qu'ils ont subi de commentaires, d'allusions... Voilà un exemple à suivre en cette journée mondiale du Pardon ! C.F.

    L'ARCHIPEL LIBANAIS

    09 h 17, le 18 septembre 2019

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