Rechercher
Rechercher

Nos Lecteurs ont la Parole - par Sylvain THOMAS

Comment perfectionner notre personnalité ?

Apprendre à se connaître soi-même est non seulement la chose la plus difficile qui soit, mais c’est aussi la plus gênante. Les humains ont toujours eu recours à quantité de systèmes plus astucieux les uns que les autres pour s’évader d’eux-mêmes. Nous sommes en mesure, à l’heure qu’il est, de nous découvrir tant d’occupations, peupler notre vie de tant de distractions, remplir notre cerveau de tant de connaissances et fréquenter tant de gens sans que nous n’ayons jamais le loisir de sonder notre admirable et inquiétant univers intérieur. Et, la plupart du temps, nous n’en éprouvons même pas l’envie.

Pourtant, se connaître de mieux en mieux prend un sens de plus en plus riche au fur et à mesure que nous en apprenons davantage sur la nature humaine dont l’équilibre est lié à une vision raisonnable et objective « du moi », à la prise de conscience du « moi » et à l’acceptation du « moi ».

Les hommes et les femmes qui sont devenus étrangers à eux-mêmes ne peuvent plus puiser des forces en eux-mêmes ; ils ont perdu la faculté de se renouveler. Il arrive parfois qu’une modification importante de leur mode de vie — un mariage, un changement de résidence, un emploi nouveau, un deuil — brise le rythme de leurs habitudes et montre tout à coup combien ils étaient prisonniers de la trame confortable qu’ils avaient tissée autour d’eux. Un grand nombre de gens, forcés de renoncer à leurs habitudes, se découvrirent des ressources et des capacités dont ils ignoraient l’existence.

Tâchons d’élargir notre horizon. Les êtres qui se rénovent sont doués d’une intelligence souple et d’une grande faculté d’adaptation. Ils évitent de se laisser scléroser par la routine ou se prendre à l’implacable piège des habitudes ou du conformisme.

L’éducation actuelle, chez l’ensemble, se montre totalement incapable d’initier les êtres à l’art de se rénover. Trop souvent, nous donnons à nos enfants des fleurs coupées, alors que nous devrions leur apprendre à les faire pousser. Nous leur bourrons la tête des découvertes d’hier au lieu de les encourager à en faire par eux-mêmes.

Développons nos activités. Au cours de leur vie, la plupart des humains ne prennent que partiellement conscience de l’étendue de leurs possibilités.

La mise en valeur de ce capital s’opère principalement sous forme de dialogue entre l’individu et son milieu. Le petit garçon capable de se servir adroitement de ses poings ne tarde pas à se rendre compte de sa force. La petite fille qui sait tenir les grandes personnes sous son charme prend très vite conscience de son pouvoir.

Mais la plupart de nos aptitudes ne sont pas aussi facilement mises en évidence et demeurent inemployées parce que les circonstances ne leur ont jamais fourni l’occasion de s’épanouir.

Ayons le goût du risque. Apprendre, c’est courir un risque. Dans son enfance, l’être humain accumule les connaissances à une vitesse véritablement phénoménale et il subit également un nombre écrasant d’échecs. Observons un enfant ; voyons les innombrables tentatives auxquelles il se livre et le peu d’importance qu’il attache à ses mésaventures. Mais avec chaque année qui passe, il les supportera moins allègrement. Parvenus à l’âge mûr, nous avons en mémoire une liste interminable de choses que nous avons renoncé à faire parce que la première tentative n’a pas été couronnée de succès, et nous avons une tendance croissante à éviter de nous lancer dans l’inconnu.

C’est cette peur de l’échec qui nous empêche d’entreprendre et d’explorer, et c’est elle qui provoque une atrophie graduelle de notre personnalité. Pour la combattre, rien de plus efficace que de continuer à courir des risques toute notre vie.

Obéissons à nos tendances profondes. Notre vie, quand nous vieillissons, s’écoule dans un étroit canal, entre deux berges hautes. Pour sortir de ce courant de moindre résistance, il faut de la volonté, de l’enthousiasme, de l’énergie. Est-il possible d’acquérir de l’énergie et de se découvrir des raisons d’agir ? Pourquoi pas ?

Tout le monde remarque la stupéfiante source d’énergie dont disposent les gens qui prennent plaisir à ce qu’ils font. Il est évident que la plupart d’entre nous ne peuvent pas consacrer tout leur temps à ce qui les passionne. Mais nous devrions tous, que ce soit dans notre métier, notre vie domestique ou nos activités secondaires, nous adonner à une tâche captivante, une tâche que nous pourrions accomplir avec ardeur. Et si nous voulons échapper à la prison du « moi », il importe que cette activité n’ait pas un caractère purement égocentrique.

Si nous voulons retrouver la source de notre vitalité, favorisons l’amour et l’amitié. Une des caractéristiques des individus capables de se rénover, c’est qu’ils ont de bons rapports avec leurs semblables. Les joies et les souffrances de ceux que nous aimons font partie de notre existence. Elles l’enrichissent. Mais l’amour et l’amitié ont des répercussions plus étendues ; ils ont le pouvoir de dissoudre la carapace du « moi », de lui ouvrir de nouvelles perspectives.


Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « courrier » n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de L’Orient-Le Jour.

Apprendre à se connaître soi-même est non seulement la chose la plus difficile qui soit, mais c’est aussi la plus gênante. Les humains ont toujours eu recours à quantité de systèmes plus astucieux les uns que les autres pour s’évader d’eux-mêmes. Nous sommes en mesure, à l’heure qu’il est, de nous découvrir tant d’occupations, peupler notre vie de tant de distractions,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut