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Liban - Anniversaire

Nadim Gemayel : Bachir Gemayel continue de faire l’unanimité islamo-chrétienne

Le 23 août 1982 était élu le fondateur des FL à la tête de la République.

Emmenant une délégation de la Fondation Bachir Gemayel, Nadim Gemayel a entamé hier une tournée auprès des anciens députés ayant voté pour son père en 1982, dont Tarek Habchi. Photo ANI

Le 37e anniversaire de l’élection de Bachir Gemayel à la tête de la République, le 23 août 1982, (qui lui coûtera la vie 22 jours plus tard) s’est traduit par une série de commentaires, pour l’occasion, sur le modèle de la présidence qu’il aurait incarnée à l’heure où les slogans défendant « la force » des chrétiens sont légion. Fondateur des Forces libanaises (FL), il avait représenté, en accédant au pouvoir en pleine guerre, l’espoir d’une paix et inspiré un certain courage d’en repenser les assises – son fameux « nous continuerons de dire la vérité, aussi difficile que soit cette vérité », repris hier dans le tweet du chef des Kataëb, le député Samy Gemayel – pour éviter une réédition de la guerre. Meneur charismatique des milices chrétiennes, héros de sa communauté, il avait paru réussir sa reconversion en homme d’État, et à dépasser son appartenance sectaire dans une volonté de s’engager pour l’intérêt national.

« Bachir Gemayel avait fait l’unanimité islamo-chrétienne en 1982, et la fait encore plus aujourd’hui », déclare le député Nadim Gemayel, fils du président assassiné, à L’Orient-Le Jour. Un point de vue qu’il défend à l’heure où le Liban semble connaître une tendance au repli identitaire. « Bachir avait assez confiance en lui et l’ouverture nécessaire pour amorcer une dynamique d’ouverture et de réconciliation entre les communautés. Et c’est à ce modèle de présidence qu’aspirent les Libanais. À moins que le Liban ne soit syrien ou iranien », poursuit le jeune député, dans une allusion à peine voilée à la situation politique actuelle, marquée par un regain d’influence de Damas.

Face à la propension du mandat actuel à se prévaloir d’une présidence « forte », la tentation est grande chez ses opposants de procéder à une forme de comparaison avec d’anciens chefs d’État influents, comme Bachir Gemayel. À une époque où ce dernier aurait pu user et abuser de ses prérogatives constitutionnelles (d’avant les accords de Taëf de 1989, et que Michel Aoun promet de recouvrer), il avait révélé une tendance, dont témoignent ceux qui l’ont connu, à ne pas donner au critère communautaire plus d’importance qu’il n’en a dans l’organisation de la fonction publique, y compris de première catégorie.


(Lire aussi : Bachir Gemayel ou la quête d’un autre Liban, loin des allégeances multiples)


« Le rêve »…

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, a choisi en revanche d’évoquer le « rêve » de Bachir Gemayel devenu président, au même titre que son combat à la tête des Forces libanaises.

« Le début du rêve : le 23 août 1982, Bachir Gemayel devient président de la République libanaise », a écrit le chef des Forces libanaises sur son compte Twitter. Il a accompagné son message d’une photo de l’ancien président élu passant en revue les troupes, sur laquelle est écrit le slogan « Ils ne sont pas partis », faisant référence aux combattants des Forces libanaises tombés durant la guerre civile.

Ce sont des ministres ou députés FL et Kataëb qui se sont chargés d’adresser des critiques à peine voilées au mandat actuel. Dans un tweet affichant une photo de lui avec Bachir Gemayel, le député FL Georges Adwan a énuméré, en s’adressant à son compagnon de lutte : « Les souvenirs qui reviennent comme un rêve à l’occasion de l’anniversaire de ton élection : une République forte, un État puissant, juste, menant une lutte contre la corruption et contre les corrompus. » Et d’ajouter : « Nous ne permettrons pas que nos rêves et ceux de nos enfants soient détruits et continuerons la lutte jusqu’à ce que le rêve devienne réalité sur les 10 452 km2 du Liban » qu’il a défendus.

Le ministre des Affaires sociales, Richard Kouyoumjian (FL), a pour sa part estimé que « les hommes qui se comportent comme des chefs d’État et non comme des courtiers en nominations (administratives, NDLR) et en contrats douteux se font rares ». « Je vous promets, cheikh Bachir, qu’avec le docteur (Samir Geagea, NDLR), nous resterons le fer de lance contre la corruption et les armes des milices et en faveur de la souveraineté d’un État de droit. »



(Pour mémoire : Assassinat Bachir Gemayel : un an après le verdict, l’exécution de la sentence au point mort)



Le député Fadi Saad (FL) a, de son côté, rebondi sur les propos du chef des FL en tweetant que « le 23 août est un rêve qui ne se dissipera pas (…). C’est parce que les FL continuent de porter le projet de la République forte qu’elles sont dans le collimateur » du mandat.

De son côté, le député Élias Hankache (Kataëb) a publié une photo de l’ancien président, accompagnée du message suivant : « De ton temps, la force n’était pas un slogan mais se traduisait en actes. »

Nadim Gemayel semble, quant à lui, appeler à sortir Bachir Gemayel de tout cloisonnement chrétien pour mettre en avant la solidarité intercommunautaire dont il a bénéficié – y compris a posteriori chez les sunnites. Emmenant une délégation de la Fondation Bachir Gemayel, il a entamé hier une tournée auprès des anciens députés ayant voté pour son père en 1982. La tournée a inclus hier, selon un communiqué de la fondation, les anciens députés Boutros Harb, Michel Maalouly, Mikhaël Daher, Tarek Habchi et Anwar Sabbah, qui se sont remémoré « avec émotion ce jour national qui ouvrait une nouvelle page dans la vie démocratique et politique du Liban »…



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Le 37e anniversaire de l’élection de Bachir Gemayel à la tête de la République, le 23 août 1982, (qui lui coûtera la vie 22 jours plus tard) s’est traduit par une série de commentaires, pour l’occasion, sur le modèle de la présidence qu’il aurait incarnée à l’heure où les slogans défendant « la force » des chrétiens sont légion. Fondateur des Forces libanaises...

commentaires (2)

Je veux bien souscrire à cette assertion , mais je persiste à dire que Béchir a commis des fautes de jeunesse qui lui ont été fatales . Il est écrit dans cet article : " pour l’occasion, sur le modèle de la présidence qu’il aurait incarnée à l’heure où les slogans défendant « la force » des chrétiens sont légion". Et encore : " Meneur charismatique des milices chrétiennes, héros de sa communauté" … Ca fait penser à une situation analogue en ce moment , avec le fait que l'erreur de Béchir était son "alliance" avec un pays usurpateur , comme peuvent le penser actuellement ceux qui reprochent au hezb son alliance avec l'Iran. Evidemment le rêve pour tous les libanais seraient une inter-alliance libano-libanaise ….qui lo se ?

FRIK-A-FRAK

12 h 50, le 24 août 2019

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Commentaires (2)

  • Je veux bien souscrire à cette assertion , mais je persiste à dire que Béchir a commis des fautes de jeunesse qui lui ont été fatales . Il est écrit dans cet article : " pour l’occasion, sur le modèle de la présidence qu’il aurait incarnée à l’heure où les slogans défendant « la force » des chrétiens sont légion". Et encore : " Meneur charismatique des milices chrétiennes, héros de sa communauté" … Ca fait penser à une situation analogue en ce moment , avec le fait que l'erreur de Béchir était son "alliance" avec un pays usurpateur , comme peuvent le penser actuellement ceux qui reprochent au hezb son alliance avec l'Iran. Evidemment le rêve pour tous les libanais seraient une inter-alliance libano-libanaise ….qui lo se ?

    FRIK-A-FRAK

    12 h 50, le 24 août 2019

  • La désagrégation de l'Etat qui a atteint aujourd'hui son paroxysme doit faire se retourner dans sa tombe cheikh Béchir! Un rêve! Cela donc n'aura été qu'un rêve? Mais les rêves ne sont pas faits pour meubler le sommeil, Ils sont faits pour être réalisés.

    Yves Prevost

    07 h 02, le 24 août 2019

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